Jean Larrieu (militaire)

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Le Jedburgh Jean Larrieu, cité à l'ordre de l'Armée par De Gaulle est décoré de la Croix de Guerre avec palmes, à Lyon par le colonel Descour et Mary-Basset le 5 septembre 1944 en même temps que Williams Evans.

Jean Larrieu,[1] [2]officier français, né le à Saint-Jean-de-Luz et mort en service le à Vincennes en pleine guerre froide, est un cavalier, Jedburgh, figure des forces spéciales durant la Seconde Guerre mondiale, la guerre d'Indochine, (Force 136), la guerre d'Algérie et la guerre froide (réseau Stay-Behind). Membre du Bureau central de renseignements et d'action (B.C.R.A., services secrets de la France libre), de la D.G.S.S. et de la D.G.E.R. Commandant en second du 13ème Régiment de Dragons Parachutistes, son commandement lui en est confié plusieurs fois dans la période entre 1961 et 1962[3], pendant la guerre d'Algérie. Ainsi, c'est à sa tête qu'il le ramènera en métropole à Castres le 26 Août 1962. Encore activité au sein du 800 GET de Saint-Denis (Groupement d'exploitation des transmissions), il trouve la mort le 17 Janvier 1969, dans un hôpital parisien, sans avoir repris connaissance, après avoir été heurté, avant l'aube, par une voiture dans le bois de Vincennes, lors de son entraînement quotidien. Cet accident porte une forte présomption d'assassinat par les services soviétiques[4].

Famille et jeunesse

Jean Larrieu travaille sur le domaine de son père d'Attar en Tunisie et, gagne un pari avec celui-ci, sur la quantité d'hectolitre et de degré de la future vendange. Soit, il renonçait à un an de salaire soit, il avait une moto, en 1928.

Né le à Saint-Jean-de-Luz dans une famille d'origine basco-landaise de six enfants (Marie, Ernestine, Jean, Jeanne, Alice, Antoinette). Jean Larrieu est le fils de Pierre Larrieu, militaire et de Marguerite Pascassio-Comte[5]. Son père s'installe à sa retraite en Tunisie et Jean Larrieu passe une partie de son enfance et de son adolescence en Tunisie. Jean Larrieu a eu cinq enfants (Monique, Nicole, Jean, Odile, Jean-Luc).

Carrière militaire

4e régiment de Chasseurs d'Afrique

Jean Larrieu- Certificat de capacité valable pour la conduite des automobiles militaires fait le 15 février 1932.
Jean Larrieu, 3ème à partir de la gauche, brigadier au 6ème escadron d'Autos-Mitrailleuses de la Cavalerie du 4ème régiment de Chasseurs d'Afrique de Tunisie devant son automitrailleuse mi 1932.
Jean Larrieu grand amateur d'équitation, profitait des chevaux du 4ème régiment de Chasseurs d'Afrique pour monter régulièrement. Vers 1936

[[File:Le basque Jean Larrieu, chef peloton au 4e régiment de Chasseurs d'Afrique en Tunisie se désaltérant avec sa gourde basque-1939.jpg|thumb|Le basque Jean Larrieu, chef peloton au 4ème Régiment de Chasseurs d'Afrique en Tunisie se désaltérant avec sa gourde basque-1939]] Engagé comme simple soldat le 16 octobre 1931 au titre du 6ème escadron d'auto-mitrailleuse de la Cavalerie du 4e régiment de Chasseurs d'Afrique[6], il passe sous-officier le 16 octobre 1936 puis officier le premier Juin 1940. Il participe brillamment à la campagne de Tunisie, les notes obtenues sont élogieuses[7] .

Seconde Guerre Mondiale

Au B.C.R.A. l'épopée Jedburgh

Volontaire le au B.C.R.A. pour des missions spéciales en France, il fut d'abord, au titre de l'opération Jedburgh, parachuté clandestinement en France occupée le dans la région de Lyon pour y organiser, armer, instruire, coordonner et diriger l'action de la Résistance dans les actions de sabotage, de guérilla contre les Allemands et dans la libération de Lyon (opération JUDE 1) puis, enchaîne l'opération JUDE 2 à Saint Genis Laval[8].

C'est en 1943 que le Commandement suprême interallié a créé la force Jedburgh composée de cent officiers français, d'autant de Britanniques et d'Américains. Recrutés au terme d'une très sévère sélection, placés sous ses ordres directs, les Jedburghs opéraient, constitués en équipes de trois, dont un radio ; ils étaient parachutés de nuit en France occupée, derrière les lignes ennemies, entre quinze jours et un mois avant l'arrivée des forces alliées. Leur mission était de rallier les maquis existants, les armer, les instruire, les encadrer au combat, prendre le contrôle si possible administrative de la région de parachutage et d'organiser le soulèvement des maquis en coordination avec l'arrivée des forces alliées.

Pour le contingent français, seulement cent officiers furent sélectionnés sur six mille contactés en Afrique du Nord par le commandant Saint-Jacques. "Très rare étaient les volontaires susceptibles de convenir au plan Jedborough". À partir d', le commandant Saint-Jacques, Maurice Duclos, parachutiste prestigieux et un des fondateurs du BCRA (Bureau central de renseignements et d'action) avec à son actif depuis 1941 plusieurs missions spéciales en France occupée, faisant une tournée de recrutement en Afrique du Nord, avait rassemblé à Casablanca le des officiers volontaires pour combattre en France, leur a exposé leur mission, les risques, les devoirs et le secret de leur futur immédiat : « Vous serez les premiers à combattre sur le sol français, mais vous paierez cher ce privilège car 75 d'entre vous mourront au combat, dans quelques semaines. Ceux qui survivront n'auront aucun droit particulier, ni prime, ni décoration, ni galon, ni gloire. Quant à ceux qui seront tués, ils le seront dans l'anonymat, la solitude. Ils connaîtront la mort lente, infamante, sous la torture, l'épouvante et jamais personne ne saura ni où, ni quand, ni comment ». Seuls trois officiers restent à la fin de la réunion pour se porter volontaires : Maurice Géminel, Jean Larrieu, Hubert Reveilhac.

