Famille Courmes
La famille Courmes est une famille française subsistante au XXIème siècle, issue de la bourgeoisie d’Ancien Régime et originaire de Grasse[1][2], en Basse-Provence orientale. Son berceau est le village voisin de Courmes. Son patronyme apparait au XIIme siècle et sa filiation agnatique remonte au XVIme siècle par son fondateur, le capitaine huguenot Luc Corme.
Etymologie
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Le nom Courmes olim de Corma, Corme, Cormesse au féminin, apparaît pour la première fois dans la Gallia Christiana nova[3][4], au temps du Consulat de Grasse, durant la seconde moitié du XIIme siècle; Lorsque, le 29 septembre 1176, P. de Corma est témoin de la signature d'une charte [acte de donation] entre Bertrand de Grasse et Bertrand 1er, évêque d'Antibes.
Corma est donc la forme primitive d'un nom d'homme très anciennement porté à Grasse, dont la forme moderne se fixe à la fin du XVIme siecle.
L'onomastique en est connu: Marie-Thérèse Morlet dans son dictionnaire étymologique des noms de famille le definit comme un nom de localité d'origine et plus précisement, dans cette catégorie, un nom de provenance. Celui « qui est originaire de Courmes.[5] »
Pour son anthroponymie, elle rejoint Albert Dauzat qui dans son dictionnaire étymologique des noms de lieux en France le qualifie d'ancien provençal, corma, cornouille. Un lieu « planté de cornouiller[6]. »
Histoire
L'existence d'une famille de ce nom a été identifiée par Gilette Gauthier-Ziegler, Archiviste-Paléographe.[7] Elle observe que "de la fin du XIVe siècle à la fin du XVe les Courmes faisaient partie des familles qui se transmettaient immuablement les fonctions de conseillers au Conseil de ville". Cela est confirmée plus récemment, en 2018, par l'historien français Thierry Pécout.[8]
Une lignée de robe
Si à première vue, cette position dans la ville et dans le « Consilium ordinarium » semble immuable, le professeur historien canadien Jean-Luc Bonnaud[9] permet de déceler une évolution de carrière, « sur plusieurs générations et dont l'essentiel de la solidarité se joue entre les membres de cette bourgeoisie. »
Quelques traces apparaissent au XIIIe siècle.[note 1] [note 2], cette famille occupait des postes judiciaires et presque tous les membres masculins étaient des juristes. L'origine de l'évolution est le monde des regardatores[note 3] et notarius[note 4] devenu clavaire ou baile-clavaire[note 5]. Leurs fonctions officielles leur permettant de bien connaître le marché des fermes départementales et le processus de location de celles-ci, ils ont su récolter des sommes impressionnantes et prendre des risques pour louer les droits de la gabelle[note 6]. Ces riches officiers ne constituent pas encore un groupe social homogène, mais cette réussite leur permet d'envoyer leurs enfants poursuivre des études universitaires. Une fois diplômé, devient Jurisperitus[note 7] [note 8], avec prédicat d'honneur nobilis.
Un début de filiation apparaît, aux XVe et XVIe siècles, avec les trois fils de Dame Catherine Cormesse et de son époux le noble Honorat Corme, docteur en droit, Jurisperitus[note 9] : Elzear Corme, notarius, Pierre Corme, notarius, résident citoyen grassois et noble Jacques Corme, notarius, jurisperitus.
Les Guerres de religion
La famille Courmes subsistante dont la filiation est prouvée depuis le XVIme siècle, est issue en lignée agnatique du capitaine huguemot Luc Corme et de son épouse Jane Henrique.
La vie de Luc est connue principalement par le fait qu'il a été testé deux fois[10]; Le 14 avril 1580[11][12], en période de peste, et le 21 novembre 1589[13] [14], au lendemain de la défaite des huguenots à Grasse. Le 14 novembre 1589, le baron de Vins, chef des Ligueurs de Provence, assiégea les remparts de Grasse. La ville résista pendant plus d'une semaine, attaquée par deux mille fantassins et mille cavaliers. Au terme de cette semaine sanglante, Grasse capitule[15]. Luc a survécu mais il abjure[16] [17].
