Jallatte

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Jallatte
logo de Jallatte

Création 1947
Fondateurs Pierre Jallatte
Forme juridique Sas
Slogan Créateur de bien-être
Siège social Saint-Hippolyte-du-Fort
Drapeau de la France France
Direction Jean-Marie Calame - directeur général
Actionnaires Franco Uzzeni
Activité Équipement de protection individuelle
Produits Chaussures de sécurité
Site web http://www.jallatte.com

Jallatte est une entreprise spécialisée dans la fabrication des chaussures de sécurité. C’est en 1947, au sortir de la seconde guerre mondiale, que Pierre Jallatte créé l’entreprise qui portera son nom. En entrepreneur hors pair, il a su profiter des trente glorieuses pour devenir au début des années 1980, avec 800 salariés en France, le leader européen de la protection des pieds et faire de Jallatte une marque à la notoriété mondiale.

Adossée aux contreforts des Cévennes, la société est implantée dans le fort de Saint-Hippolyte-du-Fort, ancienne caserne royale installée par Vauban pour prévenir l’agitation religieuse de la région, traditionnellement protestante.

Historique

Pierre Jallatte : une âme de pionnier

C’est en 1947, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, que Pierre Jallatte créé l’entreprise qui portera son nom.

À l’origine, la société fabrique des galoches pour les besoins locaux puis des brodequins de travail sur semelage cousu. C’est après un voyage aux États-Unis, où il découvre que les agriculteurs portent des chaussures de travail avec un renfort métallique sur l’avant-pied pour protéger leurs orteils lors du labourage, que Pierre Jallatte décide de prendre un virage stratégique avec l’entreprise familiale en se lançant dans la chaussure de sécurité.

Dès 1950, avec l’apparition en France des premiers besoins en chaussures de sécurité et la croissance industrielle d’après-guerre, l'entreprise mise à fond sur ce nouveau marché et y consacre l’essentiel de son activité. Les premières chaussures cousues double-montage avec embout métalliques voient le jour. En 1955, Jallatte développe la semelle en caoutchouc néoprène (en association avec Dupont de Nemours) qu’il soude d’abord à la Tige en cuir. Puis avec un procédé totalement novateur, il créé la vulcanisation directe du caoutchouc avec un moule sous pression et chauffé.

Pierre Jallatte profite également du contexte porteur des Trente Glorieuses, et des avancées sociales qui en découlent comme notamment la 3e et 4e semaine de congés payés, ainsi que l'émergence des sports d’hiver, pour lancer avec succès la fabrication fin 1959, de chaussures de ski sous marque Allégro. Là encore, Jallatte innove et créé l’événement. Tous les ski-clubs de la région sont équipés des chaussures Allégro et rapidement le marché s’internationalise. Cependant, la modification de l’outil industriel de la société Jallatte exige des investissements importants, pour pouvoir se maintenir sur un secteur devenu très concurrentiel et Pierre Jallatte préfère s’orienter de manière définitive et exclusive vers la fabrication de chaussures de sécurité. L’épisode «ski » lui a permis de mettre un pied à l’étrier sur l'international, pour assurer un changement d’échelle majeur. Mais pour Jallatte, le coût de ce changement ne peut être absorbé uniquement par les résultats, pourtant très positifs, de l’entreprise.

À force d’innovation, de mécanisation de l’outil industriel et de développement commercial par un réseau de VRP régionaux, il entretient un monopôle jusque dans les années 1970. Pour accroître son leadership, il développe sa marque à l’étranger avec une politique soutenue à l’international par croissance externe dans les pays limitrophes, notamment en Allemagne et en Grande-Bretagne. Un service export permettra ensuite à Jallatte d’être présent dans 43 pays dès 1970. L’entreprise dégage à cette époque 10% de résultat par an et investit en Recherche et développement (R&D) et dans de nombreux brevets : semelles anti-perforation, embouts en alliage, etc.

En 1972, Pierre Jallatte créé un centre de recherche des matériaux et un centre de recherche appliquée en embauchant des chercheurs en chimie. La semelle en polyuréthane est née pour répondre aux besoins de confort de l’utilisateur avec une matière souple mais aussi aux besoins d’antiglisse et de résistance aux produits chimiques et aux hydrocarbures. Une première usine est construite à Alès cette année-là, une deuxième suivra en 1975.