Il s'engage le au B.C.R.A. et est aussitôt affecté à la Direction technique des Services Spéciaux (D.T.S.S.) groupant tous les services de renseignement et d'action d'Alger dirigée par le colonel Passy de la Direction générale des services spéciaux (D.G.S.S), puis est dirigé sur Londres par voie aérienne le 19 Mars 1944. Les Jedburghs, avant d'être intégrés, subissent d'impitoyables tests de sélection puis sont transformés en officiers d'élite, aptes à toutes les formes de combat engerbant les spécialités cumulées : commando, para, corps franc, partisan. Le challenge était de se surpasser. Les instructeurs britanniques imprimaient à l'entraînement un rythme infernal. Pas de temps mort : sautillement sur place et pas-de-gymnastique étaient le seul repos consenti. Tous les exercices étaient effectués en situation de « guerre », à balles réelles, le plus souvent de nuit et dans toutes les disciplines : chiffre, radio, tir, sabotage, explosifs, escalade, évasion, combat de rue à mains nues, avec pelle, pioche, dague, cailloux. Des affrontements sans pitié d'où le mot « fair play » était banni. La formation de six mois s'achevait par cinq sauts en parachute dont deux à partir de ballon captif par mauvais temps, en moins de 48 heures, à Ringway, au sud de Petersborough, dans les environs de Londres.

Les combats pour la libération de Lyon : l'opération Jude 1

Jedburgh Jean Larrieu, carte d'identité militaire établie par le BCRAL à son pseudonyme créé pour cette mission : Lavisme. verso
Jean Larrieu, capitaine Jedburgh, carte identité BCRAL-1944-verso

Jean Larrieu avait comme alias au B.C.R.A. : Jean Lavisme et dans sa mission Jedburgh : Rence. Il est nommé capitaine[9] à titre temporaire pour la durée de sa mission Jedburgh. Cette mission était totalement secrète et même la plupart des SAS parachutés la même nuit au même moment et endroit ignoraient l'existence de cette équipe et surtout sa mission précise. Le rapport de cette mission dans les archives de l'O.S.S. comporte le paragraphe suivant : "Forces alliées, en cas de prise de contrôle : Quand les forces alliées auront pris le contrôle (de la région), l’équipe avait pour instruction de se signaler à l’officier de renseignement le plus proche. Ils ne divulgueraient aucun détail de leur travail à cet officier mais lui demanderaient simplement de les transférer vers un agent des Forces Spéciales. Cet agent les reconnaîtrait et les transférerait vers le Quartier Général des Forces Spéciales[10]".

Compte-rendu rédigé le au Laos par Jean Larrieu (alias Capitaine Lavisme), à la demande de la D.G.E.R., de ses activités depuis son engagement au B.C.R.A. le jusqu'au date de sa mutation aux Forces du Laos[11].

"J’appartenais au 4e Régiment de Chasseurs d’Afrique depuis le - Le colonel Boutaud de Lavilléon commandant de la Brigade de chars réunit en décembre 1943 tous les officiers du régiment et demanda que les volontaires pour des missions parachutées en France aillent le trouver après la réunion à son P.C. Je fus volontaire et fus présenté au commandant Saint Jacques qui après m’avoir expliqué ce que l’on attendait de moi, me donna un ordre de mission pour me rendre à Alger. Je m’y rendis le 18.02.44 et subis les interrogatoires et les différentes épreuves de test. Je revins le 18.03.44 à Casablanca et embarquais le lendemain à 23h30 sur un avion. J’arrivais le 20 à 8h50 en Angleterre. Je signais un engagement au B.C.R.A. Bureau central de renseignement et d'action de Londres pour la durée de la guerre plus trois mois. Je fus incorporé dans le plan "J" Jedburgh et suivis du au l’entrainement spécial à ME 65 (Peterborrough) : parachutiste (brevet n° 5044), sabotage, radio chiffres, armes étrangères, organisation du maquis, comité de réception d’avions et de parachutages, instructions tactiques pour guérillas. Le personnel suivant l’entrainement (120 Français, 100 Anglais, 80 Américains, 6 Hollandais, 6 Belges) était uniquement composé d'officiers en majeure partie d'active et de radios. Le but de notre entrainement était d'être parachuté en tenue par équipe mixte comprenant au moins un Français aux environs du jour "J" pour :

Guider les différents maquis dans les opérations ayant à partir de ce moment un caractère essentiellement militaire.

Coordonner leurs opérations avec celles des troupes ayant débarqué.

Lever, organiser et équiper avec les parachutages reçus de Londres ou d'Alger le maximum de combattants.

Je rejoignis Londres dans les premiers jours d'août et y reçus le "Briefing". La mission de mon équipe, constituée par le capitaine William Leslie Owen Evans (pseudo Glamorgan), le sergent Alfred-E. Holdham radio (pseudo Guinea) et moi-même[12], était la suivante :

  1. Être parachutés avec (six sticks.ndlr) une quarantaine de S.A.S du 3e bataillon commandés par le capitaine Paumier dans la région Rhône-Loire ;
  1. Assurer pour ces derniers toutes les liaisons radios avec Londres ;
  1. Contacter le commandant Mary, chef militaire de la région et me mettre à sa disposition pour l'exécution de ma mission qui comportait comme directives militaires précises :
  1. Interdire la circulation par terre et par fer entre Lyon d'une part et Roanne et Saint-Étienne ;
  1. Harceler par tous les moyens les troupes ennemies refluant du sud ;
  1. Investir et libérer si possible Lyon en évitant le sabotage des organes vitaux auquel ne manquerait pas de se livrer l'ennemi en retraitant.