Les négociants armateurs
La prééminence de la tannerie pendant des siècles de la vie grassoise est incontestable, toutes les familles notables y participent avec profit, elles animeront pendant des siècles le commerce et la traite des cuirs[18]. Le petit fils de Luc, Nicolas Courmes, née en 1616 et marié à Lucrèce Pons en 1643 est noté Marchand et Maître-cordonnier. Son petit fils Gaspard Courmes, Marchand, quitte la tannerie et crée en 1690 la première fabrique de savon de Grasse[19]. La savonnerie entretient des relations étroites par sa nature, avec l'huilerie et la parfumerie naissante. Les Courmes négociant et armateur possédaient des entrepôts à Grasse et Cannes[20] [21]. La maison Courmes, la plus considérable à Grasse est liée au grand commerce marseillais[22], les Courmes investissent dans une flotte commerciale, propriétaires de navires notamment la « Tartane Saint-Pierre », l'« Avenir » et la « Rose-Louise »[23].
La Révolution française et la politique
A la veille de la Révolution française, les Courmes font partie des 28 familles de la haute société grassoise, listées par Hervé de Fontmichel[24] décrite comme « extrêmement fermée, unie par le sang et l'intérêt », elle comprend une minorité aristocratique d'origine féodale et une majorité de familles, nobles ou notables, issues du monde des affaires.
Le petit fils de Gaspard, Pierre-Gaspard Courmes (1731+1802), est juge de paix et consul de Grasse, recteur des Pénitents blancs de Grasse (1769, 1770 et 1783)[25] et administrateur du département du Var (1792). Il est l'un des 550 plus imposés du Var[26] et fait partie de l'équipe libérale qui réussit à se maintenir jusqu'à la Terreur[27]. Son fils Claude-Marie Courmes , qui sera Maire de Grasse et Député, faisait partie d'un groupe de jeunes royalistes de Grasse, les « Enfants du Soleil » qui formèrent notamment un rassemblement contre-révolutionnaire sur Ventôse. 7, an V (25 février 1797). Membre du collège électoral d'arrondissement en 1804, conseiller général du Var de 1811 à 1833, siégeant dans la majorité favorable à la monarchie de Juillet[28]. Soupçonné en An II, il entre au conseil municipal après Thermidor, il est poursuivi après le coup d'Etat républicain de l'An V (1796-1797 4 septembre)[29]. Avec son frère, Antoine Joseph Matthieu Courmes (1777-1858), ils font l'acquisition de l'ancien hôtel de Clapier Cabris.
Les Guerres mondiales
Les Courmes donnent des officiers à la France :
Le Capitaine Arthur Louis Courmes, , fils d'Antoine Joseph, combattit pendant la Guerre Franco-Prussienne[30].
Le Chef d'escadrons Marcel Louis Courmes,
, fils d'Artur, élève à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr (1905-1907), il sort major (sur 60) de l'École de cavalerie, Saumur (1907-1909).[31] aviateur en 1915 pendant la Première Guerre mondiale.
Lieutenant Christian Courmes,
fils de Marcel Louis. Siège de Calais (1940), 5 tentatives d'évasions, prisonnier pour récidive à la Forteresse de Colditz en 1942[32] [33]. Échappé de l'Oflag X-C, non repris, il rejoint les Forces françaises de l'intérieur. La Médaille des évadés est considérée comme un titre de guerre.
Gilberte Courmes, sœur de Christian, épouse du Compagnons de la Libération Colonel Maurice Delage,
, [34] X 1925 il rejoignit Général Leclerc Force « L » et crée le 13e bataillon du génie de la 2e Division Blindée, dont il prend le commandement et participe à l'Opération Overlord et la Libération de Paris.[35][36][37]
L'Impressionnisme
Le 21 mars 1910 à Grez-sur-Loing, Chef d'escadrons Marcel Courmes épouse Louise Read Chadwick, fille du peintre américain Francis Brooks Chadwick et de son épouse la peintre suédoise Emma Löwstädt-Chadwick.
