Djaffer Ait Aoudia
Djaffer Ait Aoudia est un grand reporter et réalisateur français, né en 1974 en Kabylie (Algérie)
Biographie
Djaffer Ait Aoudia est né en Kabylie, le 02 décembre 1974. Il est le fils de Amokrane Ait Aoudia, un hôtelier de Charleville-Mézières, qui a passé une grande partie de sa vie en France, avant de s'installer en Kabylie, à la fin de la guerre d'Algérie, en 1962. Sa mère, Dehbia guiddir, est retraitée. Djaffer est le cadet d'une fraterie de cinq filles. Aujourd'hui, il est père d'un enfant, Hugo Ait Aoudia, qu'il a eu de sa première union, avec Julie Martin, également journaliste.
Les premiers pas dans le journalisme
Après ses études secondaires, Djaffer Ait Aoudia quitte la Kabylie, pour s'installer à Alger, en pleine période de terrorisme. 1994, il signe ses premiers articles au quotidien l'Indépendant et écrit, occasionnellement, des papiers pour les journaux francophones algériens, dont l'hebdomadaire la Nation. A cause de la guerre civile qui ravageait l'Algérie, il décide de quitter le pays et de se rendre à Paris, en 1997. Il y effectue plusieurs petits métiers, avant de rejoindre l'équipe de l'agence de Presse, Point du Jour International, puis, comme reporter, Message du Secours Catholique, le journal de Caritas France. 1999, il commence sa carrière de grand reporter en se rendant au Liban, pour couvrir le retrait des forces israéliennes du sud du pays. Son reportage, publié dans les colonnes de Dernières Nouvelles d'Alsace dénonçait les exactions du Hezbollah sur la population chrétienne de Marjayoune, sur la frontière avec Israël. On leur reproche d'avoir collaboré avec les forces israélienne pendant l'occupation. Dans la foulée, il s'intéresse au camp des réfugiés palestiniens de Ain El Haloui, près de la ville de la ville de Saida ( sud de Liban ) et dénonce son maillage par les islamistes armés. Durant la même année, il signe quelques articles dans le Quotidien d'Oran, en tant que correspondant en France, mais, très vite, il renonce à cette collaboration pour reprendre les routes du grand reportage. En 2001, peu avant les attentats du 11 septembre, il est envoyé en Afghanistan, pour réaliser un documentaire sur le régime des Taliban. Le deuxième grand reportage de ce téméraire est un documentaire de 52 minutes, qui raconte l'enfer de la population afghane, " sous la loi des Taliban"22. Il sera diffusé sur France 5, peu l'effondrement des tours jumelle en septembre 2001, et repris par de nombreuses chaînes dans le monde, à l'instar de Radio Canada. Il est entièrement tourné dans la clandestinité.
Le grand reportage
Fort de son expérience afghane, Djaffer Ait Aoudia commence alors les reportages à l'étranger pour la presse écrite et la télévision. Peu avant décembre 2001, il se rend en ex-Yougoslavie et raconte le deuxième acte de la guerre des Balkan: " la revanche" des "albanophones" sur la communauté serbe du metrovica, au Kosovo. Au passage, il décide de se rendre à Sarayevo et à Belgrade. Il regarde, il observe. Il rencontre les habitants qui lui racontent leur " déchirure". Dans un reportage qu'il signe dans Valeurs Actuelle, il relate le cas d'un père bosniaque, qui ne peut plus voir son fils établi en Croatie qui, lui-même, ne peut plus rendre visite à sa soeur mariée à un serbe de Belgrad, à cause de l'amoncellement du territoire, les restrictions sur l'octroi des visas et le racisme ambiant sur les postes frontières.
En 2002, il décide de partir en Colombie. A Medellin, il réussit à entrer dans les hauts lieux de criminalité et de violence, il y rencontre des jeunes enfants tueurs à gage, la guerrilla marxiste des FARC ou les milices paramilitaires d'extrême droite, AUC. Son documentaire, diffusé sur Cityzen TV, embarque le regard du téléspectateur au plus près "d'un conflit oublié".
En 2003, il se rend en Irak, pour couvrir les bombardements américains sur Bagdad. Reclu a l'hôtel Palestine, aux côtés de la plupart des journalistes étrangers partis pour l'occasion, il raconte le quotidien de Bagdad, depuis le premier jour des bombardements jusqu'à la chute du régime de Saddam Hussein. Plus tard, il retournera plusieurs fois dans la capitale abasside. Pour Marianne, Tribune de Genève ou 24 heures, deux quotidiens helvétiques, il réussit à rencontrer la guérilla irakienne, relate les actions de ses kamikazes ou l'existence tourmentée des GI's.