Je sautais dans la nuit du 14 au dans le nord du département du Rhône, région Villefranche (Ouest Saint Apollinaire, 1,4 km Est de Lamure, 4,5 km SE Larajasse, DZ Vinaigrette (45° 34' 60" N - 4° 32' 21" E), Rhône, plaque commémorative.ndlr), France avec des sticks SAS[13]. Du fait que sur les six sticks de SAS prévus cette nuit là, seuls trois sticks et sans leur stick de commandement du capitaine Paumier, furent parachutés (Gayard, Barrés. sur la même zone et le stick Hourst au Col de la Casse Froide (69) ndlr), Jean Larrieu en pris le commandement jusqu'au parachutage du captaine SAS Paumier le 18/08/1944.[14].ndlr). Dans la journée du 15, nous eûmes notre premier contact avec l'ennemi au passage de Sainte-Foix l'Argentière".

Jean Larrieu-Croix de guerre avec palme-citation à ordre de l'Armée signée De Gaulle le 20 Août 1945-sans publication au Journal Officiel
Seule mention publique de la participation de Lavisme (Jean Larrieu) et de Bill Evans, jedburghs, au sein des réseaux Actions, à la libération de Lyon. Revue des Anciens de la Première Armée française-n°4-Septembre 1944

Ndr. Citation de Jean Larrieu à l'ordre de l'Armée : Larrieu, dit Lavisme, Jean - Jedburghs - "Officier d'active volontaire pour des missions spéciales, membre d'une équipe alliée parachutée le derrière les lignes ennemies, dans le Rhône. A constamment fait preuve d'un courage et d'un sang-froid inégalables. S'est notamment trouvé le à Sainte-Foy l'Argentière, seul face à un train ennemi immobilisé en plein jour. Est demeuré calme et maître de lui, et, sans attirer l'attention de l'ennemi, envisagea la situation et tira ses plans en conséquence. Rentré à son PC., il commanda personnellement une attaque qui causa l'anéantissement de ce train et la mort de plusieurs centaines d'Allemands".Ces citations comportent l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme[15]. Fait à Paris, le , signé De Gaulle.

Il est tout de suite nommé adjoint permanent au commandant Mary-Basset[16]ndlr "Dans les jours qui suivirent j'organisais, équipais, et armais, à l'aide des parachutages reçus et aidé du commandant Mary plus de 2 000 hommes répartis aux points suivants : Saint Martin le Haut, Saint Symphorien sur Coise, Villefranche-sur-Saône, vallée de L'Arbresle, Saint Laurent de Chamousset, Rive-de-Gier et Givors. Aidé du médecin Lelong et du médecin X…de Ste Foix l'Argentière, de deux équipes chirurgicales que nous avions été chercher à Saint-Étienne, de divers médecins de la région, renforcés par une douzaine d'étudiants en médecine de la Faculté de Lyon, je constituais un réseau médical avec postes de premier secours, postes d'aiguillages et hôpitaux clandestins ayant plus de 300 lits. Le matériel et les médicaments nous étaient parachutés de Londres. Avec l'aide de Mr Rose ingénieur des P.T.T., un réseau de liaisons intérieures fut constitué et avec l'appui des employés des P.T.T. les communications téléphoniques furent établies à notre profit. Je réussis à organiser une réunion à laquelle participèrent les chefs des différents services de Lyon afin de leur donner toutes les instructions et consignes en vue d'éviter le sabotage des organes vitaux de la ville".

Ndr. (Suite à la grave blessure du capitaine Paumier le 24 Août 1944[17], commandant des six sticks de SAS parachutés, Jean Larrieu en repris le commandement. Il est nommé commandant de la compagnie mixte SAS/maquis[18] et est nommé officier adjoint[19][20] du commandant Mary-Basset le au Chatelard à Saint-Symphorien sur Coise qui « officialise » ainsi sa position dans la Résistance.)

"Je réussis également aidé du commandant Mary et du commandant Puech à établir un plan d'opérations commun et à réunir sous une seule autorité militaire, celle du général Koenig représenté par le commandant Mary, le maquis de tendances politiques de la région tels Francs-Tireurs et Partisans les plus nombreux, Libération, Combat, Maquis Espagnol, M.O.I., M.U.R. Pendant la période précédant la libération de Lyon, j'organisais et participais avec les maquis et les SAS à diverses destructions : telle que la mise hors d'état de la gare de l'Arbresle, mise hors d'état de la gare de Chazelles et destructions des voies ferrées et des routes sur les axes fixés. À diverses opérations notamment à Chazelles où la garnison ennemie de 300 hommes et officiers fut presque entièrement exterminée, à Saint-André La Côte où un groupe d'Allemands venus pour attaquer nos maquis fut dispersé, sur l'axe Lyon-Roanne où diverses embuscades causèrent à l'ennemi des pertes sérieuses. Par ailleurs nos maquis de Villefranche et ceux bordant la route Givors-Lyon créèrent un tel désarroi par leurs coups de main successifs et permanents sur les colonnes ennemies que ces dernières n'empruntèrent plus cet axe de repli".

