Guy Demange
Guy Demange, né en 1942 à Toul (54), est un poète français.
Biographie:
Il a écrit de nombreux recueils tous déposés à la BNF , tels Le Chant des berges, Guy de Larigaudie (Le scout légendaire), Fenêtre sur Rilke (Le poète aux croisées de l'Europe) et Bruley, mon village en Lorraine. (voir site de BRULEY 54)
L'auteur* est également sur le film ''À trois c'est mieux,'' tourné en 2006, aux côtés de Mimie Mathy, Isabelle de Botton, Laurent Gamelon et dont l'action se déroule dans l'Ain. *(dans le rôle du prêtre)
Bibliographie:
Sont parus :
- aux Editions du Lys Bleu :
- Cent sonnets pour Jammes (2022)
- aux Editions Spinelle :
- Le doux pays (sonnets) (2022)
- Cent sonnets de guerre (2023) : Ce recueil, à l'occasion du centenaire de l'armistice 1918, revient sur la chevauchée héroïque de nos soldats; il est dédié au fantassin François POLATA, tombé au champ d'honneur, le 29 mai 1918.
- Cent sonnets choisis (2024) : Ce recueil de poèmes vous convie à un voyage au coeur de l'âme humaine, tissant des éloges aux êtres chers, tout en célébrant la splendeur naturelle, au gré des saisons...
L'auteur a dédié de nombreux vers au poète Francis Jammes, son auteur de prédilection.
Sur les pas de Jammes:
La demeure: On ne choisit pas son lieu de naissance - Tournay* - Pourrières* ou Gand *- ni ses origines. Quelquefois, de façon fortuite à la suite d'un legs, on aménage avec toute la famille en un lieu précis. Pour Jammes, après quelques déambulations inévitables, elle se fixera à Hasparren en une sorte d'ultime ancrage. La maison est à l'image du poète, forcément idéale:
...Une nappe claire, des rires et signé
Du pain, des fenêtres accueilllantes, ouvertes
Des portes larges d'épaule et comme offertes
Aux mains des chers passants aux gestes résignés...
Tout est là resserré: L'horloge aux battements si tranquilles et mesurant l'or du temps, rythmant les tâches quotidiennes, le buffet pas tout à fait refermé et semble lui aussi guetter quelque rumeur, le fruit rafraîchissant en sa coupe fragile...Tout paraît vouloir rêver de l'intérieur... Le chant de la salle à manger prend ici tout son poids. L'on va s'asseoir sous la lampe, se pencher sur des images, sans doute rêvasser. Rien n'est plus doux que d'être en présence du soir, le meilleur et le plus tendre des confidents. Dans peu de temps, demain, Monsieur Jammes va revêtir sa tenue habituelle de sortie. Avec Flore accrochée à ses basques il ira par les chemins bleus et goûtera au Ciel, dégagé de toutes les contingences. Libre il sera, radicalement, d'écrire en sa pensée le poème préexistant, libre il sera de recueillir l'eau vive - tout comme à la fontaine on se plaît à mettre des mains en gobelets - libre il sera de gourmander son animal, de revenir à lui. Sa maison, et comme il va rentrer, sera d'honnêtes dimensions. Rien à voir avec 0rlamonde*, cette demeure plutôt gigantes-que, laquelle peine à resserrer la Grande Oeuvre et le rêve insatiable du Nobel, auteur des ''Serres Chaudes''.* 1[1]
Pour Jammes moins d'espace, plus d'intimité ! Voici l'homme amoureux des cercles étroits, des villages trapus, ramassés on dirait sur leurs pauvres misères. Voici l'homme amoureux des équilibres, ceux-là mêmes qui rythment les saisons et égrènent les angélus. je ne peux l'imaginer ignorant des bréviaires lesquels balbutient religieusement en leur trame notre avenir et notre Salut...Voici jammes habité du signifiant et du plus léger, suivant avec innocence les pas de l'âne, les transcendant, l'âme tournée vers Dieu. Voici Jammes sensuel et sensible, unique et pleinement à l'image des hommes. Seul penché sur l'écritoire, avec sa façon de faire - incomparable - et si sem-blable du parfait artisan et comme il convient à chaque créateur. A ce moment précis, le voilà aussi solidaire, à panser les plaies, à réduire les fractures, à prendre en compte les plaintes et les suppliques... Et comme alors il décide, esseulé, de son glorieux destin! Ah! Est-il roi en sa demeure, à faire basculer la chaise dièdre, à interroger les astres, à entrevoir et préparer de fabuleux lendemains! Et suite à cette quête intérieure, peut-être descendra-t-il en son jardin, que dis-je, en son enclos - car là en cet endroit petit qui lui sied à mer-veille - le labeur de la terre l'attend .