Armoiries
Le Père Louis Courmes, "Bénéficier en l'Église Catédralle de Grasse" reçut des armes d'office en 1696[38] :
« De sinople à la bande d'or »
Odonymie
- Boulevard Courmes, 06530 Saint-Cézaire-sur-Siagne
- Rue Courmes, 83000 Toulon
- Chemin des Courmes, 06140 Tourrettes-sur-Loup
Notes
- ↑ Gillelma de Corma, fut la première femme reconnue de ce nom, uxor [épouse] de Bertrandi de Corma. Ils sont cités en 1252, dans le Cartularium episcopatus Grasse n°161. Cartularium épiscopatus Grasse. Enquêtes sur les droits et revenus de Charles 1er d'Anjou en Provence (1252 et 1278) Edité par Édouard Baratier, Paris Bibliothèque nationale 1969. Recueil de documents inédits sur l'histoire de France édité par le ministère de l'Éducation nationale (Commission d'histoire et de science Oeuvres) Série IN-4°
- ↑ On trouve, également en 1252, dans cette même enquête sur les droits et revenus de Charles Ier d'Anjou en Provence : Hugo de Corma : 224. 307 Cartularium episcopatus Forojuliensis. et F de Corma et R de Corma 103. Cartularium Turris Antiquae original
- ↑ Raymundus de Corma, regardatores. Le 20 novembre 1260, il signe le premier règlement édicté par le viguier de Grasse pour les tanneurs de la ville : Original perdu ; Copie au cartulaire de Grasse. Archives départementales des Bouches-du-Rhône. B 1411,f°39 v°s
- ↑ Petrus de Corma, notarius, Nomina dictorum proborum virorum sunt hec. Le 24 février 1311, il fut l'un des signataires du tarif établi par les prud'hommes pour les opérations des arbitres de la ville de Grasse : Original perdu ; Copie au cartulaire de Grasse ; Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, B 1411, f° 28-28 v° - Autre exemplaire au Livre Rouge Archives Municipales de Grasse, AA 1, f°72 v°-73
- ↑ Honoratum Paulum Corme, baile-clavaire de Villeneuve le 29 décembre 1361 et clavaire de Grasse le 12 février 1368. Jean-Luc Bonnaud, Un état en Provence. Les officiers locaux du comte de Provence au XIV e siècle (1309-1382) Collection Histoire, Presses Universitaires de Rennes, 2007, p. 100
- ↑ Jacques Corme , devient fermier général de la gabelle de Fréjus le 1er septembre 1366. Jean-Luc Bonnaud, Un état en Provence. Les officiers locaux du comte de Provence au XIV e siècle (1309-1382) Collection Histoire, Presses Universitaires de Rennes, 2007, p. 99
- ↑ Grassus Corme, nobilibus et circunspectis viris homme de noble qualité, avocat, Jurisperitus. Il fut juge de Brignoles 1er septembre 1375, d'Hyères 5 septembre 1376, et de Trascon 17 juillet 1380. Gilette Gauthier-Ziegler, Histoire de Grasse au Moyen Âge de 1155 à 1482, Picard, 1935, p.303
- ↑ Domino Grasso Corme, le 30 octobre 1391 est jurisperito de Grassa lors de l'échange de prisonniers entre le sénéchal de Provence, Georges de Marle, et Vita de Blois. Document déposé à l'Etude Bérard n°34, 30 octobre 1391. Paul-Louis Malaussena, La vie en provence orientale aux XIVe et XVe siècles. Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence R. Pichon et R. Durand-Auzias. 1969, p. 65
- ↑ Noble Honorat Corme , Docteur en droit, Jurisperitus Époux de Lady Catherine Cormesse. Juge du palais de Marseille les 8 juillet et 24 novembre 1379, juge de Digne le 2 septembre 1380. En mai 1400, il participe à la reconquête du monastère de Lérins, tombé aux mains des corsaires génois. Henri Moris, Inventaire sommaire des archives hospitalières antérieures à 1792, Archives ecclésiastiques. Nice 1893. p.106, p.200, p.202
References
- ↑ Gilette Gauthier-Ziegler, « Histoire de Grasse au Moyen Âge de 1155 à 1482 », Picard, 1935, p.137
- ↑ Hervé Court de Fontmichel, Le Pays de Grasse, Grasset, 1963, p.30
- ↑ A. Arch. départ. des Alpes-Maritimes, G 1035; non scellé. IND. : Gallia Christiana nova, t. III, col. 1153
- ↑ Georges Doublet, Recueil des actes des Évèques d’Antibes Monaco, Paris, Picard, 1915, p.122
- ↑ Marie-Thérèse Morlet, « Dictionnaire des noms de famille, Librairie Académique Perrin, coll. « Présence de l'histoire », 2005, p.249
- ↑ Albert Dauzat, « Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Librairie Guénégaud, 1963, p.220
- ↑ Gilette Gauthier-Ziegler, "Histoire de Grasse au Moyen Âge de 1155 à 1482", Picard, 1935, p.137
- ↑ Thierry Pécout dans son livre « La ferme des droits royaux en Provence angevine (XIIe-XIVe siècle) : Un mode de gouvernement, École Française de Rome, 2018, p.155.