Ndr. Deuxième citation de Jean Larrieu à l'ordre de l'Armée : Larrieu Jean alias Lavisme - des Forces Françaises de l'Intérieur - "Parachuté d'Angleterre dans le centre de la France avant le débarquement pour organiser et armer les maquis. A, notamment, le , fait preuve d'une initiative et d'un sang-froid remarquable en participant avec trois hommes au sabotage de la gare de Chazelles occupée par l'ennemi. Les 19, 20, 21, avec des unités spécialisées qu'il avait entraînées et des SAS a attaqué et anéanti avec un courage au-dessus de tout éloge, les troupes ennemies du Camp de Chazelles qui comptait 300 hommes, libérant ainsi l'axe Saint-Étienne-Lyon menacé par la position de ces troupes."''Ces citations comportent l'attribution de la Croix de Guerre 1939-1945 avec Palme. Fait à Paris, le , signé Schuman. "Par suite d'un malentendu survenu entre les maquis de la vallée de l'Azergue (colonel FFI Lepetit) très grièvement blessé par la suite et la direction des opérations pour la libération de Lyon, cette dernière eut lieu 8 jours après les premières prévisions. La destruction des ponts à l'exception d'un seul ne put, de ce fait, être évité (Le résultat final fut que quand nous entrâmes dans Lyon, tous les services fonctionnaient parfaitement, à l’exception de la moitié de la station radio qui avait explosé ainsi que tous les ponts sauf un parce que nos instructions (ndt : « Instructors » dans le texte) n’avaient pas été obéis. Ce pont était protégé comme nous l’avions organisé extrait du rapport au SOE)[21].) (remarque importante parce que la majorité des ponts aurait pu être sauvée.ndlr). Par contre tous les autres organes vitaux furent préservés. Lyon libérée, il se créa immédiatement une organisation régulière militaire et le colonel Descours (Bayard) prit le commandement de la XIVe région".

Résistant posant devant des prisonniers allemands durant la libération de Lyon le 3 septembre 1944-Fonds Jean Larrieu
Cérémonie de remise de décorations par le colonel Descour et Mary -Basset aux Jedburghs, SAS et Résistants qui ont libéré Lyon, place Bellecour le 5 septembre 1944
Le capitaine Jedburgh Williams Evans, du team Jude, pseudo Glamorgan, décoré place Bellecour par le colonel Descours et Mary-Basset pour la libération de Lyonle 5 septembre 1944
Jean Larrieu, pseudo Lavisme, capitaine jedburgh créé et dirige l'école des Cadres à la Villa Alice à Saint Genis Laval, fin 1944
Holdam Alfred.-E. -Mission jedburgh Jude 2-rare photo-responsable de entrainement sportif de l'école de cadres à Saint Genis Laval-Octobre 44
Ecole des Cadres de Saint Genis Laval-entraînement des élèves façon commando jedburghs le 9 octobre 1944.
Mission jedburgh Jude 2-Ecole des cadres FFI , villa Alice à Saint Genis Laval. Baptème de la première promotion par le colonel Descour le 9 octobre 1944. Entre les colonnes, les jedburghs William Evans et Jean Larrieu

Lors de la prise d'arme du place Bellecour à Lyon, les principaux acteurs de la libération de Lyon sont décorés par le colonel Descours, chefs de la Résistance, SAS et équipe Jedburgh. Celle-ci est simplement à côté de leurs camarades SAS sans signes distinctifs de leur appartenance aux Jeds et on peut voir le capitaine Larrieu présent sous le grade de lieutenant et avec un calot français et portant l'insigne de son ancienne unité en Tunisie [22].

L'opération Jude 2

"Après réunion des chefs militaires responsables et sur la suggestion du colonel Mary, il fut décidé de créer des unités régulières (9e Cuir., IIe Dragons, 1er régiment du Rhône) et d'ouvrir sans tarder des écoles de spécialités : chars, artillerie, prévôté, etc. et une école de cadres pour officiers subalternes FFI afin de permettre à ces derniers d'acquérir des connaissances militaires indispensables pour commander honorablement une unité régulière incorporée à un ensemble homogène (dans la 1re armée ou dans la Division Alpine)".

Ndr. Jean Larrieu est nommé le et ce jusqu'au premier par le colonel Descours (Bayard) et le commandant Mary (Raymond Basset) instructeur militaire et directeur adjoint à l’école de cadres des officiers FFI de Saint-Genis Laval près de Lyon.

"Je fus désigné avec mon équipe "JED" pour entreprendre cette tâche. J'en pris la responsabilité aidé du capitaine Menu-Baulieu mais demandais qu'une personnalité de la région en prit la direction – direction toute morale d'ailleurs. Le commandant de Saint-Victor officier de réserve d'infanterie alpine que j'avais incorporé dans nos maquis fut nommé directeur de l’école des cadres de St Genis Laval. Le commandant Coche de l’état-major de la XIVe région fut nommé inspecteur des écoles de cadres de la région. Je m'occupais plus particulièrement de l'organisation matérielle, des rapports avec les autorités civiles et de l'instruction militaire. Tandis que le capitaine Beaulieu s'occupait de la direction morale et du choix des professeurs libres. Je réussis grâce à la disponibilité de deux petits maquis inemployés pour la libération de Lyon à aménager et à équiper en très peu de jours une grande villa avec dépendances située à Saint-Genis-Laval et à la transformer en un établissement militaire (la Villa Alice, actuellement hôpital de rééducation fonctionnelle). L'apport de ces deux maquis, en personnel, matériel automobile, réserve d'armement et réserve de munitions et d'habillement nous permit de démarrer de plain-pied dès l'ouverture de l’école.

L'instruction de base fut l'école du fantassin, chef de groupe, chef de section. Le cycle portant sur deux mois comprenait quatre semaines d'instruction, une semaine de documentation dans les diverses écoles et industries importantes et trois semaines en ligne avec une unité de l'Armée. Le choix des élèves fut fait par les soins de l'E.M. de la XIVe Région qui exigea comme conditions d'admission :

  1. Avoir appartenu effectivement à la Résistance et y avoir exercé un commandement d'officier.
  2. Avoir une instruction générale suffisante.
  3. Avoir les qualités physiques et morales indispensables.

