Université de Bretagne (1460-1793)
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L'université de Bretagne est une ancienne université française implantée en Nantes où elle fut fondée en 1460 par François II, duc de Bretagne, avant que son siège ne soit déménagé à Rennes en 1735 (les diverses facultés qui la composait étant cependant réparties entre ces deux villes après ce déménagement). Elle fut dissoute au moment de la Révolution française en 1793. L'Université de Rennes fondée en 1896 et université de Nantes créé en 1961 s'en disent les héritières[1].
Historique
La création
L'université de Bretagne est fondée par Bertrand Milon le 4 avril 1460, à l'initiative du duc François II de Bretagne, et ce par une bulle pontificale du pape Pie II, donnée à Sienne[2],[3], que l'évêque de Nantes Guillaume de Malestroit promulgua le 21 juillet suivant en qualité de protecteur de la nouvelle institution avec le titre de « chancelier » et la dota 5 000 saluts d'or[4],[5].
Le duc expédia une charte solennelle le , et les statut de l'université furent publiés le 11 octobre de la même année, après avoir été longuement discuté dans la bibliothèque du chapitre de cathédrale de Nantes[4].
Celle-ci incarne le vœu de François II d'affirmer son indépendance vis-à-vis du roi de France[6], alors qu'aux abords du duché à Angers en 1432, Poitiers en 1432 et Bordeaux en 1441 s'ouvrent des universités[7].
Déjà au début du XVe siècle, le besoin pour le Duché de Bretagne de se doter d'une université se fit sentir, puisque le Duc Jean V réclame et obtint du pape Jean XXIII la délivrance d'une première bulle de création en 1414, laquelle fut renouveler par les papes Martin V en 1424 et Nicolas V le [5],[8].
En 1495, l'université quelque peu libérée de la tutelle épiscopale, obtint son propre sceau[5].
L'organisation
Créée sous la forme d'un studium generale, cette université peut enseigner toutes les disciplines traditionnelles (Arts, Théologie, Droit et Médecine) réparties dans cinq facultés différentes[9]. Cependant les deux facultés de Droit, l'une enseignant le droit canon et l'autre le droit civil, était jumelées et fonctionnait comme n'en formaient qu'une seule, à tel point que les cours étaient combinés. Ainsi, les étudiants en sortait gradués in utroque jure[10].
Chacune des facultés était dirigée par un « doyen » qui n'était pas élu puisqu'il s'agissait du plus ancien des « régents » (professeurs), contrairement au « procureur » qui avait pour charge de veiller aux intérêts collectifs de la faculté[10].
Au sommet de la hiérarchie, l'université était placée sur la direction d'un « recteur » qui, lors des processions suivait immédiatement l'évêque de Nantes, et avait le pas sur les autres évêques bretons. Il n'était pas nommé, mais élu pour quatre mois au moyen d'un suffrage à deux degrés : chaque faculté ayant élu l'un de ces « gradués », ceux-ci s'enfermait dans une sorte de conclave dont la durée ne devait pas dépassée une demi-heure (temps mesuré par le brûlement d'une chandelle). Pour être éligible, le recteur devait être « gradué » mais pas « docteur ». Il ne devait être ni religieux ni homme marié. On veillait ainsi durant une année que chaque recteur soit issu de chacune diverses facultés qui composaient l'université[11].
Étaient également élus, pour une année reconductible : le « procureur général », le « receveur général », le « scribe », le « grand bedeau », les clercs, les libraires, les relieurs, ainsi que le parcheminier[12].
Chaque vendredi, les procureurs des facultés se réunissait en collège sous la présidence du recteur afin de gérer les affaires courantes. Ce collège devenait « solennel » lorsque deux notables députés par chaque facultés y était adjoints[12].
Une congrégation générale regroupait dans des circonstances importantes, l'ensemble des gradués de chaque facultés. Celles-ci votait séparément et les décisions étaient prises à la majorité des facultés. L'université n'ayant pas de siège attitrée, cette assemblée se réunissait au couvent des Cordeliers[12].
C'est justement dans les divers couvents de la ville qu'étaient dispensés les cours de théologie et de droit canon. Tandis que les autres matières étaient enseignées en plein air, dans les cloîtres ou les maisons privées[5].
L'année scolaire débutait chaque année par la fête en l'honneur du premier évêque de Nantes Saint Clair, célébrée le 10 octobre. Une messe du Saint-Esprit était célébrée le lendemain en la chapelle du couvent des Cordeliers. Cette année se terminait le jour de l'Assomption, le 15 août suivant. Néanmoins, les cours connaissaient trois interuptions durant cette période : de la veille de Noël au lendemain de l'Épiphanie, du samedi précédant le mercredi des Cendres au lendemain des Cendres, et du vendredi précédant les dimanche des Rameaux au lendemain de Quasimodo[12].
La population étudiante entre la fin du XVe siècle et durant les deux siècles suivants croit pour atteindre le millier voire 1 500 étudiants[6], selon les estimations les plus hautes. Ces derniers venant de Bretagne, du Maine ou de la Saintonge se répartissaient en « Nations » selon leurs origines, lesquelles se donnait un chef baptisé « Prieur » ou « Comte »[13].
L'université au XVIe siècle
Une première tentative de déplacement de l'université de Nantes à Rennes a lieu à la fin du XVIe siècle. Le roi Henri IV de France cherche à punir Nantes, ville ligueuse, pour son soutien au duc de Mercœur. L'université reçoit par lettre patente du 8 août 1589 l'ordre de transfert à Rennes, ville restée fidèle à la monarchie. L'institution n'est cependant pas déplacée, faute de financement[14]. Une nouvelle lettre patente du 5 septembre 1591 réitère cet ordre de transfert, mais là encore sans application. Une dernière lettre patente d'avril 1598 fixe la situation en confirmant l'établissement à Nantes de l'université[15].