- ↑ Jean-Luc Bonnaud, « Un État en Provence. Les officiers locaux du Comte de Provence au XIVe siècle (1309-1382) » Presse Universitaires de Rennes, Collection « Histoire » 2007.
- ↑ Le capitaine huguenot Luc Corme a quatre frères : Maître Bernard Corme, docteur en droit ; Jacques ; Pierre et Giraud, ce dernier propriétaire d'un vignoble
- ↑ 14 avril 1580. Premier testament du Capitaine Luc Corme et de son épouse Jane Henrique : Arch. pas. de Grasse, 3E-1-273 f° 588.
- ↑ « Actes en Vrac », sur www.francegenweb.org (consulté le )
- ↑ 21 novembre 1589. Deuxième testament du Capitaine Luc Corme : Arch. pas. de Grasse, 3E-76-11
- ↑ « Actes en Vrac », sur www.francegenweb.org
- ↑ Jean Marie Desbois, « La mort de Monsieur de Vins devant Grasse (Aix-en-Provence , 20 novembre 1589) », sur GénéProvence, (consulté le )
- ↑ Luc abjure par Enterrement élégant de son corps après que l'âme sera séparée dans L'église du couvent des frères prêcheurs
- ↑ « Couvent et église des Frères Prêcheurs | HADÈS Archéologie » (consulté le )
- ↑ Hervé de Fontmichel, "Le Pays de Grasse" Editeur Grasset 1963. page 53
- ↑ https://www.pressreader.com/france/var-matin-la-seyne-sanary/20170528/281968902638245
- ↑ Jean Marie Cresp, Grasse Capitale de la Provence Orientale p.29
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- ↑ Jean-Marie Cresp, « Grasse capitale de la Provence orientale », TAC Motifs. Spéracèdes 1992, p. 59.
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- ↑ Maurice Agulhon, Pénitents et Francs-Maçons de l'ancienne Provence, Arthème Fayard, 1968 p. 158
- ↑ d'Agay 1987, p. 211.
- ↑ Hervé de Fontmichel, Le Pays de Grasse, Grasset, 1963, p. 37
- ↑ Michel Vovelle et Hervé de Fontmichel , "Deux notables provençaux sous la Révolution française", p.199
- ↑ Frédéric d'Agay "Les Grands Notables du Premier Empire", Var, CNRS, 1987, page 211
- ↑ Statut de service du Capitaine Arthur Courmes : SHD - GR 5YE 86783
- ↑ Statut de service du Chef d'escadron Marcel Courmes : SHD - GR 8YE 3139.
- ↑ Statut de service du Lieutenant Christian Courmes : SHD - GR 2000-2-202-02818, Disponible au Fort de Vincennes
- ↑ Léonce Petitcolin, Les fortes têtes, 1940-1944, La forteresse de Colditz. édition France-Empire 1985. page 20 et suite.
- ↑ Etat civil, extrait du registre des naissances certificats de l'année 1906. Maurice Delage s'est marié en secondes noces à Douala, Cameroun, le 7 août 1946, avec Gilberte Louise Courmes
- ↑ « Biographie - Ordre National de la Libération »
- ↑ Jean-Christophe Notin, 1061 compagnons : Histoire des Compagnons de la Libération, édition Perrin, 2000 (ISBN 2- 262-01606-2)
- ↑ Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, édition Elytis, 2010 (ISBN 2-356-39033-2)
- ↑ Charles d'Hozier, Armorial général de France. Provence, Grasse, vol. 29,(lire en ligne).
Bibliography
- Georges Doublet, Collection of acts of the Bishops of Antibes Monaco, Paris, Picard, 1915
- Gilette Gauthier-Ziegler, History of Grasse in the Middle Ages of 1155 to 1482, Picard, 1935.
- Hervé Court de Fontmichel, Le Pays de Grasse, Grasset, 1963.
- Jean-Luc Bonnaud, A state in Provence. The local officers of the Count of Provence in the 14th century (1309-1382), Presse Universitaires de Rennes, Collection: Histoire 2007.
- Thierry Pécout, The farm of royal rights in Angevin Provence (12th-14th century): A method of government, École Française de Rome, 2018.