L'organisation première et les matières enseignées furent les suivantes : Direction de l'école et relations avec les unités envoyant des élèves et avec l'E.M. régional : commandant de Saint-Victor ; Instruction militaire tactique : capitaine Lavisme (Jean Larrieu) ; Instruction militaire technique : capitaine Evans ; Instruction physique et sports : Sergent Holdam, de Maurois, 2e gymnaste de France, un ex-moniteur régional, un ex-moniteur d'Antibes ; Instruction morale, rôle de l'officier et rapports avec les conférenciers civils : capitaine Menu-Beaulieu ; Instructions diverses : illisible bas de page ; Services administratifs, officier des détails : lieutenant Germain ; Ravitaillement, approvisionnement : lieutenant Germain ; Comptabilité : adjudant Jay ; Matériel : sergent Gras ;

Le service médical fut assuré après entente par un médecin civil de Saint-Genis Laval puis par un sous-lieutenant médecin de Lyon, l’école possédant son infirmier militaire. La discipline fut des plus strictes : à leur entrée à l'école les candidats ôtaient leurs galons et n'étaient plus qu'élèves. Tous les déplacements s'effectuaient au pas de course. Pendant toute la durée du stage les sorties, en dehors de celles organisées par l'école furent formellement interdites. Nous n'eûmes dans l'ensemble qu'à nous louer de la bonne volonté et de l'esprit de camaraderie des élèves. Il se forma un esprit d'école. Les titularisations à la sortie furent réalisées de manière un peu particulière :

  • d'après les notes des élèves recueillies par des instructeurs durant les cours et exercices ;
  • d'après l'avis émis d'une commission composée :
    • d'un délégué de la XIVe région ;
    • d'un délégué de chacune des unités auxquelles appartenaient les élèves ;
    • du directeur et d'un instructeur de l'école ;
  • *et, innovation, de deux élèves désignés par leurs camarades et portant sur les questions suivantes : l'élève est-il susceptible par ses qualités physiques, morales et militaires de commander : une section, un groupe, un demi groupe ?

Ce premier stage fut sanctionné par la nomination ou la titularisation temporaire de : 2 ou 3 lieutenants, 15 sous-lieutenants, 25 aspirants, 5 ou 6 adjudants, 20 sergents, qui choisirent leur nouvelle unité dans la XIVe Région ou dans la division Alpine. Les candidats artilleurs et chars durent suivre des cours d'application dans des écoles ouvertes à cet effet.

Rentré sur ordre radio en Angleterre avec toute l'équipe "JED" le , après avoir eu un sursis exceptionnel lors du rappel demandé par le général de Gaulle de toutes les équipes franco-britanniques qui étaient en France, je fis un rapport[23][24][25] [26][27][28][29]. à l'E.M. anglais de qui je dépendais. (Ces différents rapports disponibles ici avec leur traduction en français montrent bien les points précis de cette mission qui intéressent le BCRA, le SOE et l'OSS. Ces trois services secrets rajoutent dans leurs rapports des précisions différentes. Par exemple, les anglais sont intéressés par la qualité des transmissions radio, les américains par l'ambiance politique vis à vis des communistes et l'argent dépensé. ndlr). Il me fut alors demandé qu'elles étaient mes intentions futures dans les alternatives suivantes :

  1. Mission en Extrême-Orient
  2. Mission en Allemagne
  3. Réintégration dans l'armée d'origine
  4. Intégration dans les nouvelles unités d'origine FFI
  5. Démobilisation (pour les réservistes seulement remplissant certaines conditions)

J'optais pour l'Extrême-Orient en demandant toutefois de retourner à l'école de Saint-Genis LavaL pour une nouvelle session. L'autorisation me fut accordée sous la condition que je rejoigne Londres dans le courant de pour m'embarquer pour l'Extrême-Orient. Le deuxième stage se déroula normalement du 11/11/44 au 24/12/44 et nous pûmes cette fois réaliser nos désirs et participer à la bataille d'Alsace avec le 4e régiment d’Infanterie (Tirailleurs) marocaine de la 1re Armée d’Alsace, (stage de trois semaines en Alsace à compter du ). L'école participe dans la région de Colmar aux combats de Burnhaupt, de Sentheim, de Michelbach, de Linbach et de Thann. Des sections d'élèves avaient été constituées, équipées et armées par l'école et furent incorporées dans des compagnies différentes. Le commandement assuré par l'un des élèves changeait tous les jours. Le capitaine Menu-Beaulieu et moi-même passant trois ou quatre jours avec chacune des sections. Le capitaine Evans et le sergent Holdham n'ayant pas reçu l'autorisation de l’état-major anglais n'avaient pu monter en ligne avec nous. La tenue des élèves et leur bonne entente avec les cadres de la 1re Armée furent particulièrement remarquées. Les pertes furent assez légères et nous n'eûmes à déplorer qu'un tué (le sergent de Maurois), trois blessés et sept évacués. L’école de cadres de Saint-Genis Laval a été citée à l’ordre du corps d’Armée après son séjour en Alsace par le général de Lattre de Tassigny, commandant la 1re Armée. Pendant le 2e stage, le colonel Carlton Schmind de l’état-major anglais, vint sur notre invitation visiter personnellement l'école. Pendant ce stage également nous primes contact pour faire effectuer par ceux de nos élèves qui le désiraient du vol à voile et des sauts en parachute. Une vingtaine d'entre eux firent à Bron les trois sauts de jour et le saut de nuit réglementaire. Ce deuxième saut fut sanctionné par la nomination ou la titularisation de : 1 ou 2 lieutenants, 4 ou 5 sous-lieutenants, 40 aspirants, 20 sergents et cela sur la demande de l'E.M. régional. Les noms de baptême des deux promotions sont : Tom Morel et Bir-Hakeim.

Je rentrais à Londres le et sur l'insistance du capitaine Albert de Schonen et la certitude de partir en Extrême-Orient. Au mois de mars, je rentrais à Paris pour m'occuper soit des écoles de cadres de la région parisienne soit de la préparation prémilitaire dans une région de la France et, pour récupérer les postes radios émetteurs appartenant aux services. Je rentrais à Paris le et prenais le 19 l'avion pour Londres".

