Juan Branco
Juan Branco, né le dans la province de Malaga, est un journaliste, juriste, militant politique et universitaire franco-espagnol.
L'une des figures de l'opposition à la loi « Hadopi 1 » sur les droits d'auteurs en 2009, il est le représentant de l'équipe de défense de Wikileaks et Julian Assange en France et l'avocat de Jean-Luc Mélenchon [1].
Biographie
Vie personnelle
Fils du producteur portugais de cinéma Paulo Branco et de la psychanalyste espagnole[2] Dolorès Lopez, il a deux soeurs et un frère[3].
Né dans la province de Malaga, en Espagne, il grandit entre les 5e et 6e arrondissement de Paris dont il critique par la suite « le culte de l'entre-soi[4] », et est naturalisé français en 2010[2]. Il pratique l'endurance équestre[2] et se classe quinzième aux championnats du monde de Compiègne en 2007[5].
Selon Don DeLillo[6] et David Cronenberg[7], il aurait donné l'idée de l'adaptation au cinéma du roman Cosmopolis.
Formation et expérience professionnelle
Il se forme à l'École normale supérieure (ENS) de la rue d'Ulm[8] et à Sciences Po Paris[9], où il relance le ciné-club[2] et où il est remarqué par le directeur de l'établissement, Richard Descoings, qui lui propose d'intégrer son cabinet[2]. Il prononce en 2012 son hommage funèbre au nom des étudiants[10]. Il suit en parallèle des études aux universités Paris-Sorbonne et Panthéon-Sorbonne[11], où il obtient respectivement une maîtrise en littérature moderne et des masters en philosophie politique et en géopolitique[12], et obtient un doctorat en droit et philosophie en 2014 à l'ENS-Ulm[11],[13].
Recruté lors de ses études et à la suite d'un stage comme collaborateur du procureur de la Cour pénale internationale, il devient l'assistant spécial puis l'officier de liaison de Luis Moreno Ocampo[14],[15]. Il entre en 2012 au quai d'Orsay comme collaborateur extérieur du ministre des Affaires étrangères français[11],[16], avant d'être retenu comme conseiller juridique de Wikileaks et Julian Assange sous la direction de Baltasar Garzon[17],[18].
Il est, à partir de 2013, lecteur à l'université Yale et chercheur invité à la Yale Law School[9], et collabore, à l'instar d'autres rédacteurs, à un numéro du Yale Journal of International Law (en)[19].
Il est depuis 2015 Senior Research Fellow en droit international à la société Max Planck[11], est invité la même année comme chercheur à l'université de Rome « La Sapienza » et est admis à l'École de formation du barreau (EFB) de Paris[9].
En tant que conseiller juridique de Julian Assange et de Wikileaks en France, il représente publiquement l'organisation lors des révélations d'espionnage de la National Security Agency (NSA) en 2015[20],[21] et participe aux négociations avec la présidence de la République pour obtenir l'asile à Assange ; elles échouent, l'Élysée opposant une fin de non recevoir à la demande[22],[23].
Devenu avocat de Jean-Luc Mélenchon, il le défend dans l'affaire OAS et demande l'audition du ministre de l'intérieur Gérard Collomb. [24].
Il est recruté en mai 2018 par l'ONU au Centrafrique en tant qu'expert indépendant, en charge de l'élaboration de la stratégie des poursuites du Procureur de la Cour pénale spéciale [25]. Après avoir mentionné l'existence d'un massacre commis par les forces de la MINUSCA et l'impossibilité d'exercer ses fonctions de façon indépendante, il est expulsé du pays [26].
Travaux
Proche de Julian Assange[27], Alain Badiou[27], Noam Chomsky[27] Jean-Luc Godard[28] et Baltasar Garzón[17], il travaille à leurs côtés sur des problématiques ayant trait aux droits d'auteur, aux violences de masse, aux libertés individuelles et à la surveillance dans l'ère numérique[29].