Une course à l'innovation pour améliorer la protection du pied

L’approche technique est omniprésente et s’adapte à tous les types d’utilisateurs : métallurgie, sidérurgie, BTP, transport, agriculture… Les gros clients multiplient leurs cahiers des charges pour diminuer les risques d’accidents et augmenter le confort avec des exigences sur des produits amagnétiques, antistatiques, oléofuges, hydrofuges, etc. Jallatte est le seul à l’époque, à répondre à la multiplication des exigences clients en accompagnant les ingénieurs sécurité et préventeurs dans leur quête du « zéro accident ».

En 1977, Pierre Jallatte créé un centre de recherche et d’études sur les automatismes et collabore directement avec les fabricants de machines industrielles pour leur imposer des nouvelles techniques de fabrication plus productives et qualitatives. Pour conserver ses emplois en France, l’entreprise compte sur les gains de productivité en étant à la pointe de la technologie. En 1978, se tient un symposium de la robotique à Tokyo. Deux entreprises françaises y envoient des chercheurs, la régie Renault et Jallatte.

Au début des années 80, sur fond de tensions sociales, Pierre Jallatte vend son entreprise au Groupe André. Pendant les vingt années qui vont suivre l’entreprise soigne son marketing technique et sa communication et continue d’innover :

  • 1980 : La recherche du compromis « confort-performance » par double injection donne naissance à la semelle Softane™ bimatière.
  • 1984 : Lancement de la première collection destinée aux industries agro-alimentaires.
  • 1986 : Lancement de la semelle Triftane™ qui réussit la triple alliance confort, résistance, sécurité par association d’une semelle technique en nitrile butadiène rubber (NBR) et d’une semelle confort en Softane™ - Lancement de la première collection féminine Eléna Prizzi. Cette même année, Jallatte signe un accord de joint-venture avec le japonais Simon et prend une participation majoritaire dans le groupe Adolphe Lafont en 1987.
  • 1990 : l’entreprise prend une participation majoritaire dans la société Auda, leader français de la botte PVC de sécurité.
  • 1992 : Dans le cadre de la mise en place des normes européennes, Jallatte lance la première collection de chaussures de protection.
  • 1993 : Jallatte entre dans le Groupe Etex et cède le groupe Adolphe Lafont au groupe André.
  • 1994 : Lancement de la gamme Allegro, concept nouveau de chaussures pour l’homme et la femme au travail.
  • 1996 : Lancement du premier embout composite 100 Joules.
  • 1997 : Lancement du cuir Biotane®, premier cuir au tannage 100% organique, anallergique, aux grandes capacités respiratoires.
  • 1999 : Lancement des Optimales, une nouvelle génération de chaussures de sécurité ultra-légères equipées du premier embout composite 200 joules en Xétane™.

Cependant les techniques atteignent leur maturité et les concurrents arrivent aussi à développer les mêmes savoir-faire jusqu'alors différenciateurs. Le marché devient mature. Tout en gardant son avance sur le marché français, la domination européenne de Jallatte s’étiole progressivement et les parts de marché s’équilibrent avec l’introduction de produits d’import. La guerre des prix fait rage et les coûts de production en France deviennent insupportables pour tenir des marges permettant d’investir toujours plus en recherche et développement et en production.

Jallatte devient progressivement une marque positionnée haut de gamme et les volumes se compriment face aux produits de moyenne gamme qui commencent à jouer un rôle dans le contexte économique. Il faut trouver aussi des solutions pour contrer les acteurs du marché des produits d'entrée de gamme.

JAL Group : la création du nouveau leader européen

En 2000, après avoir changé d’actionnaires financiers, Jallatte développe un chiffre d’affaires de l’ordre de 50 M€. Les actionnaires souhaitant vendre l’entreprise, décident de contacter le leader Italien Almar. Almar est détenu à 100% par un entrepreneur italien, Franco Uzzeni, qui avait repris après la guerre, la fabrique de chaussures de ville de ses parents. Alors que le fonds CVC Partners, souhaitait vendre Jallatte à Almar, c’est finalement Franco Uzzeni qui revend son entreprise au fonds d'investissement. Il accepte le poste de président du nouveau groupe baptisé JAL qui reprend les initiales de Jallatte, Almar et Lupos (la 3e marque étant réservée au marché Allemand). JAL Group devient le nouveau leader en Europe et la société Jallatte devient JAL Group France, filiale de la holding italienne.

En 2001, la société équipe ses chaussures du premier intercalaire composite anti-perforation en Flextane™.

En 2005, le Groupe est cédé à Gatesworthy Ltd.

JAL Group : le début du déclin

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En 2008, l’usine d’Alès ferme et la production se recentre autour des produits haut de gamme sur le site de Saint-Hippolyte-du-Fort. Un partenariat se développe avec les marques Gore-Tex®, Scholl® et Vibram®.

