Jacques Blois (linguiste)

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Jacques Blois (linguiste)
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Jacques Blois est un linguiste, grammairien et enseignant-chercheur belge francophone, actif au XXe siècle, dont la carrière débute dans les années 1960. Il a enseigné à l'Institut supérieur de traducteurs et interprètes (ISTI) et à l'Université libre de Bruxelles (ULB). Ses recherches portent sur la syntaxe du français, la néologie, la traduction automatique et les bases de données linguistiques.

Biographie

Jacques Blois a exercé comme professeur à l'Institut supérieur de traducteurs et interprètes (ISTI), aujourd’hui intégré à l'Université libre de Bruxelles (ULB) sous le nom d’École de Traduction et Interprétation ISTI-Cooremans[réf. nécessaire]. En 1963, il coécrit avec E. Morlet Morphologie du français pour la traduction automatique, un rapport commandé par la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom) et publié par l'ULB. Ce document modélise la morphologie française pour la traduction automatique sur l'ordinateur IBM 7090, avec des tests sur l'IBM 1620, en s'inspirant des travaux de l'université de Georgetown sur l’anglais.

Dans les années 1980, il collabore avec le linguiste québécois Jean-Claude Boulanger sur Les néologismes dans l’hebdomadaire « L’Express », publié par l’Office québécois de la langue française. Il contribue également au développement des bases de données CLEF et LEXI à l’ISTI, basées sur IBM STAIRS, pour la recherche terminologique[1].

Travaux

Grammaire et syntaxe

Jacques Blois a étudié la syntaxe et la sémantique du complément d’objet direct (COD) en français. Il est l’auteur de la « Grammaire Blois », une méthode pédagogique destinée à l’enseignement secondaire, accompagnée d’exercices.

Néologie et lexicologie

Il a analysé la formation des néologismes dans la presse francophone, notamment à travers Les néologismes dans l’hebdomadaire « L’Express » (1980).

Traduction automatique et bases de données

Jacques Blois, chercheur au sein du Groupe de Linguistique Automatique de l'université libre de Bruxelles[2], a joué un rôle clé dans le développement de la traduction automatique et du traitement linguistique, dans le cadre du contrat Euratom n°018615 CETB. Ses travaux ont posé les bases des techniques modernes d’analyse morphologique et de traitement automatique des langues (TAL).

Dans ce contexte, Jacques Blois a participé à l’élaboration de DICAUTOM, un outil conçu pour assister les traducteurs en s’appuyant sur un système d’analyse morphologique du français que Jacques Blois a lui-même développé. Ce programme visait à améliorer la recherche et l’exploitation des dictionnaires multilingues, facilitant ainsi le travail des linguistes et traducteurs.

Les recherches de Jacques Blois sur DICAUTOM ont joué un rôle déterminant dans le développement de la traduction automatique et de la linguistique computationnelle, conduisant à l'évolution du projet en EURODICAUTOM, une banque terminologique multilingue mise en place par la Commission européenne.

Dès les années 1950, plusieurs recherches sur la traduction automatique ambitionnent de surmonter la « tâche du traducteur » évoquée par Walter Benjamin. À l’intersection de la technologie et des sciences du langage, le projet pionnier EURODICAUTOM (initialement DICAUTOM) a émergé dans les années 1960 comme une banque de données terminologiques révolutionnaire, devenant rapidement un outil incontournable pour les traducteurs européens[3].

En 2007, EURODICAUTOM a été intégré à IATE (Inter-Active Terminology for Europe), qui centralise aujourd’hui la terminologie officielle des langues de l’Union européenne. L'empreinte des travaux de Blois reste perceptible dans les outils modernes de traduction assistée et de gestion terminologique, son système d’analyse morphologique constituant le noyau fondateur de DICAUTOM, puis de son évolution sous EURODICAUTOM (en).

À l’intersection de la technologie et de la linguistique, le projet « Dicautom - Eurodicautom », s’est imposé dès les années 1960 comme un outil essentiel pour les traducteurs européens[3]. Jacques Blois est donc à l'origine d'une innovation majeure dans le domaine de la linguistique computationnelle et de la traduction automatique, notamment à travers le programme DICAUTOM dont le coeur du programme informatique repose sur le système d'analyse morphologique du français, développé par Jacques Blois. À ce sujet, un document de l’époque des créateurs de DICAUTOM (dont Jacques Blois fait partie) décrit ainsi le programme :

