Cécile Lauru

Aller à la navigation Aller à la recherche
Fichier:Cécile Lauru.JPG
Portrait de Cécile Lauru par Magdalena Radulescu (1941?).

Cécile Lauru (épouse Paleolog), née en 1881 à Nantes et morte en 1959 à Paris, est une musicienne française dont l'œuvre et la vie sont liées aussi à la Roumanie.

Biographie

Née à Nantes dans une famille protestante et apparentée, du côté maternel, à la famille Ducasse[1] (qui compta plusieurs pasteurs à Nérac et à Cognac ainsi qu'André Ducasse, historien des Camisards et de la Grande Guerre), la jeune Cécile Lauru bénéficia d'une éducation soignée et polyvalente. Elle montra dès son enfance des aptitudes sérieuses pour la musique et se voua très tôt au piano et à l'orgue et, plus tard, à l'alto et au violoncelle. Suivant ses parents à Paris, elle approfondit non seulement l'étude de l'orgue mais, également, l'art de la composition et le contrepoint auprès de Charles Tournemire successeur de César Franck à l'église Sainte Clotilde où il fut titulaire des orgues.

La Société des compositeurs de musique de Paris inscrit Cécile Lauru parmi ses membres et l'aide à publier quelques-unes de ses créations dont plusieurs furent jouées à la salle Pleyel en 1906, 1907 et 1908. À partir de 1907, les Concerts Laënnec retiennent un certain nombre de ses lieds dans leurs programmes permanents.

Elle passe treize ans à la cour impériale allemande à Berlin et Potsdam en tant qu'enseignante de français auprès de la princesse Victoria-Louise de Prusse, fille de Guillaume II. Elle fit entendre ses propres œuvres dans la Beethovensaal de Berlin.

Elle se marie en 1914 avec V. G. Paleolog et pour encore quelques années à Paris, elle fréquente avec son époux le milieu des artistes de Montparnasse, Brancusi et Erik Satie tout particulièrement. Ce dernier, lui confia l'intérêt qu'il accordait grâce à son ami Brancusi au folklore musical roumain - détail qu'elle nota[2] et qui fut d'ailleurs confirmé par les analyses plus récentes de l'œuvre de ce compositeur original[3].

La Marche de la victoire (Op. 22) que Cécile Lauru dédia en 1919 à la France et à la Roumanie, est la dernière œuvre réalisée dans son pays natal. Après 1923, elle vit en Roumanie et, pendant plusieurs années, à Berlin, ville à laquelle elle fut très attachée. Le langage musical de Cécile Lauru arrive à sa maturité entre les deux Guerres de toute évidence sous l'influence des mélos des Carpates. Elle eut l'occasion de s'entretenir avec plusieurs compositeurs roumains de l'époque dont Constantin Brăiloiu et Dimitrie Cuclin et pris connaissance des œuvres et des phonogrammes de Béla Bartók – le compositeur et l'ethnomusicologue. Dans un bon climat d'émulation créative elle réalisa plusieurs Trios dont La foire de Tismana (Op. 53) et Dimanche des Rameaux au monastère de Cozia (Op. 54), une Sonate pour violon et piano (Op. 40), ainsi qu'un Poème symphonique (Op.55) dont les développements sont basés sur des systèmes modaux tirés de la musique traditionnelle roumaine. Sous les auspices de la «Société des Amis de la Science» de Craiova, elle présenta et fit jouer ses Trios en 1928. Ses autres compositions ne furent chantées et interprétées que dans des cercles de mélomanes en Roumanie et en Allemagne. Le Poème symphonique a du, quant à lui, attendre jusqu'en 1974 le concours d'un orchestre de professionnels de valeur pour être joué[4]. Son auteur n'aura, donc, pas eu la chance de l'entendre.

Après la Seconde Guerre, suite à l'occupation soviétique en Roumanie, elle a du supporter maintes vexations[5] vu son vécu et en tant qu'épouse de V. G. Paleolog. Elle finit par obtenir un visa pour la France. En 1959, le troisième jour après son arrivée à Paris, elle sera victime d'un accident sur les Champs Elysées.

Œuvres publiées

  • Communion (poésie de Léonce Depont), Ed. F. Durdilly, Paris, 1901(?)
  • Drossellied (von F. Hugin) für eine Singstimme mit Begleitung des Pianoforte, Ed. N. Simrock, GmbH in Berlin, Leipzig, Koln, Berlin, 1906.
  • Zwei Lieder (von F. Hugin) für eine Singstimme mit Begleitung des Pianoforte, Ed. N. Simrock, GmbH in Berlin, Leipzig, Koln, Berlin, 1906.
  • Nouveau-nés. Berceuse (poésie de A. Daudet), Ed. F. Durdilly, Paris, 1906(?)
  • Impressions brèves. Neuf mélodies pour une voix avec accompagnement de piano (poésies de Sully Prudhomme, Ronsard, A. Dorchain, Leconte de Lisle et Conrad F. Mayer), Ed. F. Durdilly, Paris, 1907.

Partitions manuscrites

Nombre de manuscrits de musique non publiés appartenant à la famille.

Notes

  1. Antonia Ducasse (née Malet), fondatrice de l'Institut Jeanne d'Albret à Nérac, transmettra sa passion pour la pédagogie à sa fille Louise qui, à son tour, fonda et dirigea un foyer de jeunes filles à Nantes. Cette dernière, épousa Henry Lauru et fut mère de quatre enfants, dont Cécile.
  2. Voir sa conférence prononcée en 1928 : Erik Satie, Claude Debussy - parallèlement, texte mss.
  3. Ornella Volta, Erik Satie, Hazan, coll. « Hazan Lumières », Paris, 1997, 197 p. Voir aussi : Vasile Tomescu, Histoire des relations musicales entre la France et la Roumanie, Ed. Muzicala, Bucuresti, 1973.
  4. Le Poème symphonique «Dimanche des Rameaux à Cozia» fut joué en Roumanie, par l'orchestre philharmonique «Oltenia» (Filarmonica de stat «Oltenia») de Craiova, sous la baguette de Teodor Costin en mai 1974. Un enregistrement fut réalisé à cette occasion.
  5. Elle légua à sa famille presque mille pages de mémoires qui retracent sa jeunesse nantaise et parisienne, ainsi que les 13 années passées en Allemagne dont 10 à la cour impériale de Berlin et de Potsdam. Voir : Georgescu Sanda, Excerpte din memoriile lui Cécile Lauru (soţia lui V.G. Paleolog) : relatarea sejurului la curtea ultimului Kaiser al Germaniei (1903 - 1913)(Extraits des «Mémoires» de Cécile Lauru (épouse V.G. Paleolog) concernant son séjour à la cour du dernier Keiser d'Allemagne), Ed. Pantheon, Bucuresti, 2007, 59 p.il.

Bibliographie

  • André Paleologue, « Musicienne française en Roumanie », dans Réforme, sept 1999.
  • Sanda Ionela Georgescu, Excerpte din memoriile lui Cécile Lauru, sotia lui V. G. Paleolog, Bucarest, Pantheon, 2005 (extraits des mémoires de Cécile Lauru)

Article publié sur Wikimonde Plus

  • icône décorative Portail de la musique