La guerre d'Indochine

La Force 136 au Laos

Guérilla au Laos-DGER-Service Action au Laos

Laos-Service Action d’Extrême-Orient de la D.G.E.R - fin 1945, début 46. de g à d Jean Larrieu et quatrième Marcel Chaumien

L'épopée Jedburgh devait se poursuivre en Extrême-Orient. Embarqués à Glasgow avec escales à Port Saïd, Bombay et Colombo, les Jeds français se retrouvèrent dans un camp secret de Ceylan (ME25) pour y apprendre à combattre un nouvel ennemi, le soldat japonais et à survivre en jungle dans l'univers sombre et glauque de la grande forêt[30].


Jean Larrieu embarque en Angleterre le sur le S/S Winchester Castle et arrive à Bombay le et à Colombo le 27. Il fut dirigé le jour même sur le camp d'entrainement ME25. Ayant rejoint la Force 136, il fut parachuté à Luang-Prabang, au Laos, le au titre du Service Action de la D.G.E.R et incorporé au groupement Imfeld à Luang-Prabang du au , puis au groupement 3 A de Vientiane du au . À compter du premier , le Groupement change de nom et devient le 5e bataillon de chasseurs laotiens et passe de la S.L.F.E.O. aux Forces du Laos – Groupe II. Le personnel d’origine D.G.E.R. est alors administrativement détaché aux Forces du Laos.

LAOS - Rapport à la D.G.E.R.-Service Action du capitaine Jean Larrieu alias Lavisme à Ban Keun, ce 28 Novembre 1945

Depuis, le 27 Juillet déjà à Calcutta ou à plusieurs reprises je reçus plusieurs missions sans pouvoir en réaliser une seule. Tout d’abord devant partir en Birmanie commander un groupe de guérilla. Je ne pu accepter par suite de mon insuffisance en anglais. Ensuite je préparai une mission dans le Haut-Mékong pour prendre le commandement d’un groupe déjà constitué depuis le mois de Mars. Intervient alors la demande d’armistice, puis l’armistice japonais. Je fus incorporé dans les missions E (Escape-évasion groupe) pour m’occuper de la récupération des personnels (alliés et indochinois). Devant partir le 17 Août avec le commandant Rosselli pour Hanoï, je fus au dernier moment muté à une équipe (Paoli) plus faible pour aller à Hué. Je quittais Jessore le 25 Août et arrivai au dessus de Ventiane deux moteurs de notre Libérator flanchèrent. Le chef de bord décida de faire demi-tour malgré toutes nos insistances pour continuer et se poser à Hué. L’avion se posa à Metkila ou nous resterons six jours à attendre qu’un nouvel appareil vienne nous récupérer. Rentrés à Calcutta, toutes les missions furent supprimées par suite de nombre assez grand de coups durs arrivés aux équipes déjà parties. Sur mon insistance, le Commandant Morlane, chef du Service Action décida de me renvoyer dans la région de Luang-Prabang, capitale du Laos pour me mettre à la disposition du Commandant Imfeld commissaire de la République pour ce pays. Je ne reçus aucun briefing et parti avec 250 dollars et le sergent-chef Hettrich le 18 septembre. Voyage sans incidents et saut à quinze heures d’Indochine. Personne ne se trouvait sur le terrain pour me recevoir et ce n’est qu’une demi-heure plus tard que le sous-lieutenant Archangeli arrive, me conduisit au commissariat où se trouvaient de nombreux camarades ainsi que le commandant Morlane, le lieutenant Leroux et le sous-lieutenant Vétillard arrivé quelques jours plus tôt pour inspecter les différents postes. Je fus tout d’abord étonné de l’insouciance avec laquelle les parachutistes et la récupération du matériel était envisagés. Des laotiens sans européens étaient chargés du ramassage et du colportage jusqu’au commissariat. Par la suite, arrivèrent d’autres équipes et pour nous tous nouvellement arrivés, nous sentîmes comme une gêne de nous trouver là. Aucun contact avec les anciens, aucune mise au courant de la situation, des projets futurs et de l’ambiance en général. Nous avions l’impression d’être isolés de tous. Je fus chargé au début de ma présence à Luang-Prabang de m’occuper de « censure postale » (2 minutes le matin et 2 le soir) !!!

Par la suite, on me confia la compagnie de chasseurs laotiens constituée depuis l’arrivée du comandant Imfeld à Luang-Prabang et comprenant une section d’anciens chasseurs ayant fait la brousse avec les différents groupes et de quatre sections de jeunes recrutés depuis quelques jours : tout ce personnel été suffisamment bien armés et je commençais aidé du lieutenant Rottier et du lieutenant Thalmann l’organisation et l’instruction. Malheureusement, un trouble-fête se présentât, je parle du Chinois qui est à la base et la cause de toutes nos difficultés et commença pour nous cette vie de perte de face, d’action et de position impossible, qui n’est à mon avis par terminé tant que d’une part nos alliés (chinois) !!! n’avaient pas quitté le territoire, ils sont forts des droits accordés à eux par les cinq Grands. Je parle de l’occupation par leur troupes jusqu’au seizième parallèle, et que d’autre part nous n’aurons pas changé de méthode pour réaliser dans les meilleures conditions pour nous et les laotiens l’occupation et la pacification du Laos qui avait et tout dernièrement encore donné des preuves de son attachement et de sa fidélité à la nation protectrice. Ainsi donc, nous sommes avertis par un de nos agents que les groupes français de Nord de Luang-Prabang avaient été désarmés par les chinois, dont les premiers étaient arrivés à Luang-Prabang le 18 septembre. Le 19 septembre, les lieutenants Chaumien et Thalmann sautèrent. Le 21, les lieutenants Allard, Maillard et François arrivèrent à leur tour, spécialement chargés d’organiser les transmissions radios dans le Laos. Le 22, trois généraux chinois arrivèrent, j’assurais avec deux sections, le piquet d’honneur. Les généraux chinois montèrent immédiatement dans l’auto, avec laquelle le commandant Imfeld était venu recevoir les généraux alliés, sans même avoir salué ou adressé la parole au commandant Imfeld, manquants ainsi totalement de politesse à l’égard du représentant de la France. Au cours des entretiens qui suivirent et sur une question précise du commandant Imfeld au sujet du désarmement des troupes françaises, les généraux lui répondirent qu’ils n’approuvaient cette manière d’agir et que nous devions considérer les soldats chinois à de pareils actes comme des pirates et agir à conséquences. Aucune mesure ne furent prises.