« LE PROGRAMME "DICAUTOM" DE CONSULTATION AUTOMATIQUE DE DICTIONNAIRES POUR TRADUCTEURS HUMAINS, avec analyse morphologique du français, est achevé (voir liste des publications). Il doit permettre aux linguistes et aux traducteurs de construire et d'utiliser des dictionnaires à consulter automatiquement, traduisant le français vers n'importe quelle autre langue. L'objectif et l'usage principal est de fournir au traducteur humain, chaque fois qu'un mot possède dans la langue-source la même signification interne, un mot de la langue-cible et un seul dont la précision ne laisse subsister aucun doute. Pour retrouver ces termes appropriés, les traducteurs se voyaient, jusqu'ici, contraints d'effectuer des recherches laborieuses de contextes analogues. Ce travail est un sous-produit de nos recherches effectuées pour l'élaboration de notre objectif principal (traduction russe-français). Il utilise en effet notre système d'analyse morphologique du français (J. BLOIS) et notre connaissance de l'écriture des choix lexicaux, élaborée depuis plusieurs mois pour notre dictionnaire russe-français à l'aide de concordances de physique »

— « UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES Institut de Statistique. BILAN DE 2 ANS D'ACTIVITÉ DU GROUPE DE LINGUISTIQUE AUTOMATIQUE. (P.P. GILLIS - J.M. FAVERGE - L.S. HIRSCHBERG). 1er juin 1961 - 1er juin 1963 » [archive du ], Université libre de Bruxelles, , p. 2

Jacques Blois a également travaillé sur les bases de données linguistiques CLEF et LEXI[1].

Publications

Ouvrages

  • avec E. Morlet, Morphologie du français pour la traduction automatique, [lire en ligne] 
  • Analyse morphologique automatique du français, [lire en ligne] 
  • Les néologismes dans l’hebdomadaire L’Express, [lire en ligne] 
  • avec Marc Bar, Grammaire : pour toutes les classes de l’Enseignement secondaire, (OCLC 1009453777) 
  • avec Marc Bar, Grammaire : pour toutes les classes de l’Enseignement secondaire,  
  • avec Marc Bar, Grammaire : pour toutes les classes de l’Enseignement secondaire, (OCLC 1400818032) 
  • Notre langue française. Exercices. Classes terminales, Didier,  
  • avec Marc Bar, Notre langue française. Exercices. Classes terminales. Livre du maître,  
  • avec Marc Bar, Notre langue française. Grammaire, Didier,  
  • avec Marc Bar, Notre langue française. Textes et exercices. Classe de sixième,  
  • avec Marc Bar, Notre langue française. Textes et exercices. Classe de cinquième,  
  • avec Marc Bar, Notre langue française. Textes et exercices. Classe de quatrième,  
  • avec Marc Bar, Notre langue française. Textes et exercices. Livre du maître. Cycle d’observation I (6e) et II (5e), Cycle d’orientation (4e),  
  • avec Marc Bar, Précis d’analyse française. Classes de 6e, 5e et 4e,  
  • avec Marc Bar, Principes d’analyse structurale,  
  • avec Marc Bar, Problèmes de la traduction automatique, (OCLC 2013687) 
  • Traitement automatique de la morphologie du français, Institut supérieur de l'état de traducteurs et interprètes, [lire en ligne] 
  • Traduction automatique [lire en ligne] 

Articles scientifiques

Comptes rendus

  • « Henry (Albert), Métaphore et Métonymie, 1971 », Équivalences, 4e année no 2,‎ , p. 39-40 (lire en ligne)
  • « Dubois (Jean), Grammaire structurale du français III, 1973 », Équivalences, 4e année no 1,‎ , p. 32-35 (lire en ligne)
  • « Coyaud (Maurice), Linguistique et Documentation, 1973 », Équivalences, 4e année no 2,‎ , p. 40-41 (lire en ligne)
  • « Caput (Jean-Pol), La Langue française, Histoire d’une Institution, 1973 », Équivalences, 4e année no 1,‎ , p. 35-36 (lire en ligne)
  • « Termes techniques français - Essai d’Orientation de la Terminologie, 1973 », Équivalences, 4e année-n°3 ; 5e année-n°1,‎ , p. 79-80 (lire en ligne)

Réception et influence

Les travaux de Jacques Blois en linguistique computationnelle, traductologie, grammaire française et néologie ont été reconnus dans des publications académiques internationales et contemporaines, comme en témoignent plusieurs sources secondaires indépendantes. Dès 1962, son ouvrage Morphologie du français pour la traduction automatique, coécrit avec E. Morlet, est mentionné dans Current Research and Development in Scientific Documentation, No. 11, un rapport de la National Science Foundation (NSF), qui souligne son apport précoce à la traduction automatique[4]. En 1964, Analyse Morphologique Automatique du Français (1963) est évoqué par Victor H. Yngve dans un article de la revue Science, intitulé Automatic Information Processing in Western Europe, qui examine les avancées européennes en traitement de l’information, renforçant la visibilité internationale de Blois dans les années 1960[5]. En 1969, L’Athénée (volume 58), publié par la Fédération de l’enseignement moyen officiel de Belgique, cite ses travaux, en lien avec la « Grammaire Blois », témoignant de son influence dans l’enseignement secondaire belge[6]. En 1970, Marche romane (volume 20), édité par l’Association des romanistes de l’Université de Liège, fait référence à ses recherches, possiblement dans le domaine de la syntaxe ou de la néologie[7]. En 1972, la Revue des langues vivantes (volume 38), publiée par l’Association des professeurs de langues vivantes de Belgique, mentionne également ses contributions, renforçant sa reconnaissance dans les cercles académiques multilingues[8].

