Implication syrienne dans l'invasion russe de l'Ukraine en 2022

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Après le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022, un certain nombre d'organisations humanitaires, de médias internationaux et de représentants de l'État ont fait des déclarations sur la participation indirecte et directe de la Syrie à ce conflit aux côtés de la Russie.

Engagement syrien auprès de la Russie

La Russie participe à la guerre civile en Syrie aux côtés du régime de Bachar el-Assad depuis septembre 2015[1]. Elle a aidé avec l'Iran le gouvernement Assad à maintenir le pouvoir dans le pays[2]. Pendant ce temps, Moscou a annoncé à trois reprises la fin de l'opération en Syrie et le retrait du contingent, mais a continué à participer aux hostilités. À son tour, la Syrie d'Assad a reconnu l'indépendance de la république populaire de Donetsk et de la république populaire de Lougansk le 29 juin 2022, après quoi les relations diplomatiques entre l'Ukraine et la Syrie ont été officiellement rompues[3]. L'Ukraine a également imposé un embargo commercial sur la Syrie[4].

Participation des unités syriennes à l'invasion

Fichier:2021-03-11-САР-Митинг в поддержку ВС РФ.ogv

Au début de l'invasion russe de l'Ukraine, des reportages sur des volontaires syriens ont commencé à apparaître dans les médias d'État russes. La chaîne de télévision Zvezda (ru) du ministère russe de la Défense a déclaré dans son article que plus de 16 000 soldats syriens se sont inscrits dans un détachement de volontaires des forces armées russes et seront envoyées en Ukraine. Les médias russes ont affirmé que les syriens se sentent redevables à la Russie, qui les a aidés dans la guerre civile, et sont prêts à rembourser cette dette de cette manière. Dans le même temps, selon une enquête du BBC Arabic Service, 80% des combattants syriens étaient prêts à se battre "littéralement pour un morceau de pain". Selon diverses organisations internationales, après 11 ans de guerre civile, plus de 60% de la population syrienne (environ 12 millions de personnes) affrontaient la faim[5]. Diverses sources ont estimé le paiement promis aux combattants syriens à des montants allant de 600 dollars américains à 1200 euros.

Selon l'observatoire syrien des droits de l'homme (SOHR), 260 officiers de la 25e division des forces spéciales, de la brigade Liwa al-Quds, des bataillons Baath et du 5e corps d'assaut des volontaires (ru) des forces armées arabes syriennes, sous le contrôle du gouvernement Assad, au milieu de mars 2022 a participé à une tournée de reconnaissance à l'est de l'Ukraine. Après leur retour, les formations militaires se sont intensifiées pour les syriens ayant décidé de devenir mercenaires en échange d'incitations financières[6]. Selon le gouvernement ukrainien et le SOHR fin mars 2022, dans diverses villes de Syrie, dont Damas, Raqqa et Alep, à l'initiative de la Russie, 14 centres de recrutement de combattants fonctionnent depuis un certain temps. Selon le SOHR, au 1er avril, des groupes de mercenaires syriens avaient suivi un entraînement militaire intensif sous la supervision de dizaines d'officiers russes, d'officiers du régime d'Assad et de commandants pro-gouvernementaux et étaient prêts à être envoyés dans l'est de l'Ukraine afin de participer dans la guerre du côté russe, cependant, le SOHR et le service arabe de la BBC n'a pas été en mesure de confirmer les informations sur leur transfert. Dans le même temps, le New York Times, se référant à ses sources, a annoncé l'arrivée en Russie d'au moins 300 syriens envoyer à la guerre contre l'Ukraine. Selon la publication, il s'agissait de soldats de l'une des unités de l'armée syrienne, qui ont collaboré avec des militaires russes pendant la guerre en Syrie, et ont été testés par les services spéciaux syriens et russes et ont commencé à s'entraîner avant d'être envoyés en Ukraine[7]. Selon les services de renseignement ukrainiens, le SOHR et l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW), la base aérienne russe de Hmeimim[8] est devenue le centre des efforts de la Russie pour redéployer les syriens.

Début avril, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a fait part au président russe Vladimir Poutine des candidatures reçues de 16 000 volontaires syriens prêts à combattre en Ukraine aux côtés de la Russie. Dans le même temps, selon les données du SOHR, au 27 juillet, le nombre de "mercenaires" syriens recrutés était de 2 000 combattants, ils se trouvaient en Russie et n'ont pas pris part aux hostilités, le plus grand obstacle à leur participation aux premiers rangs de hostilités était le manque de connaissance de la langue russe. À leur tour, des responsables américains et des sources de Voice of America parmi les militants locaux, fin avril, ont noté qu'un petit nombre de mercenaires syriens avaient rejoint l'armée russe sur le front ukrainien, et un conseiller indépendant du bureau du président ukrainien Oleksiy Arestovytch, dans un de ses entretiens début juin, évoquait l'attaque de la base russe de Chkalove (ru), au cours de laquelle au moins 200 soldats russes ont été tués, dont des arabes, vraisemblablement de Syrie. Il s'agissait selon lui du premier cas confirmé de participation d'arabes dans les hostilités du côté de la Russie[9]. Le 15 septembre, des sources du SOHR ont confirmé que certains "mercenaires" syriens se trouvaient déjà dans l'est de l'Ukraine - leur tâche était de protéger leurs positions [6]. Le 21 septembre, des sources du SOHR ont rapporté que des centaines de combattants de la 25e division des forces spéciales ont commencé à participer aux combats dans les zones tenues par la Russie dans l'est de l'Ukraine, les combattants de cette unité parlent russe après avoir suivi des cours militaires en Russie en 2021. Le 4 octobre, le SOHR signale la mort de 5 combattants de la 25e division dans des combats au nord-est de la région de Kherson.

