Humiligence

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L'humiligence est un théorie développée par Julia Kalfon, depuis 2015, dans le cadre des approches en Intelligence collective.

Les enjeux [1] actuels impliquent de faire autrement et d'agréger les savoirs des uns et des autres. De nombreuses sources parlent de l'intelligence collective comme une solution à ces enjeux. Mais le passage de la superposition des intelligences du groupe à l'agrégation des intelligences passe par le questionnement et la remise en question.

Les enjeux de l'intelligence collective sont ceux de demain. Les sciences de gestion et le management ou l'économie, les sciences humaines et la psychologie sont autant de sujet de recherche sur l'intelligence collective pour répondre à la complexité du monde et aux enjeux de l'intelligence artificielle

Dans les échanges de groupe, savoir mieux que les autres est un graal. Avoir la meilleure pensée, la plus intelligente, le dernier mot, le monopole du verbe, la réplique la plus cinglante, paraît aujourd'hui une fin en soi. Or, pour réussir à travailler autrement, cela demande de développer un autre type d'intelligence : l'humiligence.

Définition

L'humiligence est un terme composé des mots humilité et intelligence. Selon Julia Kalfon, c'est l'art de faire évoluer sa pensée et ses idées pour co-construire une pensée complémentaire et atteindre une idée plus large et inclusive. C'est pour elle une posture selon laquelle on accepte, en toute humilité, de requestionner son point de vue, et non pas seulement de le défendre, au regard des apports issus des autres et de leur autres types d'intelligences.

Application

L'objectif de l'humiligence est d'accepter de construire des solutions qui dépassent notre seul point de vue en essayant d'intégrer les points de vue des autres et répondre ainsi aux questions complexes. Cette aptitude de co-construction est nécessaire pour le développement de nouvelles idées, notamment dans les groupes d'intelligence collective.

Contrairement au savoir égotique, l'humiligence demande de douter et de cultiver ce doute pour augmenter sa connaissance par les apports des autres.

Apports théoriques

Chacun a une part de savoir, nul ne peut avoir une vision globale de la réalité. Que ce soit l'approche psychologique, cognitiviste, philosophique ou sociologique[2], économique ou plus récemment neuroscientifique, toutes nous expliquent que chaque personne voit le monde à sa manière et détient une part de vérité. Les aptitudes que nous développons tout au long de notre vie, notre vécu, notre parcours, nos expériences, notre personnalité, le développement de l'accessibilité de l'information, tout concoure à ce que nous ayons une vision unique, mais souvent partielle des sujets. La réalité et souvent hors de nous. Aussi, l'agrégation des intelligences permet d'unir les points de vue pour avoir une vision plus globale.

Les apports sur l'intelligence collective] montre que la solution même d'experts est plus juste par l'agrégation des savoirs[3].

Le Super Collectif

Emile Servan-Schreiber en se basant sur les apports de La Sagesse des foules nous invite à repenser la foule à l'aune de l'intelligence artificielle. La possibilité est alors ouverte d'avoir une multiplicité de réponses individuelles pour lesquels on peut trouver une médiane qui serait alors la meilleure solution.

Cette approche neutre permet, non pas d'agréger les points de vue, mais de les superposer afin d'annuler les différents biais cognitifs de chacun. "Quand chacun contribue son estimation imparfaite, un mélange individuel de savoir, de lacunes et de biais, alors au niveau collectif les savoirs se complètent tandis que les biais se neutralisent. En émerge une réponse objective épurée qui neutralise les erreurs individuelles". Ainsi, "plus une foule est nombreuse, plus fiable est son estimation".

Cependant, on parle ici de problématiques dont l'analyse se fait en toute neutralité, par un calcul objectif. Malheureusement, dans les groupes humains, ce type d'approche reste encore à éprouver. Le ‘corps’ décisionnaire doit regarder les points de vue de manière neutre pour avoir cette fiabilité ce qui n’est pas le cas d’un manager ou d'un dirigeant d'entreprise.

Dans les groupes sociaux réduit, l'humiligence reste la meilleure qualité à développer pour trouver de nouvelles réponses.

Bibliographie

  • Julia Kalfon, Animez vos réunions !, 2012, 2015, Dunod
  • Emile Servan-Schreibert, Supercollectif. La nouvelle puissance des intelligences, 2018, Fayard
  • Thomas Malone, Michael S. Bernstein, Handbook of Collective Intelligence, 2015, MIT Press.
  • Daniel Kahneman, Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée, 2016, Flammarion

James Surowiecki, La Sagesse des foules, 2004, 2008, Jean-Claude Lattès

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

Liens externes

[1]

Article publié sur Wikimonde Plus

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