Son influence perdure dans les études plus récentes. En 2010, Les néologismes dans l’hebdomadaire L’Express (1980) est cité dans les Actes du 1er Congrès International de Néologie des Langues Romanes, publiés sous la direction de M. Teresa Cabré et al. par l’université Pompeu Fabra, une institution reconnue dans les études des langues romanes, montrant la pertinence continue de ses recherches sur l’évolution lexicale[9]. En 2011, la « Grammaire Blois » (1975) est référencée par Radka Fridrichová dans un article sur les abréviations en français, publié dans Romanica Olomucensia (vol. 23, no. 2), revue à comité de lecture de l’université Palacký[10]. En 2015, François Parent, dans sa thèse doctorale La définition du terme « mot » en grammaire française contemporaine : une approche par la sémantique lexico-grammaticale à l’université Laval, cite la « Grammaire Blois », pour son apport à l’analyse des unités lexicales et grammaticales[11]. En 2018, Audrey Roig, dans Nous allons à Mons. Du régime à l’adjet, publié dans SHS Web of Conferences lors du Congrès Mondial de Linguistique Française, référence la « Grammaire Blois » (1975) pour illustrer l’évolution de la classification des compléments dans la grammaire scolaire[12]. En 2004, les Cahiers de lexicologie (numéros 84-87), publiés par le CNRS, citent la « Grammaire Blois », confirmant sa pertinence dans les recherches modernes[13]. Enfin, en 2023, Stoyan Trachliev, dans sa thèse à l’université de Salamanque, cite Structure et ponctuation de Jacques Blois (1971)[14].

Ces citations, couvrant plus de six décennies et issues de publications académiques reconnues, illustrent l’influence durable de Blois dans la linguistique computationnelle, la grammaire et la néologie.

Notes et références

  1. Revenir plus haut en : 1,0 et 1,1 « Les banques de données de l’ISTI », Équivalences, 14e année nos 2-3 « La traduction et l'interprétation : réalités et perspectives »,‎ , p. 61-66 (DOI 10.3406/equiv.1983.1082, lire en ligne).
  2. « Bilan de 2 ans d'activité du groupe de linguistique automatique ».
  3. Revenir plus haut en : 3,0 et 3,1 Gwénaël Glâtre, « Le traducteur et l’ingénieur « Eurodicautom », années 1960 », dans Encyclopédie d'histoire numérique de l'Europe, (ISSN 2677-6588, lire en ligne) (consulté le ).
  4. (en) Current Research and Development in Scientific Documentation, National Science Foundation, Office of Science Information Service, , p. 216 [texte intégral] .
  5. (en) Victor H. Yngve, « Automatic Information Processing in Western Europe », Science, vol. 144, no 3619,‎ , p. 626-632 (DOI 10.1126/science.144.3619.626, lire en ligne).
  6. L’Athénée, Fédération de l’enseignement moyen officiel du degré supérieur, vol. 58, [texte intégral] .
  7. Marche romane, Association des romanistes de l’Université de Liège, vol. 20, [texte intégral] .
  8. Revue des langues vivantes, Société François Closset et Association des professeurs de langues vivantes, vol. 38, [texte intégral] .
  9. « Actes du 1er Congrès International de Néologie des Langues Romanes », Université Pompeu Fabra, , p. 69.
  10. Radka Fridrichová, « La problématique de la définition du mot abréviation – différents procédés de création de mots nouveaux par l’abréviation », Romanica Olomucensia, vol. 23, no 2,‎ , p. 11 (lire en ligne).
  11. François Parent, La définition du terme « mot » en grammaire française contemporaine : une approche par la sémantique lexico-grammaticale, Université Laval, , pdf [lire en ligne] .
  12. Audrey Roig, « Nous allons à Mons. Du régime à l’adjet », SHS Web of Conferences, vol. 46,‎ , p. 5 (DOI 10.1051/shsconf/20184604002, lire en ligne).
  13. Cahiers de lexicologie, Centre national de la recherche scientifique, no 84-87, [texte intégral] .
  14. (es) Stoyan Trachliev, La traducción de los fraseologismos en la combinación lingüística francés-búlgaro, Université de Salamanca, [lire en ligne] .

Voir aussi

Liens externes

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