LAOS – extraction de Luang-Prabang occupée par les chinois

Jean Larrieu-Citation à l'ordre de l'Armée pour son action d'exfiltration de Luang-Prabang au Laos, le premier novembre 1945, qui a duré 20 jours dans la brousse tout en combattant.

Compte rendu de mission du Groupe du capitaine Larrieu, alias Lavisme, 4 novembre 1945 – 24 novembre1945 pour la S.L.F.E.O. - Groupement Service Action - Colonel Imfeld - Luang-Prabang Mission : quitter Luang-Prabang sans êtres aperçus et après avoir récupéré quelques armes, conduire mon groupe dans la région de Muong Nane, y recevoir un parachutage d’armes, attendre et armer dès son arrivée un groupe d’européens venant de Luang-Prabang et faire du renseignement sur les axes Luang-Prabang – Paksane, Luang-Prabang - Muong Kassy par la piste et Luang- Prabang - Phou Khoun par la RC I3. Exécution et incidents Départ par petits groupes dans la nuit du 4 au 5 novembre 1945 en direction de B. Sing. Récupération dans les cachettes par le lieutenant Chaumien le sergent Grimaldi et les chasseurs Kieng Kham et Xieng Sy des armes (six carabines, dix Sten, 1 FM Bren) camouflés par le capitaine Lavisme et le lieutenant Chaumien et seules restées entre nos mains. Toutes les autres ayant été prises par les chinois ou volées par d’anciens chasseurs laotiens. Le 5 à 7h00 : Attaque de notre campement par une vingtaine de Lao-Issara armés de fusils russes et de Stens. Je fais avec le sergent Grimaldi une sortie et ramène deux prisonniers. Les assaillants s’enfuient. RAS chez nous. A 10h 50, départ de B. Sing en pirogue en amenant un prisonnier (un jeune qui était armé d’une Sten) le second d’une cinquantaine d’année ayant été relâché. A 11h00, rencontre de 8 grosses pirogues montant vers Luang-Prabang chargées de Lao-Issaras. A 11h10 une pirogue montée par Houi, Ling et Chien revient vers B. Sing et récupère Ba Pan qui avait été aux renseignements et était poursuivis par les Lao-Issaras. 11h30 : je m’arrête prés de B. Soum pour essayer de récupérer les chasseurs Kuea, Touan et Houat envoyés la veille aux renseignements à Muong May. Je suis reçu par une salve de FM et de nombreux coups de fusils ; je continue alors mon chemin abandonnant mes caporaux à leur sort. J’ai appris plus tard que le caporal Kheua avait été fait prisonnier et amené à Luang-Prabang. Le caporal Thuan obligé de s’engager dans le Lao-Issara participa à l’attaque de notre camp de Ban Keun le 20 novembre 1945 et fut fait prisonnier par nos troupes. Je n’ai plus de nouvelles du caporal Houat. Je signale l’attitude calme pendant toute la fusillade du lieutenant Chaumien, du sergent-chef Baudu, du sergent Grimaldi, du caporal Goulard et des chasseurs Xieng Sy et Xeng Kham. 16h30 : je m’apprête à aborder un village pour changer de pirogue lorsque brusquement quelques hommes armés de fusils surgissent nous menaçant mais ils ne tirent pas. Nous renonçons à changer de pirogue et continuons. 17h00 : alors que les quatre pirogues continuaient à descendre normalement, l’une d’elle occupée par le sous-lieutenant Archangeli, le sergent-chef Hetteriche, le sergent-chef Montfort et les chasseurs Kong et Thap chavire par la suite d’un faux mouvement de l’un des passagers ; ces derniers pris dans un tourbillon (l’accident s’est produit aux rapides de Ken Callop) disparaissent en moins d’une minute. Toutes les pirogues sont déchargées et foncent dans tous les sens pour essayer de récupérer les naufragés. Au moyen d’une rame, je ramène le chasseur Kong ; le sergent Grimaldi repêche le chasseur Thap, ces deux derniers reviennent rapidement à eux. Les recherches continuent jusqu’à la nuit, infructueuses. Nous campons au nord du fleuve. Nous continuons le lendemain nos recherches : rien. Je signale l’attitude courageuse et intrépide du sergent Grimaldi, des chasseurs Xieng Sy et Xieng Kham, des chasseurs Houi et Linh, du caporal Thit Pha et du prisonnier Houn Hong qui en dépit du danger qu’ils couraient ‘ont pas hésité à parcourir les rapides pour essayer de repêcher nos pauvres camarades. Je laisse sans surveillance le prisonnier souhaitant son escapade pour qu’il avertisse L.P. de la perte de nos camarades. Nos vœux se réalisent : le prisonnier s’évade et j’appends un peu plus tard qu’il s’est vanté d’avoir tué les trois Français et qu’il aurait été décoré pour ce brillant fait d’arme. 15h30 : rencontre de deux grosses pirogues à moteur remontant vers Luang-Prabang chargées chacune d’un mortier de 81 et d’une centaine d’homme armés de fusils et d’armes automatiques. Je fais descendre deux pirogues et regagner la brousse coté Siam à tout mon personnel. Je reste avec le lieutenant Thalmann et le sergent Grimaldi et le chasseur Linh dans la pirogue, le FM est préparé et nous sommes prêts à toute éventualité. Rien ne se produit et je vois défiler sur la berge opposée quatre-vingt laotiens armés de fusils et d’armes automatiques (au moins deux). Ils s’arrêtent en face de ma pirogue, remontent dans la leur et continuent sur Luang-Prabang sans perdre un instant je fais rembarquer tout le monde et descend le plus rapidement possible. Dix minutes après nous croisons deux grosses pirogues chargées de soldats chinois. Ils