Le déclin (transfert de Nantes à Rennes)
Au début du XVIIIe siècle, l'université rentre dans une phase de déclin[6]. Nantes est tout entière tournée vers le commerce et ses élites s'intéressent peu à cette institution. En 1728, le maire de la ville, Gérard Mellier, écrit que l'université bretonne serait mieux placée « à Rennes, pays de lettres, qu'à Nantes où l'on ne respire que le commerce »[6]. De plus, la ville serait ainsi dédommagée des pertes causé par l'incendie de 1720 qui, grâce à la réédification des édifices détruits offrirait des locaux plus fonctionnels à l'université bretonne[16]. Par conséquent, la faculté de Droit est effectivement transférée à Rennes en 1735 où siège le Parlement de Bretagne. L'ouverture officielle est faite le 11 juin 1736[17]. À partir de ce moment, l'université cesse alors d'être exclusivement nantaise, Rennes devenant le centre névralgique d'une institution qui devient bipolaire. Les facultés de lettres, de théologie et de médecine sont conservées à Nantes, néanmoins celle de médecine était déclinante, tandis que celle de théologie minée par l'influence du jansénisme[6]. cette situation fit de la « Cité des Ducs » une ville universitaire de second plan par rapport à sa rivale rennaise.
Les enseignements de droit se tiennent dans un premier temps dans l'hôtel de ville de Rennes avant d'être transférés en 1753 dans le couvent des cordeliers, puis à partir de 1762 et jusqu'à la dissolution des facultés en 1793 dans la chapelle des jésuites après l'expulsion de ceux-ci[18].
Il est par la suite plusieurs fois question de transférer le reste des facultés de Nantes à Rennes, notamment en 1778. Cependant, les trois facultés nantaises s'opposent avec vigueur à ce projet, en mettant en avant le mauvais traitement de la faculté de droit après son transfert dans l'actuelle capitale bretonne[19].
La suppression
En 1793, la Convention nationale ordonne la suppression de toutes les universités et facultés. Lors de la création de l'université impériale par Napoléon en 1806, Nantes est oubliée. Certaines écoles la remplacent cependant et la médecine, notamment, continuera d'être enseignée à Nantes et plus tard le droit et les lettres[20].
Notes et références
- ↑ Histoire de l'Université de Nantes
- ↑ Une université historique
- ↑ Gérard Emptoz 2002, p. 20
- ↑ Revenir plus haut en : 4,0 et 4,1 Pocquet du Haut-Jussé 1948, p. 161
- ↑ Revenir plus haut en : 5,0 5,1 5,2 et 5,3 Paul Bois 1977, p. 113
- ↑ Revenir plus haut en : 6,0 6,1 6,2 6,3 et 6,4 La Lente Mise en Place des Universités Bretonnes
- ↑ Gérard Emptoz 2002, p. 25
- ↑ Pocquet du Haut-Jussé 1948, p. 158 à 160
- ↑ Rouzeau, Les Recteurs de l'ancienne Université de Nantes, essai de reconstitution d'une liste d'après les travaux du Docteur A. Rouxeau
- ↑ Revenir plus haut en : 10,0 et 10,1 Pocquet du Haut-Jussé 1948, p. 164
- ↑ Pocquet du Haut-Jussé 1948, p. 162
- ↑ Revenir plus haut en : 12,0 12,1 12,2 et 12,3 Pocquet du Haut-Jussé 1948, p. 163
- ↑ Pocquet du Haut-Jussé 1948, p. 169
- ↑ Gérard Emptoz 2002, p. 76
- ↑ Gérard Emptoz 2002, p. 90
- ↑ Pocquet du Haut-Jussé 1948, p. 173
- ↑ Albert Chatel 1888, p. 9
- ↑ Université de Rennes 1961, p. 3, supplément
- ↑ Gérard Emptoz 2002, p. 94
- ↑ Nantes sans université : un puzzle d'initiatives (1789-1914)
Voir aussi
Sources et bibliographie
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Université de Nantes » (voir la liste des auteurs)
- Gérard Emptoz, Histoire de l'Université de Nantes , 1460-1993, Presses universitaires de Rennes, , 352 p. (ISBN 2868477259)
- Pocquet du Haut-Jussé, Histoire ancienne de notre université, Annales de Bretagne, 55, .
- Albert Chatel, De l'enseignement du droit de la Faculté de droit de Rennes avant 1789 : Étude historique et critique, Rennes, impr. de Oberthür, , 30 p. [lire en ligne]
- Frédérique Pitou, L'enseignement à Nantes au XVIIIe siècle, maîtrise d'Histoire, univ. Nantes, dir. Y. Durand, 1975.
- Anne-Claire Dère, Gérard Emptoz, [quatre contributions] in Programme Villes et institutions scientifiques. Rapport final, Programme Interdisciplinaire de Recherche Sur les Villes (PIR-VILLES-CNRS), 1996, p. 47-57, 138-144, 172-178, 256-264
- Paul Bois, Histoire de Nantes, Privat (Toulouse), , 477 p. (ISBN 2708947176).
- Université de Rennes, Célébration du Ve centenaire de la fondation de l'Université : 1461-1961, Rennes, Imprimerie Simon, , 146 p.
Articles connexes
Lien externe
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