Aït-Sedka

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Aït-Sedka (At Sedqa en kabyle, tifinagh ⴰⵝ ⵙⴻⴷⵇⴰ, étymologie : les fils de Sedqa) est une confédération de tribus composée de groupes humains organisés en hameaux, villages ou groupe de villages dans ou en dehors ou à proximité du Parc Naturel du Jurjura. On y décompte sans être exhaustifs les villages de Aït-Abdelali, Aït-Boumehdi, Aït-meghras (timeghras), ou le groupe de village Aït-Ergane, Aït-Aggad.

La confédération des Aït-Sedka se rattache à ce qu'on peut appeler la "super confédération" des Igawawen dont parle Ibn Khaldoun.

Ce groupe plus large est composé de plusieurs tribus ou confédération dont l'existence remonte à minima au 14e siècle.

Le "grand père" de la sociologie, Ibn Khaldoun cite 11 tribus chez les Zwawa (igawawen) dont les Sedqa. Les 10 autres tribus sont les Beni : Idjer, Menguellat, Betroun, Yenni, Bou Gherdan, Itouragh, Bou Youcof, Châib, Eici, Guechtoula[1].

Systémie sociétale des Amazighs

Tout d'abord disons que la "systémie (néologisme nécessaire pour rendre le sens de "système dynamique vivant") sociétale" repose sur l'organisation socio-politique et le principe d'alliance. Par exemple, ce principe peut redistribuer les cartes au sein d'une confédération en fonction du contexte historique. Car le conflit peut être interne ou externe au système ou concerner que tout ou partie du territoire. Ce mode d'organisation est avant tout dynamique. Devant l'absence de nécessité, l'échelon confédéral se trouve gelé. Mais il peut être réactivé au besoin. Ce processus d'alliance est avant tout dynamique. Même s'il convient de retenir que le principe de continuité ou discontinuité territoriale est un facteur de stabilité. Ce paradigme se vérifie quel que soit le contexte historique ou l'échelle territoriale, du macro au micro.

Ainsi en fonction du contexte et du danger encouru, une tribu peut aider peu ou prou dans le conflit. D'ailleurs la période de colonisation au XIXe siècle est riche de renseignement sur les jeux d'alliances dans ce système d'organisation. Y compris le contexte des guerres puniques en Afrique du Nord.

En effet, la colonisation française met sérieusement à mal l'élasticité ou le pouvoir homéostatique du système. Les grandes villes d'Algérie "tombent rapidement", il n'en va pas de même des contreforts montagneux et du désert. La géographie ne peut expliquer à elle seule une grande ou faible résistance. La "systémie sociétale" et sa densité est un paramètre encore plus important.

L'armée française mettra plusieurs décennies pour pénétrer le cœur de la Kabylie. Lors de la décennie 1860, elle pense en avoir fini avec la résistance des kabyles. Mais ce n'est que pour que les confédérations préparent le soulèvement quasi général de la Kabylie et même des tribus du désert en 1871. Confronté à un tel danger, c'est la dimension temporelle mais aussi spirituelle qui est mis en branle. Exemple la confrérie des "Rahmaniya". Le soulèvement est massif car il active les fonctions de la "systémie sociétale" du Monde Amazigh.

Le soulèvement dépasse le cadre de la superconfédration et active "l'échelon suprême" : celui des liens entre super-confédérations. Cet échelon met en connexion les montagnes et le désert mais aussi les montagnes et les vallées et les montagnes entre elles. Le soulèvement ira de Cherchell à Souk Ahras et de Bougie à Ouargla. Sans compter la super-confédération des Ouled Sidi cheikh dans l'ouest algérien. Il s'agit ici d'une lecture "transdisciplinaire" endogène au système.

