Camille Verhoeven

Camille Verhœven est le personnage principal de la trilogie romanesque éponyme de Pierre Lemaitre.

À travers trois destins de femmes, la trilogie raconte la descente aux enfers d’un commandant de la police judiciaire, Camille Verhœven, Commandant à la Brigade Criminelle de Paris.

Travail soigné (réédité au Livre de poche en 2010)

À Courbevoie, deux jeunes femmes sont massacrées dans des conditions aussi étranges qu’épouvantables. Les enquêteurs sont bientôt renvoyés à une affaire antérieure de quelques années : une femme découpée en deux et retrouvée dans une décharge. Camille va effectuer un étonnant rapprochement : ce second meurtre est la reproduction exacte de celui de Betty Short, l’héroïne du Dahlia noir de James Ellroy. L’affaire s’ébruite dans la presse : Camille est pris en étau entre la pression médiatique et la naissance prochaine de son fils. Irène, son épouse est enceinte de huit mois… Entouré de Louis Mariani et Jean-Claude Maleval, ses coéquipiers, il creuse la piste d’un étrange copycat : le premier meurtre semble en effet reproduire une scène hallucinante décrite par Bret Easton Ellis dans American Psycho. Face au scepticisme de sa hiérarchie, Camille décide d’entrer personnellement en relation avec le tueur par l’intermédiaire de petites annonces. Ce dernier confirme « l’hypothèse Verhœven » et permet d’identifier plusieurs affaires anciennes dupliquant, jusqu’à la perfection, les meurtres de classiques du thriller : Roseanna, de Maj Sjöwall et Per Wahlöö, Laidlaw de William McIlvanney et même le célèbre crime d’Orcival d’Émile Gaboriau, ancêtre du roman policier… Convaincu que le tueur ne sème pas la mort au hasard de ses admirations littéraires, mais qu’il a un projet plus ambitieux, Camille choisit de le provoquer afin de le pousser à la faute. Le tueur lui remet le manuscrit d’un roman, qui raconte, jusque dans le moindre détail… la propre enquête de Camille, comme si le tueur l’avait lui-même organisée de toutes pièces. La fin de ce roman désigne l’entourage de Camille comme victime du drame à venir… Aussitôt, fiction et réalité se confondent : l’épouse de Camille est enlevée. Quelle sera la vraie fin de l’histoire : la fin romanesque ou la fin réelle ! Commence alors une nuit fébrile, véritable course-poursuite contre l’horreur : le roman indique en effet que le meurtre final sera commis aux premières heures du matin…

Dans ce premier roman, mise en abîme sur l'ambivalence romanesque des notions de fiction et de réalité sur fond de roman de serial killer, Pierre Lemaitre rend hommage à quelques-uns de ses maîtres.

Le Dictionnaire des Littératures Policières (éd. Joseph K.) souligne à propos de cet ouvrage qu'il "s'est fait remarquer pour ses scènes d'une extrême violence (...). À ce propos l'auteur s'interroge : "Dans le fait d'assassiner des gens, comment se définit une limite "raisonnable"? Le polar a-t-il vocation à exorciser la barbarie de nos sociétés ? à les présenter sous un jour acceptable?".

Pour "Travail soigné", Pierre Lemaitre emprunte à Roland Barthes son exergue : L’écrivain est quelqu’un qui arrange des citations en retirant les guillemets, affirmant ainsi une distance vis-à-vis de l'imaginaire littéraire qui ne cessera de se confirmer au fil de son travail. Ce premier volet de la trilogie voit ainsi apparaître : "Louis Althusser, Georges Perec, Choderlos de Laclos, Maurice Pons, Jacques Lacan, Alexandre Dumas, Honoré de Balzac, Paul Valéry, Homère, Pierre Bost, Paul Claudel, Victor Hugo, Marcel Proust, Danton, Michel Audiard, Louis Guilloux, George Sand, Javier Marías, William Gaddis, William Shakespeare".

Travail soigné a obtenu le Prix du premier roman du Festival de Cognac en 2006.

Alex (Albin Michel, 2011)