L'enclos en dit long qui préfère [2]
A la rose, la primevère...
C'est comme un pendant indissociable de l'écriture: Dans un même mouvement de lignes va s'élaborer le sillon, se creuser comme la pensée le coeur du terreau; à la caresse de la rime, va se substituer l'émiettement plus abrupt de l'humus. A la joyeuse versification va faire place la délicate bouture. C'est ainsi que le poète trouve sa place en multiples univers, qu'il s'avance une fleur à la main, avec en l'autre, l'outil consacré...
Le poète: ...Et voilà le poète amoureux de l'Ecart et puis du hameau, s'y tenant à cheval, à courir d'un paysage à un autre, à introspecter l'horizon, à guetter la forme d'un nuage, et au plus près de lui le souffle d'une fleur. Et voilà le poète multiple, bercé par son village, le dorlotant, le révélant en de nombreuses odes. Le voilà parlant de lui à la troisième personne, l'évoquant avec un amour infini. Ce n'est pas tout, l'auteur doit prendre le chemin de la ville, aller rêver au plus près de ses jeunes et fraîches et frémissantes jeunes filles, respirer leur air, goûter à de tièdes haleines, se rapprocher des nécessaires cénacles... Et toutes ces choses délicates, ces démarches au demeurant peu importantes vont nourrir son imagination, enfiévrer ses mots, entretenir le feu de son écriture. Pourra-t-il alors se montrer,s'approcher de ceux qu'il appelle ses frères ? Trouvera-t-il à baigner son front d'une digne clarté, à partager le pain à la table commune ? Sera-t-il le levain attendu, l'onguent espéré ? Sera-t-il pleinement de ce monde jusqu'à son dernier souffle?...
Le génie de Jammes:
Le génie, c'est l'âme éprouvée par l'Invisible et doit sans cesse le réinventer, c'est refouler le corps et les sens et revenir à eux en homme vierge, c'est exalter les humbles savoirs, exprimer en un nouveau langage les inspirations les plus diverses et en explorer tous les domaines, c'est ouvrir un livre inconnu et en illustrer chaque page; le génie c'est oublier où les pas nous mènent, c'est s'écarter des cercles familiers, des lèvres comptant les baisers et les rappeler tous avec ferveur à notre mémoire; c'est par un jour de grand calme affûter le bruit et bander les échos, éveiller de subtiles rumeurs; le génie c'est être au chevet du rêve - lui donner un corps - c'est être l'onguent du pauvre et du déprimé, l'espoir du convalescent, la bande blanche sur la souffrance. Et tout le génie de Jammes est dans l'humble soumission, la jolie gaucherie de l'écriture, la fausse naïveté, la respiration du rêve à petite dose voire à pleins poumons....Merci à Jammes! ( Extrait de sonnets pour Jammes)[3] avec une caricature de l'auteur.
La critique avancée...avait aimé la nouveauté de son style aux '' négligences ingénieuses '' (P. 64, Histoire de la littérature française du xxe siècle, tome 1 de P.H. Simon)[4]