Il rédige pour sa thèse une critique du premier procès à la Cour pénale internationale, dans laquelle il avance que cette Cour serait à l'origine d'un « cosmopolitisme des chefs » résultant des transformations du monde westphalien[30]. Il publie dans Libération et Esprit des portraits de figures et de mouvements politiques contemporains, tels que ceux de François Hollande[31], Podemos[32] et Julian Assange[33].
Il mentionne dans ses travaux les influences d'intellectuels comme Jean-Luc Godard, Georges Bataille, Pier Paolo Pasolini, Leonardo Sciascia et Serge Daney[31],[4]. Son dernier texte, D'après une image de Daesh, publié par les Éditions Lignes propose une critique radicale de la raison contemporaine et de son rapport au figuré[34].
Militantisme
Alors qu'il étudie à Sciences Po, Juan Branco milite aux Jeunes Verts, dont il coordonne la section Île-de-France et qu'il mobilise notamment contre la politique migratoire européenne et la directive retour[35],[2],[36].
Il devient l'une des figures de l'opposition au projet de loi favorisant la diffusion et la protection de la création sur internet (dit « HADOPI », du nom de l'institution qui en résultera : la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet) en rédigeant, en , une lettre ouverte contre celui-ci[37], soutenue par des personnalités telles que Catherine Deneuve, Chantal Ackerman ou Christophe Honoré. Elle participe au rejet de ce dernier par l'Assemblée nationale après son passage en commission mixte paritaire (CMP), et à la démission du ministre de la Culture et du secrétaire d'État en charge des Relations avec le Parlement[38][39] Le projet de loi est une nouvelle fois présenté et adopté en urgence devant le Parlement quelques semaines plus tard.
Peu après, il cofonde Création, Public, Internet[40], une plateforme de débat public formée en réponse au projet de loi HADOPI ayant pour but de trouver des modèles alternatifs au financement culturel et au système de droits d'auteur[41]. Son livre Réponses à Hadopi, paru un an après, propose un nouveau système légal et financier pour l'industrie du cinéma.
Choisi comme chef de cabinet par Aurélie Filippetti[42] lors de la campagne de François Hollande pour l'élection présidentielle française de 2012, il conçoit et défend une réforme radicale de l'exception culturelle française basée sur l'abrogation de la loi HADOPI et la dépénalisation des échanges culturels non-commerciaux en peer-to-peer[43],[44]. À la suite d'une campagne de lobbying des représentants des industries culturelles, sa révocation est annoncée le jour suivant l'élection, déclenchant l'abandon du plan de réformes[43],[45].
Il prend dans la foulée part au mouvement des Indignés et intègre l'équipe de campagne du Partido X (en) lors des élections européennes de 2014 en Espagne[46],[47].
En , son live-tweet du procès des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises[48], et celui de Sihame Assbague, sont portés à l'écran par Noëlle Cazenave et interprétés notamment par Youssoupha et Disiz[49].
Journalisme
Il couvre la guerre du Kivu (2012) et la guerre civile centrafricaine (2013) pour Le Monde diplomatique[50] et Les Inrockuptibles[51],[52], après avoir chroniqué le procès d'Yvan Colonna pour L'Humanité[53].