Si la lecture est exogène, on va parler de soulèvement total du pays kabyle, d'une partie des Aures, de la frange du désert entre ouargla et toughourt ainsi que des ouled sidi cheikh. Sans parler de la "systémie" sociétale qui enflamme quasiment l'Algérie. Mis à part l'ouest algérien et le constantinois (cœur de Guelma) qui ne se solidarise pas de la même façon. Simplement parce que cette "systémie" temporelle et spirituelle du Monde Amazigh s'en est trouvé dans ce contexte historique affectée par l'installation d'un pouvoir centrale. Le pouvoir turc d'une part à Oran et Constantine. Les reliquats vivaces du royaume de Tlemcem. L’homéostasie de cette "systémie Amazigh" va mettre beaucoup de temps à se remettre en place dans ces territoires là. Ce travail même inconscient est encore à l’œuvre aujourd'hui.

Ce paradigme se vérifiera pendant la guerre d'Algérie. En effet, se sont toujours les mêmes territoires qui envisage une libération avec plus ou moins de préparation. Et étrangement se sont les acteurs de Guelma plus largement le "clan d'Oujda" qui prendront les manettes de l'armée des frontières. Si on ajoute le rôle de l'Emir Abdelkader la lecture n'en est que plus évidente. Les territoires qui ne se soulèvent pas en 1871 seront ceux qui ne présenteront qu'une louable mais relative pendant la guerre d'Algérie. Car dans la guerre d'Algérie on évacue plusieurs "clé de compréhension".

On évacue la nécessaire entente entre pouvoir temporelle et spirituel. On évacue la continuité historique entre le soulèvement de 1871 et la guerre d'Algérie. On ne relie le soulèvement et les massacres de Sétif qu'à 1954. Ce soulèvement est d'abord une résurgence de 1871. Le "Sétifois" est d'ailleurs le trait d'union vitale et nécessaire entre les super-confédérations des Aures et celles de la Kabylie. Dont bien entendu la tribu des Aït-Sedqa et finalement toutes les tribus que ne sont chacune que le maillon d'une "systémie" sociétale du Monde Amazigh.

L'organisation socio-politique à base 5 de la Kabylie ancienne

Ce principe d'organisation tribale chez les Kabyles commence toujours à partir de la fondation d'une maison (Axam), puis d'un groupe de maisons (Ixamen) fondées généralement autour d'un ancêtre commun.

Ce principe de base se retrouve également dans une légende kabyle. Celle-ci évoque un géant qui aurait eu 5 fils à l'origine de 5 tribus légendaires de Kabylie.

Youcef Allioui, Docteur en sociologie, nous apprends dans une conférence vidéo[2] sur l'organisation sociopolitique traditionnelle de la Kabylie ancienne. que le principe de "base 5" est généralement retenu dans le monde berbère sédentaire ( nomade ?) pour passer verticalement d'un cran à un autre pour dénommer les différents niveaux d'organisation.

Exemple : 5 maisons = adrum, 5 adrums = village, 5 villages = tribu (arche), 5 tribus = confédération de tribu. Le dernier échelon étant la fédération de confédérations comme celle des Agawa ou Igawawen.

Il convient toutefois de relativiser ce principe en fonction de cas particulier. Les Sedqa semble échapper à ce principe . Mais aussi parce que cela nécessite des études historique et anthropologique plus abouties sur cette confédération. D'autre part, parce que le contexte territorial ou l'usure du temps (colonisation, arabisation de la période pots-coloniale actuelle) affecte ce principe d'organisation. Les Arouchs (Aarches) sont en quelque sorte une manifestation récente (2001) et vivante de cette organisation démocratique ancienne. De manière plus générale, on observe aisément la survivance de cette "systémie traditionnelle" dans la vie quotidienne des kabyles. Surtout dans les premiers niveaux (adrum, assemblée de village).

Histoire des Aït-Sedka

Elle rejoint de manière plus globale l'histoire des algériens et des kabyles et particulièrement la confédération des Igawawens.

Références

  1. Jacques Lanfry, les zwawas d'Algérie centrale, essai onomastic et ethnographique. Article de revues en sciences. Site www.persee.fr
  2. [vidéo] « Disponible », sur YouTube

Article publié sur Wikimonde Plus

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