La Maison du Chapitre

Carte Postale reprenant une photo depuis la rue de l'Eglise

La façade sud de la Maison du Chapitre

La Maison du Chapitre est l'habitation de l'ancien corps de l'Abbaye de la Selle. Sise au 4, rue de la Gare à Croissy-sur-Celle. Elle fut longtemps appelée l'« ancien presbytère ».

Étude documentaire et historique

Bien que, comme en témoigne l'arc en accolade sur la façade sud, la bâtisse relèverait du XV^e siècle, ce fief ou "aleu" aurait été cédé par Thibaut, comte de Champagne et son frère Etienne, comte de Meaux au Chapitre de la Cathédrale d'Amiens en 1034^[1].

On trouve par ailleurs traces d'une ou d'un ensemble de propriétés appartenant au Chapitre de la Cathédrale d'Amiens et ce dès le XII^e siècle^[2] : des éléments font états de propriétés à Croissy^[3]^,^[4] mais sont cependant lacunaires. On sais cependant, que cet aleu reste sous le patronage de l'abbaye Notre-Dame de Breteuil^[5]

Au XIII^e siècle, des éléments plus précis nous renseignent sur les activités au sein de la propriété^[6] : il s'agit d'un fief appartenant au Chapitre et tenu par un prévôt . Ce fief sert de grenier pour le Chapitre comme en témoigne nombre d'éléments d'achats de céréales pour la consommation humaine ^[7] ^,^[8]. On retrouve également la vente de biens administrés par le chapitre, et ce, depuis le fief de Croissy^[9].

D'autres actes du Chapitre d'Amiens sont réalisés depuis la cathédrale « en l'absence du Doyen », ce qui tend à renforcer l'idée selon laquelle le Chapitre de la Cathédrale est administré depuis ses différentes propriétés, dont celles de Croissy^[10]. Cet éloignement de la Cathédrale est marqué par la multiplication des pièces administratives concernant les propriétés et droits du Chapitres^[11]^,^[12]^,^[13]^,^[14] : location de coteaux, de moulins, de champs, vente de droits de bailliage, … C'est ainsi que le Chapitre acquiert la Ferme de la Malmaison en 1534^[15]^,^[16]. Le Chapitre se dote également de terres et de fermes par adjudication au titre de redevances et charges non payées^[17]^,^[13]^, ^[18]. Les propriétés étant nombreuses, le Chapitre fait appel à Jean le Voir comme sergent des bois du Chapitre (Domaine de Croissy, Fontaine-Bonneleau, Bonneuil-les-Eaux, Gouy-les-Groseillers).

Un arrêt du Parlement en 1678 va bouleverser l'organisation du Chapitre^[13] : désormais les fond provenant des adjudications ne seront plus versés aux receveurs des consignations, mais aux greffes intemporels du bailliage de l'évêché, en d'autres terme au Chapitre. Dès lors, à la mort de Monseigneur Jean Loeullier^[19], dernier prêtre de la cure de Croissy le 18 décembre 1679, nombre de religieux tentent de prendre la direction du Chapitre tantôt par la ruse, tantôt par la menace. Il s'en suivra un procès concernant la nomination à la cure de Croissy. Cependant si la propriété du Chapitre de Croissy est source de conflit politiques pour sa direction, elle n'en reste pas moins le symbole de l'autorité religieuse, et fait également sur ces bénéfices, de substantiels dons aux pauvres^[20] ainsi qu'à la ville de Croissy, notamment en donations^[21].

Les carrières de Croissy, dont a été extraite la pierre constituant la Cathédrale d'Amiens^[22], sont gérées par les vénérables sieurs chanoines du Chapitre. Ceux-ci autorisent, le 4 novembre 1689, la sortie de pierres de la carrière^[23] pour l'édification de l'église Saint-Nicolas-des-Champs (Paris 3ième) ainsi que celle du village voisin de Monsures^[21] en 1782.

La fin du XVII^e siècle et le début du XVIII^e marquent également un important travail de mesure et de réalisation des plans de bois appartenant au Chapitre^[24], qui nous est parvenu quasi complet, ainsi qu'un plan du terroir de Croissy^[25] dont manquent 2 feuillet sur les 17 qui le composent. De nouveaux droits de taxes sont ainsi perçus dans la première moitié du XVIIIième siècle^[26]^,^[27] tandis que la seconde moitié du XVIIIième siècle est marquée par le recueille des droits de seigneurie du Chapitre sur le domaine de Croissy^[28]^,^[29]. Ledit domaine s'agrandit encore en 1747 avec l'achat de la ferme de Cocquerel^[30]. Le Chapitre qui dispose dès lors de terre de culture en suffisance relance les baux aux laboureurs et aux sesteliers-mesureurs de grains^[13] L'année 1775 voit publier un « Inventaire des titres de l'Église d'Amiens » au sommaire duquel Croissy figure parmi les plus grands domaines comme en témoigne le nombre de liasses dans lesquelles il apparaît ^[31] : « Croissy : Domaines et Terres », « Croissy : titres primordiaux de la seigneurie : chasse et pêche », « Croissy : Moulins, Etangs, Rivières », « Croissy : Église, Cure et Chapitre », « Croissy, Dîmes, Champarts », « Croissy : fiefs et censive », « Croissy : compte des censives ». Il s'ensuit en 1779 la nomination d'un procureur d'office^[32] chargé d'administrer les seigneuries de Fontaine-sous-Catheux, Croissy, La Vacquerie, Gouy-les-Groseillers, et Bonneleau … Cet inventaire permettra également au Chapitre de proposer de nouvelles terre au bailliage dès 1782.

Aux environs de 1830, la maison est offerte à la commune par Cavé d'Haudicourt pour en faire usage de presbytère^[33]. A partir de cette époque, nous possédons des éléments d'archive sur les travaux réalisés dans la maison^[34]. Dans un extrait de l'État du Clergé, il est dit : « Le presbytère n'est autre que La Maison du Chapitre. On remarque encore une porte en anse de panier en partie murée. La pièce principale offre une belle boiserie de style Louis XV ». Elle est surmontée par les armoiries de Louis-François-Gabriel d'Orléans de la Mothe, évêque d'Amiens de 1734 à 1774.