Publications
- Ouvrages
- Réponses à Hadopi, suivi d'Un entretien avec Jean-Luc Godard, Paris, Capricci, coll. « Actualité critique », , 92 p. (ISBN 978-2918040255) (OCLC 758496452) (BNF 42439958)
- De l'Affaire Katanga au contrat social global : un regard sur la Cour pénale internationale, Paris, Institut universitaire Varenne (IUV)-Librairie générale de droit et de jurisprudence (LGDJ), coll. « Thèses » (no 108), , 518 p. (ISBN 978-2370320582) (OCLC 936090656) [présentation en ligne]
- Juan Branco (ill. Miquel Barceló), L'Ordre et le Monde : critique de la Cour pénale internationale, Paris, Fayard, coll. « Ouvertures », (ISBN 978-2213680880)
- D'après une image de Daesh, Paris, Lignes, , 56 p. (ISBN 978-2-35526-164-0)
- Ouvrages collectifs
- Juan Paulo Branco Lopez, « Inadéquation aux attentes du monde artistique », dans Jérémie Nestel (dir.) et al., La Bataille Hadopi, Cergy-Pontoise, InLibroVeritas, (lire en ligne), p. 157-167
- Juan Branco Lopez et Faïza Zerouala, « Avoir 20 ans en 2010 : visions de jeunesse(s) », dans Martine Aubry (dir.) et al., Pour changer de civilisation, Paris, Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-2596-5, OCLC 758912524, BNF 42402272, lire en ligne), p. 239-248
- Juan Branco et Cécile de Caunes, « La reconnaissance de l'identité noire », dans Emmanuelle Tourme-Jouannet (dir.), Le Droit de la reconnaissance, Paris, Pedone,
Annexes
Bibliographie
- Gérard Lefort, « Ce qui me fait rire ? Bernard-Henri Lévy en Libye et partout ailleurs, Libération, 30 novembre 2011
- Marc Endeweld, « Graine de star : Juan Branco », Charles, no 6, (lire en ligne)
- Jean-Marie Durand, « Juan Branco », Les Inrockuptibles, no 1054, , p. 160 (lire en ligne)
- Le supplément http://www.canalplus.fr/c-emissions/le-supplement/pid6586-l-emission.html?vid=1376107 Juan Branco, l'homme dans l'ombre de Julian Assange, 16 mars 2016
- Notice IMDB
- Clémentine Mercier, À seulement 26 ans, Juan Branco conseille les plus grands - Ouest France
- Martin Legros, Juan Branco, un frondeur qui secoue le droit international - Philo Mag
- Jean Perrier, Juan Branco, le conseil d'Assange - GQ
- David Doucet, Juan Branco, directeur de cabinet d'Aurélie Filippetti - Les Inrockuptibles
Liens externes
- Cabinet d'avocats de Juan Branco
- Liste des écrits numérisés de Juan Branco
- Site académique de Juan Branco
Article publié sur Wikimonde Plus
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- ↑ [1]
- ↑ 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 et 2,5 Endeweld 2013.
- ↑ Françoise-Marie Santucci, Le joueur des chèques, Libération, 13 mai 1999.
- ↑ 4,0 et 4,1 Lefort 2011.
- ↑ Athlete Performance
- ↑ Don DeLillo, un entretien avec Slate: avec Cosmopolis, «mes mots ont pris une autre vie», Slate.
- ↑ David Cronenberg sur «Cosmopolis»: «le livre était prophétique, le film est contemporain».
- ↑ Annuaire des élèves de l'ENS
- ↑ 9,0 9,1 et 9,2 CV universitaire (Max Planck Institute) http://www.mpi.lu/fileadmin/mpi/medien/persons/Branco_Juan/CV_JB.pdf
- ↑ Actualité Alumni Sciences Po : Richard Descoings : cérémonie à l'Eglise Saint-Sulpice mercredi 11 avril
- ↑ 11,0 11,1 11,2 et 11,3 Notice biographique de Juan Branco.
- ↑ http://www.mpi.lu/fileadmin/mpi/medien/persons/Branco_Juan/CV_JB.pdf
- ↑ Fiche de la thèse De l'Affaire Katanga au contrat social global: un regard sur la Cour pénale internationale.
- ↑ Tribune: ce que peut changer le prochain sommet de la Francophonie.
- ↑ Qui veut vraiment la paix au Congo ?, 2012-11-01.
- ↑ Centrafrique : ils sont devenus des tueurs, pas des monstres, Rue89.
- ↑ 17,0 et 17,1 Notice biographique de Juan Branco.
- ↑ Séminaire à l'ENS Ulm : La CPI et le contrat social global.