De plus, la Russie voulait mettre à profit les compétences des Syriens en matière de bombardements urbains via des bombes barils. Ainsi, au printemps 2022, les services de renseignement européens affirment qu'une cinquantaine d'experts syriens de la fabrication ou du largage de bombes barils sont en Russie pour préparer une campagne de bombardement aux barils d'explosifs, similaire à celles menées en Syrie, en Ukraine, faisant craindre également l'emploi d'armes chimiques. Cependant cette campagne est annulée car la Russie n'obtient pas la suprématie aérienne : les forces ukrainiennes peuvent toujours abattre en vol des hélicoptères transportant des bombes barils, contrairement à l'opposition armée à Bachar el-Assad, dépourvue de défense anti-aérienne[10].

Opposition à l'implication syrienne par des pays tiers

Actions dans le domaine juridique

L'Union européenne, "en raison du fait que le régime syrien apporte un soutien, y compris militaire, à une agression militaire non provoquée et injustifiée de la Russie contre l'Ukraine", a imposé le 21 juillet 2022 des sanctions à l'encontre de 10 personnes et 2 entités juridiques syriennes impliquées dans le "recrutement de mercenaires syriens pour des opérations militaires en Ukraine avec les troupes russes"[11]. L'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège, la Macédoine du Nord, l'Ukraine et le Monténégro[12],[13],[14] se sont également joints à ces sanctions. Le 26 juillet, le Royaume-Uni a imposé des sanctions contre 5 citoyens syriens, ainsi qu'une société syrienne, qui, selon le gouvernement britannique, a coopéré avec le groupe Wagner[15].

Actions pratiques

Selon un certain nombre de médias et le SOHR, l'armée de l'air israélienne a mené des frappes en juillet, septembre et octobre 2022 contre des usines près de Damas qui assemblaient des drones iraniens. Selon les médias, un stock de drones a également été détruit, peut-être destiné à être livré à la fédération de Russie[16],[17],[18].

Notes et références

  1. (ru) « Помогут ли России «солдаты удачи» из Сирии и Эфиопии? », sur Voice of America,‎
  2. (ru) « Сирия признала независимость самопровозглашённых "ЛНР" и "ДНР" », sur Радио «Свобода»,‎
  3. (ru) « Сирия разорвала дипломатические отношения с Украиной », sur Радио «Свобода»,‎
  4. (ru) « Украина разрывает дипломатические отношения с Сирией и вводит торговое эмбарго », sur Media.az,‎
  5. (ru) « "Лично я еду на смерть". Россия собирает сирийских наемников на войну в Украине - ради чего они готовы рисковать жизнью? », sur BBC News,‎
  6. (en) « Russia-Ukraine war », sur SOHR,
  7. (ru) « В РФ прибыли 300 сирийцев для отправки на войну с Украиной », sur Deutsche Welle,‎
  8. (en) « RUSSIA MOBILIZES REINFORCEMENTS FROM SYRIA AND AFRICA TO UKRAINE », sur ISW,
  9. (en) « Civilians flee intense fighting in contested eastern Ukraine », sur Associated Press,
  10. (en) Martin Chulov, « Syria’s barrel bomb experts in Russia to help with potential Ukraine campaign », sur the Guardian, (consulté le )
  11. (en) « Russia’s aggression against Ukraine: the EU targets additional 54 individuals and 10 entities », sur European Council,
  12. (en) « Declaration by the High Representative on behalf of the EU on the alignment of certain countries with Council Decision (CFSP) 2022/1272 concerning restrictive measures in respect of actions undermining or threatening the territorial integrity, sovereignty and independence of Ukraine », sur European Council,
  13. (en) « Declaration by the High Representative on behalf of the EU on the alignment of certain countries with Council Decision (CFSP) 2022/1271 concerning restrictive measures in view of Russia’s actions destabilising the situation in Ukraine », sur European Council,
  14. (en) « Declaration by the High Representative on behalf of the EU on the alignment of certain countries with Council Decision (CFSP) 2022/1276 concerning restrictive measures in respect of actions undermining or threatening the territorial integrity, sovereignty and independence of Ukraine », sur European Council,
  15. (ru) « Великобритания ввела санкции против министра юстиции России, двух племянников Алишера Усманова и 29 губернаторов », sur Настоящее Время,‎
  16. (ru) « Израиль уничтожил иранские беспилотники », sur Зеркало,‎
  17. (ru) « Поможет ли Израиль Украине бороться с иранскими дронами? », sur Deutsche Welle,‎
  18. (uk) « Правозахисники: ізраїльські ракети знищили в Сирії одне з підприємств зі складання іранських дронів », sur Радио «Свобода»,‎

Article publié sur Wikimonde Plus

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