Surfiguration

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La surfiguration est un mouvement pictural qui voit le jour à Paris au début du XXIe siècle. Il est conduit par le peintre Jacques Cauda et ses épigones, Jean Lemire, Jean-Pierre Renard et Paul Klémal

Outre, le peintre vaudois Jean Viollier (1896-1985) dont la peinture a été qualifiée de surfigurative, c'est Edmund Husserl qui le premier a forgé le concept de surfiguration (übermalung). Husserl définit la surfigure comme une des "figures de l'illusion et de l'illusoire." " Le passé intentionné, écrit-il dans "De la synthèse passive", peut être surfiguré et l'image produite, se formant intuitivement, se recouvre avec ce qui est intentionné." Autrement dit, il s'agira en pratique, de recouvrement, et plus spécifiquement, de recouvrir une image. Arnulf Rainer, l'artiste autrichien, s'y emploiera, en recouvrant de peinture, de façon partielle, des photographies, le plus souvent des autoportraits. Mais c'est en France, avec le peintre Jacques Cauda, que la surfiguration, en regard des théories de Husserl et de la pratique de Rainer, deviendra un nouveau courant pictural. Jacques Cauda, dans son livre manifeste "Toute la lumière sur la figure" affirme qu'il est devenu impossible à la peinture de s'appuyer sur le réel. Et que son seul et unique objet, qui est une donnée intangible du monde d'aujourd'hui, ne saurait être autrement, ni autre chose, qu'une image. C'est pourquoi, il choisit de prendre appui sur un déjà-vu, réglant ainsi, de façon provisoire, la dualité posée de toute éternité dans la peinture, entre l'imitation et l'invention, entre le reproduit et le représenté. "Peindre le déjà-vu, s'interroge-t-il, ne revient-il pas à le maintenir dessus le monde des images par le signe efficace de sa propre destruction?"

La première exposition à proprement parler surfigurative a lieu à Paris en octobre 2000. Le peintre Erro et le performeur Kader Attia y assistent comme témoins privilégiés. Jacques Cauda y montre des nus photographiés non pas recouverts de peinture mais revus par la peinture, au sens husserlien du terme, c'est-à-dire comme formés intuitivement, dans une sorte de ressouvenir de ce qui a été. Et c'est pourquoi l'exposition s'intitule : " Toutes les femmes aiment reposer nues!" Revoir, se ressouvenir, reposer. Reposer les questions qui hantent aujourd'hui les peintres figuratifs qui, pour la plupart, utilisent la photographie ou comme support ou comme modèle.

Notes et références

  • Julia Elchinger, Éloge du flou, la surfigure, thèse en arts visuels, Université de Strasbourg, 2010.

Voir aussi

Sources et bibliographie

  • Jacques Cauda, Toute la lumière sur la figure, éditions Ex Aequo.
  • Julia Elchinger, Éloge du flou, la surfigure, thèse en arts visuels, Université de Strasbourg, 2010.
  • Edmund Husserl, L'apodicticité du ressouvenir, trad.fr. B. Bégout et J. Kessler, Millon, Grenoble, 1988.
  • Edmund Husserl, De la synthèse passive, trad.fr. B. Bégout et J. Kessler, Millon, Grenoble, 1998.

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