- ↑ [PDF]The Yale Journal of International Law, vol. 39, n° 1, hiver 2014.
- ↑ Espionnage Élysée - Press Release, 29 juin 2015.
- ↑ Alissa J. Rubin et Scott Shane, Hollande Condemns Spying by U.S., but Not Too Harshly, 24 juin 2015.
- ↑ Hollande ne veut pas accueillir Assange, Libération, 3 juillet 2015.
- ↑ [vidéo] « Retour sur nos enquêtes : FranceLeaks et Wikileaks », sur YouTube (Médiapart).
- ↑ [2]
- ↑ [3]
- ↑ [4]
- ↑ 27,0 27,1 et 27,2 Durand 2016.
- ↑ Réponses à Hadopi, suivi d'un entretien avec Jean-Luc Godard.
- ↑ Symposium: Mass Surveillance — When Reality Exceeds The Fiction.
- ↑ Juan Branco, « Le cosmopolitisme des chefs », Revue Envers : Revue contemporaine d'arts politiques, Librairie éditions tituli, no 1, Le chef, , p. 118 (ISBN 9791092653168, lire en ligne).
- ↑ 31,0 et 31,1 Hollande ou la parole présidentielle fragmentée, Libération.
- ↑ Juan Branco, « Podemos : l'indignation au pouvoir ? », Esprit, no 12, , p. 120–122 (ISSN 0014-0759, lire en ligne).
- ↑ Juan Branco, « Le spectre d'Assange », Esprit, no 1, , p. 82–92 (ISSN 0014-0759, lire en ligne).
- ↑ https://abonnes.lemonde.fr/livres/article/2017/02/23/livres-en-bref_5084160_3260.html
- ↑ Non à la directive de la honte, la suite - Les Jeunes Verts Paris Île-de-France, 2008-07-04
- ↑ Les Jeunes verts partent à la chasse aux 4x4
- ↑ Lettre ouverte aux spectateurs citoyens, Libération, 7 avril 2009.
- ↑ Astrid Girardeau, Rejet d'Hadopi: «Une immense victoire pour le cinéma et les libertés», Libération, 9 avril 2009.
- ↑ Christine Albanel : «Je regrette qu'une poignée d'artistes se soient laissés entraîner», Libération, 8 avril 2009.
- ↑ Avec Jérémie Zimmermann et Philippe Aigrain, La Quadrature du Net, l'Internet Society (ISOC), la société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes (SPEDIDAM) et UFC Que Choisir.
- ↑ Marc Rees, Création Public Internet : l'alternative à Hadopi contre 5 euros.
- ↑ [PDF]Culture et communication.
- ↑ 43,0 et 43,1 [PDF]Vincent Truffy, [http://perso.crans.org/raybaud/mediapart-20120607-programme_culture_candidat_hollande.pdf L'histoire secrète du programme culturel du candidat Hollande], 7 juin 2012.
- ↑ Juan Branco, un anti-Hadopi auprès d'Aurélie Filippetti.
- ↑ Voici Filippetti, et Valois le travail, Libération, 23 mai 2012.
- ↑ Partido X's team.
- ↑ Équipe du Partido X pour les élections européennes de 2014 en Espagne.
- ↑ Zyed et Bouna - Le procès des policiers.
- ↑ Mathieu Dejean, Zyed et Bouna : le procès adapté en film, 19 mai 2015.
- ↑ Qui veut vraiment la paix au Congo ?, Le Monde diplomatique, 2012-11-01
- ↑ Juan Branco - Les Inrocks, Les Inrockuptibles
- ↑ Centrafrique : "le mot génocide était un outil de mobilisation", Arrêt sur images
- ↑ La vérité absente du procès Colonna
- Naissance en août 1989
- Naissance dans la province de Malaga
- Cavalier d'endurance
- Étudiant de l'université Paris-Sorbonne
- Étudiant de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
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- Étudiant de l'université Yale
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