En 2004, il se rend en Ukraine, pour enquêter sur les dessous de la révolution orange. Après trois semaines dans le pays, il signe une enquête dans Marianne, qui dénonce les services russes et occidentaux " qui se livrent à une nouvelle guerre froide, à travers les manifestants de Kiev"[1]. La même année, il part en Haïti, pour couvrir la révolution des Gonaïve, qui a abouti à l'éviction du l'ancien président, Jean Bertrand Aristid. À la même occasion, il publie une enquête dans Marie Claire, qui dénonce le drame des enfants esclaves du pays. S'ensuit alors une série de reportages engagés, souvent écrits à la première personne, version journalisme Gonzo qu'il adoptera par la suite. Parmi eux, son cri de colère devant le scandale des fillettes népalaises, vendue dans les piteuses. maisons closes de Bombey, en Inde. Ou encore le trafic des saisonniers marocains dans le sud de la France[2]. Cette enquête, qui l'a conduit jusque dans les villages les plus reculés du Maroc, décrit les horreurs qu'ils vivent. Sa publication par Paris Match avait suscite de vives réactions au sein des autorités.
En 2008, il est recruté par l'agence Capa, pour réaliser un documentaire sur les réfugiés de Calais. Ce n'est pas la première qu'il s'intéresse au sort des migrants. En 2001, déjà, il avait passé plusieurs jours avec les transfuges de Sangatte et avait dénonce leur conditions de vie, dans le magazine Marianne et The Guardian[3]. Mais, cette fois, l'affaire tourne au scandale médiatique[4]. Djaffer Ait Aoudia s'oppose à la diffusion de son sujet, accusant publiquement l'agence d'Herve Chabalier de " bafouer son éthique journalistique"[5]. L'affaire a fait couler beaucoup d'encres dans la presse française, mais le reportage a été tout de même diffusé en 2008, sur France 2.
Dès lors, il reprend son indépendance et parcourt de nouveaux fronts dans le monde. Il part en Égypte, au Mali, en Roumanie, en Israël, en Palestine, en Turquie, en Guyane ou au Kurdistan où il s'attache à rendre compte du calvaire des femmes brûlées vives, ou encore des " exactions de l'armée turque sur les populations kurdes de l'Est anatolien" [6].
A partir de 2009, il décide de mettre le temps à l'épreuve et de retourner sur la trace des femmes et des hommes qu'il avait déjà rencontrés par le passé. C'est particulièrement le cas, en 2009, quand il retourne en Irak, pour réaliser un documentaire, pour Arte, sur les pompiers de la capitale[7]. Il mène une enquête de longue haleine pour retrouver les témoins qu'il avait rencontrés avant la guerre, en 2003. Son récit, publié dans Médiapart, s'intéresse au sort de l'un d'eux : un artiste qu'il avait rencontré dans un bar. Maintenant, il est fou, dort dehors, mange dehors " et risque de mourir dehors, fauché par une balle"[8].
Dans le cadre de ce " pèlerinage journalistique" , il retourne également en Afghanistan, 10 ans après son premier voyage. Son reportage, sélectionné au Figra, remonte le fil de la mémoire de celles et ceux qu'il avait retrouvés, parmi de simples citoyens ou des Taliban. A travers leur évolution, il dénonce le retour de l'obscurantisme et l'échec de la politique des forces de la coalition après une décennie de présence dans le pays[9].
A ce jour, Djaffer Ait Aoudia a publié plusieurs centaines de reportages, et de nombreux documentaires, effectués dans le monde entier.
Documentaires
- "Sous la loi des talibans, 52 minutes", réalisé en plein régime des Taliban, à Kaboul, en 2001, peu avant les attentats du 11 septembre 2001. Produit par ArticleZ de Patrice Barrat, il a été diffusé sur France 5, novembre 2001 et, ultérieurement, sélectionné au Festival International du Grand Reportage d'Actualité (. FIGRA)
- "Colombie, utopsie d'un conflit oublié". 52 minutes : diffusion CityzenTV et production Callysta.
- Kabylie, sur le chemin de Croix. 26 minutes, Arte. Production Sunset Presse.
- Sirène de Bagdad. 26 minutes, Arte, production : Bonobo production.
- "Immigration clandestine, les passeurs de calais ": 52 minutes, France 2. production, Capa.
- Kaboul, le retour. 26 minutes, production Système TV. Selection officielle au Figra.
- Israél, l'éternel conflit. Le vrai journal de Canal plus. KM production
- Mali, guerre secrète de l'OTAN. 26 minutes.