La fin de la précédente enquête a profondément marqué Camille Verhœven. Lorsqu’il reprend son poste à la Brigade Criminelle, il ne veut plus que des affaires froides, « où les morts sont derrière, pas devant » ! C’est compter sans l’habileté du divisionnaire le Guen qui expédie de force Camille sur un cas… d’enlèvement qui résonne douloureusement avec le passé de Camille. Ici, c’est une jeune femme, kidnappée en pleine rue. Les chances de la retrouver vivante diminuent tragiquement avec les heures. Camille isole le kidnappeur, mais celui-ci se suicide en ne laissant derrière lui qu’une interrogation stupéfiante : les images prises par son téléphone portable montrent que la jeune femme est enfermée dans un endroit infesté de rats. La retrouver est d’autant plus difficile que l’identité de la victime reste un mystère : aucun signalement ne correspond à sa description. Tandis que, de son côté, elle tente de résister aux attaques des rats affamés, Camille remonte à deux assassinats dont cette victime inconnue est certainement l’auteur : des hommes, tués sauvagement, les parties génitales brûlées à l’acide. Lorsque enfin Camille découvre le lieu de sa captivité, la jeune femme est parvenue à s’échapper… L’enquête bascule du tout au tout : ce n’est plus seulement la victime d’un enlèvement que l’on cherche, mais l’auteur d’une série de crimes… Dans sa cavale, la jeune femme sème à nouveau la mort derrière elle et lorsque Camille la retrouve enfin, elle vient de se suicider. Son identité est enfin découverte. Elle s’appelle Alex. Commence alors une nouvelle enquête sur le passé intime de cette femme à la fois victime et meurtrière, enquête qui va conduire Camille, au terme d’une garde à vue d’une rare violence, à la plus tragique des hypothèses…

Dans ce second volume de la trilogie, Alex, Pierre Lemaitre joue cette fois sur l'identification qui est un des principaux moteurs du plaisir chez les lecteurs de thrillers.

Ce second volet de la trilogie s'achève par ces mots : "Louis Aragon, Marcel Aymé, Roland Barthes, Pierre Bost, Fédor Dostoïevski, Cynthia Fleury, John Harvey, Antonio Muñoz Molina, Boris Pasternak, Maurice Pons, Marcel Proust et quelques autres trouveront ici, pour le léger emprunt que je leur fais, l’expression de ma gratitude."

Sacrifices (Albin Michel, à paraître, 2012)

Si Camille est revenu dans le circuit des « affaires chaudes », il n’est pas un homme en paix avec soi-même. Il ne s’aime pas en flic et le poids des deux grandes affaires dont il a été le protagoniste l’a profondément marqué. Le temps serait-il venu de payer l’addition ? C’est exactement ce que Camille croit lorsque Anne Forestier, son amie depuis un an, assistant à un braquage, surprend le visage des hommes, est sauvagement passée à tabac et se retrouve hospitalisée, défigurée, presque morte. Camille, entré en effervescence, en fait aussitôt une affaire personnelle. Pense-t-il tenir sa revanche sur lui-même ? Peut-être. Espère-t-il se racheter à ses propres yeux ? Sans doute. Les braqueurs sont connus, c’est une équipe brutale, sans scrupule dirigée par un certain Vincent Hafner. Mais ceci n’explique pas l’acharnement de ce dernier à poursuivre Anne pour la tuer, jusque dans sa chambre d’hôpital, quasiment sous les yeux d’un Camille impuissant à la protéger. Anne exige de sortir. Transgressant alors toutes les règles policières, bientôt suspect aux yeux de sa hiérarchie, refusant toute aide, véritable électron libre à la recherche de la vérité quelle qu’elle soit, Camille Verhœven commet l’irréversible : il aide Anne à fuir et l’abrite dans sa maison de campagne, près de Paris… où Hafner, deux jours plus tard, la retrouve et tente à nouveau de la tuer. Anne serait-elle la clé de l’histoire ? Au fond, que sait réellement Camille de cette femme qui partage sa vie depuis près d’un an ? Camille comprend alors qu’il avait raison de considérer cette affaire comme personnelle… Au terme d’une nuit fiévreuse, il va être brutalement ramené à son propre passé, à son point de départ. Voir son destin basculer dans la tragédie.

On attend, dans "Sacrifices", les noms de : Marcel Aymé, Thomas Bernhardt, Nicolas Boileau, Heinrich Böll, William Faulkner, Shelby Foote, William Gaddis, John Le Carré, Jules Michelet, Antonio Muñoz Molina, Marcel Proust, Olivier Remaud, Jean-Paul Sartre, Thomas Wolfe.

Bibliographie

• Travail soigné, roman
  • Éd. du Masque, 2006, 532 p. (coll. "Le Masque" n° 2501). (ISBN 2-7024-3362-6)
  • Librairie générale française, juin 2010, 407 p. (coll. "Le Livre de Poche Thrillers" n° 31850). (ISBN 978-2-253-12738-3)

• Alex, roman
  • Albin Michel, févr. 2011, 392 p. (ISBN 978-2-226-21877-3)
  • Paris : Audiolib, mars 2011. Livre lu. Format MP3. Texte intégral lu par Philippe Résimont. ISBN 978-2-35641-282-9
  • Librairie générale française, mai 2012, 396 p. (coll. "Le Livre de Poche Thrillers" n° 32580). ISBN 978-2-253-16644-3

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