Vasco de Herrera

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Vasco de Herrera, né a Santiago du Chili le 28 avril 1951 d'un père routier et boxeur et d'une mère maîtresse d'école, et mort à Barcelone le 15 juillet 2001, est un poète chilien. Enfant, il se décrit comme gringalet, myope et passionné de lecture. En 1968 sa famille déménage au Mexique. Après son renvoi de l'école, il devient militant et journaliste libertaire. En 1972, il part à pied à la rencontre des indiens Tarahumaras, dans la Sierra Madre, pour une expérience quasi-mystique comprenant course à pied, rite du soleil et peyotl.

Pour l'essentiel de sa vie jusque dans les années 1990, Herrero vit en vagabond entre le Chili, le Mexique, l'Argentine, l'Espagne ou la France.

Il arrive en Europe en 1977, il travaille le jour comme plongeur dans un restaurant des banlieues de Barcelone d'abord, puis enchaîne les petits boulots comme groom, éboueur ou encore gardien de camping. Il écrit la nuit. En 1981, il décide de se consacrer uniquement à l’écriture et réussi à faire publier « Ocho Ojos », long poème en prose de plus de trois mille vers, d'abord paru en épisodes dans la revue Extremos, puis chez Eralde, son éditeur espagnol.

« À cette époque, c'était un provocateur professionnel, redouté par toutes les maisons d'éditions, faisant irruption dans les conférences et les séances de lectures. Même les vernissages étaient pour lui l'occasion de bousculer un peu, mais c'était parce qu'il était un fondamental anarchiste, pas forcément parce qu'il menait un mode de vie chaotique, comme on a pu le dire, il a toujours été idéaliste, héroïquement idéaliste... Heureusement que Jorge [Eralde, son éditeur] était là pour voir plus loin... » Alejandro Jodorowsky

Le 23 septembre 1984, il est arrêté à Séville pour trouble de l'ordre public et vagabondage et devant son état «alarmant et irresponsable», selon les autorités, il est placé d'abord sous surveillance, puis admis à l'Hospital Psiquiátrico de Sévilla. Il y restera 3 mois et 3 semaines. Il en sortira éprouvé, ayant subi plusieurs dizaines d’électrochocs, et avec sous la main ce qui deviendra plus tard « Amarres deviantes », son recueil le plus connu.

Une nuit d'avril 1989, à Paris, il demande calmement à son ami Louis-Émile Blanchard de le rendre aveugle. Il dit vouloir s'enlever les yeux «pour ne plus être tyrannisé par l'apparence des choses» Blanchard refuse et le quitte. Herrera disparaît alors pendant quelque temps. Quand il réapparaîtra, ses yeux seront couverts d'un bandeau noir qu'il portera jusqu'à la fin de sa vie. Il ne se déplace plus qu'à l'aide d'une canne d'aveugle, donnant ainsi naissance à l'image qui lui a survécu. De son vivant il ne donna jamais d'explication sur ce geste (sauf peut-être dans Visions, rédigé en français) à tel point que certains de ses détracteurs mirent en doute sa cécité, mystère qu'il aima entretenir jusqu'à sa mort et qui prit fin lorsque le médecin chargé de notifier son décès soulèvera le fameux bandeau pour y découvrir des orbites vides et cicatrisées depuis longtemps.

Dans Visions, Herrera écrit, « je ne veux plus être à la merci des choses et de leurs apparences, je veux clarifier ma vision, la désencombrer, je ne vois que des ruines. »

À partir de cette date, il cessera de prendre les drogues qu'il s'administre à cause de maux de tête chroniques qui le taraudent depuis l'enfance. Il multipliera alors les nouvelles, les essais, les contes pour enfants ou la poésie en prose et continuera avec acharnement à voyager. Il donnera aussi de multiples conférences, étant passé, dit-il de « la phase d'apprentissage de la vie à celle de son enseignement.» Il écrit sur plus de six cent cahiers d’écoliers, et, étonnamment, se met à dessiner. Pour la radio, média qui le fascine depuis longtemps, il écrit plusieurs pièces, rassemblées ensuite dans le recueil «  Ceniza de Eroes ». Il publie plusieurs essais, notamment sur Antonin Artaud, Armand Robin, poète et « écouteur professionnel », Velimir Khlebnikov, Lautréamont, Blaise Cendrars ou encore Jorge Luis Borges. Il rencontrera d'ailleurs ce dernier en 1986, six mois avant sa mort, et trois ans avant son aveuglement, à l'occasion de la sortie de In Fine.

Par la littérature et la poésie, le théâtre et le dessin, la radio et le voyage, chacune de ses activités a été un outil entre ses mains, « un moyen pour atteindre un peu de la réalité qui le fuit »

«L'omniprésence de la douleur influera sur ses relations et sur sa création, et cette souffrance où il a vu sa propre misère et celle de l'humanité, lui a fait rejeter avec violence les refuges de la foi ou de l'art que son époque lui proposait. Il a voulu vivre sa totale passion, pour trouver, au cœur du néant, l'extase. » Préface de Roberto Bolano au recueil posthume «Uxmal – Hix Witz»

Article publié sur Wikimonde Plus

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