Légendes de Mortemer

L'abbaye de Mortemer, fondée en 1134 par Henri Ier Beauclerc est le siège de plusieurs légendes qui ont conduit à lui attribuer le titre de « l'abbaye la plus hantée de France ». Un musée des légendes et fantômes y a été installé en 1985 dans les sous-sols[1].
Mathilde, la Dame Blanche de Mortemer
Selon une légende locale, une dame blanche viendrait hanter régulièrement les ruines de l'abbaye de Mortemer. Il s'agirait de Mathilde l'Emperesse, fille d'Henri Ier d'Angleterre et héritière malheureuse du trône de son père. Elle aurait séjourné dans l'abbaye dans sa jeunesse, voire y aurait été enfermée (ou emmurée !) par son père durant cinq années en punition de mœurs prétendument dissolues[2].
Un simple examen des dates démonte aisément ce mythe : l'abbaye ayant été créée en 1134, alors que Mathilde, née vers 1102, était âgée d'environ 32 ans, elle ne pouvait y avoir séjourné dans sa jeunesse. Par ailleurs, son père étant mort l'année suivante, il ne pouvait l'y avoir enfermé durant cinq ans. En fait rien ne semble prouver qu'elle ait seulement séjourné durablement à Mortemer. À la fin de sa vie, c'est au prieuré Notre-Dame-du-Pré de Quevilly, près de Rouen qu'elle se retire, tout en habitant parfois dans la résidence voisine construite par son père. Elle y meurt en 1167 et est inhumée à l'abbaye du Bec jusqu'en 1846, date à laquelle ses restes sont transférés dans la cathédrale de Rouen.
Cette légende eut un regain d'intérêt dans les années 1990, lorsqu'une journaliste du nom de Muriel Motte prétendit avoir photographié, à plusieurs reprises, un spectre hantant les ruines la nuit. En fait, il s'agissait probablement de vagues silhouettes lumineuses provoquées sur un mur par des projecteurs[3].
La Garrache, femme louve
1er janvier 1884,
Roger Saboureau, métayer, chassait dans la forêt de Lyons (qui entoure le domaine de Mortemer), quand soudain, deux yeux jaunes le fixent. Il vit alors apparaître une énorme louve. Effrayé, il tire et tue l'animal. À l'aube, revenant sur les lieux, il découvre avec horreur le cadavre ensanglanté de sa femme… Il avait tué une garrache, femme ensorcelée qui, les nuits de pleine lune, parcourt la campagne sous la forme d'une louve comme punition pour ses péchés. Elle serait condamnée ainsi à tourner 7 fois autour de 7 villages[4].
Le Chat Goublin
Le Chat Goublin (Eul Cat Goublin en normand) de Mortemer, est un chat qui est en réalité un lutin qui prend l'apparence de cet animal pour garder le trésor dont il a la charge. Souvent, il n'est pas rare de croiser des chats errants dans les ruines, il n'y a qu'à les suivre…[4]
La Fontaine des célibataires

Un lavabo du XIIe siècle se trouve dans le musée des légendes et des fantômes. C'est là que les moines se lavaient. Aujourd'hui, on raconte que cette eau est magique : si les jeunes filles en quête d'un mari y jettent une épingle à cheveux, elles seront sûres de trouver un homme l'année suivante. Certaines visiteuses ont tenté leur chance et, sont revenues un an après avoir fait ce geste, avec un mari ! Alors, fruit du hasard ou agissement de sainte Catherine ? Tous les ans, l'abbaye organise des manifestations à l'occasion de la fête de sainte Catherine pour les célibataires.
Les moines fantômes
Sous la Révolution française, il n'y avait plus que quatre moines à Mortemer. Mais les révolutionnaires les pourchassèrent dans tout le domaine, les accusant d'être les affameurs du peuple, pour enfin les assassiner tous les quatre dans le cellier dont les murs gardent encore aujourd'hui les images du terrible massacre. On dit que leurs âmes en peine ne seraient toujours pas parties de l'abbaye. Pendant les deux guerres mondiales, des Anglais ont cru les apercevoir dans la forêt entourrant Mortemer.
Annexes
Notes et références
Bibliographie
- Simon Marsden, La France hantée, Paris, éditions Flammarion, , 195 p. (ISBN 2080114093)
- Jacqueline Caffin, Les Légendes de Mortemer, éditions du Castelet,
Liens externes
- (fr) E.F., Dossier sur l'abbaye de Mortemer sur maison-hantee.com
Article publié sur Wikimonde Plus
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