- Gardes privés en zone de guerre, soldats de fortune : les nouveaux salariés de la peur 52 °. M6 Production Tac presse.
- Vacances extrêmes: 32 minutes, Envoyé Spécial, France2. Production, galaxie presse.
Enquêtes distinguées
• Le drame des enfants esclaves ( Haiti ) : Marie claire • Enquête sur les dessous de la révolution des Gonaïves, Haiti ( Marianne ) • Enquête les sicarios, les enfants soldats de Colombie ( Valeurs actuelles ) • Enquête sur trafic des fillettes, en vue de prostitution ( l'Inde et le Népal ) : Marianne • Les dessous de la Révolution Orange ( Ukraine) : Marianne • Dans la peau d'un clandestin, ( Sangatte, nord de la France ): Marianne • Mercenaires ou chiens... de guerre ( République tchèque ): Magazine GQ • La sale guerre. ( Kosovo, Bosnie, Serbie ) : V. Actuelles • Trafic des saisonniers marocains ( Maroc ) : Paris Match. • Voyage au coeur des poseurs de bombes ( Irak ) :Tribune de Genève • Enquête sur les télécoranistes ( Egypte) : Marie Claire. • Les télécoranistes, ces amis qui vous veulent du bien, bakchich.info • A la guerre, à la mort, à la folie ( Irak ): Médiapart • Moi, femme kurde, brûlée vive. Question de femme
Notes et références
- ↑ Orange mécanique, spectacle du monde
- ↑ Le racket des saisonniers marocains, académie de la nouvelle calédonie
- ↑ We are already dead, this is a cimetery of the living
- ↑ Jusqu'où peuvent s'infiltrer les journalistes, télérama
- ↑ Un journaliste des infiltrés dévoila la face cachée de l'émission, closer
- ↑ Ces turcs qui disent non à l'Europe, Turquie Européenne
- ↑ Sirène de Bagdad, géographie de la ville en guerre, 2010
- ↑ Bagdad, à la guerre, à la mort, à la folie, Médiapart
- ↑ Kaboul, le retour... Le Figra 2012
1. Jusqu'où peuvent s'infiltrer les journalistes, télérama, octobre 2008.
2. Un journaliste des Infiltrés dévoile la face cachée de l'émission, Interview, closer, novembre 2008
3. Rectorat de la nouvelle caledonie, 12/2005. " le Racket des saisonniers marocains".
4. Académie de toulouse, " que dieu vous châtie", mai 2004. Référence journal Phosphore.
5. Sirène de Bagdad, géopgraphie ville en guerre, 2010.
6. The empire of the camp, par nicolas Mirzoeff, 13 septembre 2002.
7. We are already dead, this is a cemetery of the living. The Guardian. mai 2002
8. Académie de Tolouse, " Dialogue de sourd à bagdad", septembre 2004
9. Le guichet du savoir, 25 fevrier 2006
10. Inathèque, télévision hertzienne. Enrégistrement 212 sur 1667[source insuffisante]
11. Université de Bordeau, Décembre 2005[source insuffisante]
12. Doc science Po, Lyon, décembre 2005[source insuffisante]
13. Priceministe, Kabylie, par Djaffer Ait Aoudia, mars 2003[source insuffisante]
14. Les mensonges continuent, Marianne, le 06 juin 2009
15. Mauritanie, El Quaida contre la france, Marianne, le 15 août 2009
16. Vietnam, quand le foot pourrir le communisme, Marianne, le 24 juin 2006
17. Kaboul, sa police du vice et de la vertu, Marianne, le 24 septembre 2001
18. Orange mécanique, Spectacle du monde ( grand reportage sur les dessous de la révolution orange en Ukraine )
19. Retour à Kaboul FIGRA, édition 2012
20. Nouvelles polémique autour des Infiltrés, Jean Marc Morandini, 14, janvier 2009
21. Capa porte plainte contre Closer, Renaud Revel, l'Expresse, 5 décembre 2008
22. Penser la reconstruction de l'Afghanistan, 20 novembre 2001, Boillon Colette, le quotidien la Croix.
23. Propagande orange contre désinformation bleue, Marianne, decembre 2004.
24. Men of the global south, Adam Jones, edition A reader-adam Jones, 2006
25. Ces turcs qui disent non à l Europe, Turquie européenne, extrait Magazine Marianne, 12 mars 2005
26. Bagdad, à la guerre, à la mort, à la folie, Mediapart, la Une du 29 juin 2009 Article publié sur Wikimonde Plus
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