En 2010, JAL Group est cédé à Progressio SGR. Une nouvelle gamme Femme ainsi que la toute dernière génération de semelle Triftane® équipée d’un embout composite en Xétane™, sont présentées au marché. La gamme J-smarter, alliant design modernisé et protection, particulièrement adaptée au secteur tertiaire, va suivre.

En 2011, une nouvelle collection femme J-Dream, avec une technologie de protection discrète et efficace, vient enrichir la gamme.

Un positionnement stratégique inadapté et une mauvaise gestion

Avec Jallatte qui reste toujours une marque très forte, les chaussures sont considérées comme des produits haut de gamme et appréciées sur les marchés demandeurs de technicité. Les gros distributeurs historiques sont toujours au rendez-vous mais ils doivent composer aussi avec d’autres marques pour pallier des problèmes récurrents de livraisons. Le principal reproche fait à Jallatte depuis le début des années 2000 est son incapacité à livrer rapidement et à respecter ses délais, faute d’une politique de gestion performante des flux et des stocks.

JAL Group souhaitant positionner d’autres marques aux côtés de Jallatte multiplie les gammes : Lupos pour le marché Nord Europe (Allemagne, Benelux, Scandinavie) en plus de Jallatte déjà présent dans ces pays, Auda réservé exclusivement à un gros distributeur, Aimont qui a un positionnement intermédiaire et pas très clair. Au total les vendeurs doivent composer avec 5 catalogues et plus de 500 articles. Les ventes ne sont pas au rendez-vous, la qualité de service non plus.

Finalement, c’est la perte progressive de compétences clés en management, en production et en gestion qui amène les actionnaires à prendre de mauvaises décisions. La société perd de l’argent d’année en année. Les business plans sont irréalistes. De plus, le déploiement opérationnel de la stratégie ne fonctionne pas non plus. La politique tarifaire sur les produits de marque Jallatte est revue à la baisse pour tenter de reprendre des volumes mais la confusion règne sur le positionnement des marques. C’est la spirale qui entraîne l’entreprise dans des difficultés insurmontables avec une baisse des marges, des résultats négatifs de plusieurs millions et une dette qui ne cesse de s’accumuler.

La fin du cycle pour JAL Group

Début 2013, des grèves ont lieu dans les usines tunisiennes sur fond de printemps arabe et d’une politique sociale inexistante. En France, l'usine de Saint-Hippolyte-du-Fort connaît un nouveau plan social. Les tensions grandissent au point de bloquer les usines jusqu'à un arrêt complet des productions pendant plusieurs semaines. JAL Group creuse ses pertes et les clients annulent leurs commandes partout en Europe, les actionnaires décident de ne plus supporter JAL Group.

2013 : l’année record pour U-Power en termes de chiffre d'affaires Pendant ce temps l'entreprise de Franco Uzzeni va faire une année record avec 50 M€ de chiffre d’affaires et un Ebitda de 8 M€ soit 16 % du chiffre d’affaires. U-Power qui devient le n° 1 en Italie, rafle tous les marchés de marque de distributeur (MDD) que JAL Group n’arrive plus à fournir en France, mais cette fois, la production est faite avec une rentabilité maîtrisée. Les usines U-Power sont gérées d’une main de maître avec un dialogue social incarné par un actionnaire familial ; Franco Uzzeni sait parler au terrain. Étant parti d’une feuille blanche et investissant à bon escient, l’entreprise progresse régulièrement.

2014 : Jallatte sas, un nouveau départ

En décembre 2013, alors que JAL Group était convoité par de nombreux concurrents, Franco Uzzeni qui n’avait pas l’intention au départ de racheter JAL Group en fait finalement l’acquisition. Il rebaptise la filiale française Jallatte sas, pour redonner à cette société française, avec son siège et la petite usine de Saint-Hippolyte-du-Fort, ses lettres de noblesse.

En février 2014, il rachète les usines tunisiennes avec ses ateliers de découpe du cuir, de couture et d’injection des semelles. Il reprend d’emblée 1600 ouvriers et couturières. En avril 2014, il rachète le stock de chaussures non vendues et accumulées durant 2013. Il rapatrie ce stock à Lyon sur la plateforme française du prestataire logistique. Au total ce sont près de 20 millions d’euros qui sont investis pour faire repartir l’entreprise et pour que Jallatte retrouve sa place historique de leader.

Notes et références


Bibliographie

Article publié sur Wikimonde Plus

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