Confusionnisme

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Le confusionnisme est la tendance ou le fait d'entretenir une confusion dans les esprits, ainsi que le résultat de cette attitude[1],[2]. En politique, c'est un discours ou une stratégie entretenant la confusion entre des idées d’extrême droite et d’extrême gauche[3]. Selon le politologue Jean-Yves Camus, ce concept est une invention moderne[4]. Le discours confusionniste produit un brouillage, un flou, une ambiguïté autour des valeurs et des objectifs de ces deux tendances politiques[5]. La question peut se poser de savoir si ce brouillage est intentionnel ou pas[4].

Origines

Le confusionnisme est la conséquence immédiate du sinistrisme, concept théorisé par Albert Thibaudet, élève d'Henri Bergson, à savoir le remplacement progressif de tendances politiques de gauche, par de nouvelles, plus radicales à l'extrême gauche[6], et l'appropriation culturelle et le clickbait par des transfuges[7] subvertissant et reprenant les codes des médias de gauche[8] par la droite[9]. Le phénomène commence pour certains pendant la crise boulangiste[10] et la présentation de Maurice Barrès comme "socialiste" et "nationaliste" aux l'Élections législatives françaises de 1898.

Dans son essai La grande confusion, l'essayiste d'extrême gauche, Philippe Corcuff définit le confusionnisme comme « le nom actuel d’une désagrégation relative des repères politiques antérieurement stabilisés autour du clivage gauche-droite et du développement de passerelles discursives entre extrême droite, droite, gauche modérée et gauche radicale[11] ». Selon Le Monde, l'ouvrage est « un méticuleux travail d’analyse dans lequel il dissèque les manquements, les incohérences et les errements de la gauche, dont la droite et plus encore l’extrême droite font leur miel[11] ».

Selon Philippe Corcuff, le confusionnisme est aussi une pratique de militants et penseurs d’extrême droite pour séduire et avancer leurs idées de façon dissimulée au-delà de leur cercle de sympathisants habituels[12],[13]. Par facilité de langage, ces penseurs et militants sont appelés des « confus », apocope de « confusionniste ».

Corcuff cite ainsi Éléments, la revue d'Alain de Benoist[5], le mouvement Nuit debout et l'économiste Frédéric Lordon[14], Jacques Julliard, Daniel Lindenberg, Jean-Pierre Chevènement, Paul-Marie Coûteaux, Éric Zemmour ou Mathieu Bock-Côté, en prônant une politique « national-souverainiste » participe à ce confusionnisme, qui, selon lui, est influencé par Antonio Gramsci, Ernesto Laclau et Chantal Mouffe[15]. On peut citer aussi l'avocat Juan Branco et des militants Aude Lancelin, Éric Hazan, Étienne Chouard, du mouvement des Gilets jaunes.

Notes et références

  1. ↑ Définitions lexicographiques et étymologiques de « Confusionnisme » du Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. ↑ Entrée « Confusionnisme » dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  3. ↑ « Confusionnisme »
  4. ↑ Revenir plus haut en : 4,0 et 4,1 Sophie Mazet, Autodéfense intellectuelle (le retour), Groupe Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-25079-2) [lire en ligne (page consultée le 2021-08-21)] 
  5. ↑ Revenir plus haut en : 5,0 et 5,1 Simon Blin, « Le «confusionnisme» est-il le nouveau rouge-brun ? », sur Libération (consulté le )
  6. ↑ https://blogs.mediapart.fr/ehouardvial/blog/210721/la-gauche-republicaine-est-elle-passee-droite
  7. ↑ Le confusionnisme, un danger pour les luttes, Dijoncter
  8. ↑ Qui sont les nouveaux réacs ?, TF1
  9. ↑ Exclusif ! Les Conversations de Paul-Marie Coûteaux avec Eric Zemmour, Chaîne officielle TVLibertés
  10. ↑ https://www.liberation.fr/debats/2019/01/16/pascal-ory-le-mot-essentiel-c-est-extreme_1703406/
  11. ↑ Revenir plus haut en : 11,0 et 11,1 « Dans « La Grande Confusion », Philippe Corcuff dresse le panorama de l’extrême confusion idéologique actuelle », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. ↑ La Grande Confusion – Comment l’extrême droite gagne la bataille des idées, Paris, Textuel, , 672 p. (ISBN 978-2-84597-854-6) 
  13. ↑ « Prendre au sérieux le « confusionnisme politique » », sur AOC media - Analyse Opinion Critique, (consulté le )
  14. ↑ Philippe Corcuff, « Le progressisme au défi du conservatisme », Pouvoirs, vol. N° 179, no 4,‎ , p. 81–89 (ISSN 0152-0768, DOI 10.3917/pouv.179.0081, lire en ligne, consulté le )
  15. ↑ Gaël Brustier, « Comment l'extrême droite gagne la bataille des idées », sur Slate,

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