nous interpellent et nous font signe d’aller vers eux. Je m’en garde bien et à toute rame nous continuons notre descente. La nuit étant près de tomber, j’accoste vers 18h00 du côté Laos et nous nous enfonçons immédiatement dans la brousse, nous sommes sur la piste qui conduit de Pak Mon à Muong Nane. Le 8 novembre. Préparons une DP (drop-zone) entre Muong Nane et Ban Na Fai. Je contacte le Nai Kong de Muong Nane nommé Thit Leck et l’engage à nous aider. J’envoie le chasseur Houi aux renseignements vers Ban Pa Nip et Ban Na Muong et le caporal Ba Pan du coté du Mékong. Le 9 novembre. Nous recevons le parachutage tant attendu ; il nous comble : des Stens, des vivres et un poste. Malheureusement, pas de plan radio ni d’argent. Tout le matériel est transporté dans la brousse et caché uniquement par des européens. Le 10 novembre. La moitié du Groupement a fait mouvement et s’installe aux environs de Ban Pa Nip. Mes agents de renseignements rentrent et me rapportent des nouvelles de Luang-Prabang. Ils me signalent le passage de trois laotiens assurément militaires. Ce sont les sergents Bonlith, Siboulavong et le caporal Kham Souk qui se dirigent d’après les ordres du colonel Imfeld vers Vientiane. Dans la nuit deux indigènes venant de Tha Deun (Siam) m’apportent un mot du capitaine Asmadec et de Basile qui se trouvent dans le village et demandent des médicaments. Je ne puis rien leur envoyer, tout le matériel se trouvant dans la montagne. J’envoie le caporal Thit Pha avec un papier en leur disant de me rejoindre. Il part à 22h00 et rentre seul le lendemain à 14h00. Les deux officiers n’ont pas voulu me rejoindre invoquant leur fatigue. J’apprends par mon caporal que ces deux officiers viennent de l’intérieur du Laos et ont laissé en cours de route deux camarades malades et fatigués. Toujours d’après mon caporal ils paraissent déprimés et ont décidé de descendre le Mékong jusqu’à Nog Khay. J’ai appris plus tard qu’ils étaient arrivés à bon port et qu’il s’agissait du capitaine Guillot et du lieutenant Petit qui faisaient partie du groupement de Samneua dispersé fin octobre par les annamites. Le 11 novembre. Nous déménageons avec le restant du groupement vers Ban Pa Nip et rencontrons en cours de route le groupe Tual qui arrive de Luang-Prabang. Voyage sans incidents si ce n’est que l’embuscade à quatre kilomètres de Luang-Prabang par les chinois. L’ordre de mission que Tual avait eu du général chinois lui est retiré. Nous réussissons grâce aux cristaux du lieutenant Allard à contacter Calcutta, les armes sont distribuées à tout le monde et le reste est camouflé dans les rochers. Elles doivent toujours y êtres. Le 13 novembre. Nous quittons Ban Pa Nip et nous allons du coté de Ban Na Muong dans les bans Méos. Etape très dure : nous grimpons jusqu’à 1800 mètres. Un de mes agents rentre de la RC13 : rien à signaler, si ce n’est la demande faite par les Lao-Issaras au Muong de Kuong Nane et de Muong Kassy d’avoir à lever 300 hommes chacun. Cette demande est mal accueillie par la population et le Nai Kong de Muong Nan me fait dire qu’il mettra le maximum d’inertie pour entraver le recrutement. Le 14 et 15. Le groupement que nous formions depuis l’arrivée du groupe Tual est scindé et ce dernier part avec la moitié du personnel et le FM un peu plus loin dans la montagne à 14 km de marche de l’endroit où nous étions et où je reste avec le poste radio. Les groupes sont ainsi constitués : Le groupe Lavisme : capitaine Lavisme, Lt. Chaumien, Lt. Thalmann, SLt. Allard, SLt. Maillard, sergent-chef Baudu, sergent-chef Le Hebel, Adamolle, sergent Grimaldi, sergent Regnier, caporal ThI Pha, Chasseurs Houi, Khong, Kham, Chien, Thap Le groupe Tual : Capitaine Thual, sous-lieutenant Couseaux, sous-lieutenant Doebbels, sergent Roussel, sergent Mondolini, Personnel : caporal Naide, sergent-chef PETIOT, caporal Goulard, caporal Ba Pan, Chasseurs Ly, Xieng Sy Xieng Pheng, Ling J’envoie deux agents Houi et Thi Pha, l’un vers Pak Vet (Xieng Gum) l’autre vers le Mékong. Le 16 novembre. Nous réussissons a avoir le contact avec Calcutta et tout semble bien marcher. On nous demande de rester dans le secteur et de faire du S.R. Le 17 novembre. Un message de Calcutta nous apprend qu’un avion est venu le 14 sur la DZ de Muong Nan. Il n’a rien trouvé et est reparti. Il contenait de l’argent, des vivres et tout ce dont nous avions besoin… malheureusement nous n’étions pas là et dorénavant jusqu’au 10 décembre plus de parachutages. Ce n’est pas réconfortant. Le 18 novembre. J’envoie le lieutenant Chaumien reconnaitre un nouvel emplacement pour établir un nouveau campement. Le caporal Thi Pha rentre ; RAS secteur Mékong. Houi n’est pas rentré. Je commence à m’inquiéter. Le 19 novembre. Nous plions le matériel : tout est prêt à 8h45. Sacs rangés et bâts arrimés. Le personnel casse la croute sur place. Je discute avec le Pho Ban pour régler nos achats lorsque j’aperçois tous les Méo fuir en direction du village. J’envoie Thit Pa dans une direction opposée ; il n’a pas fait vingt mètres qu’une fusillade intense part de tous les fourrés dans notre direction. Un flottement suivi d’un peu d’affolement se déclenche dans le groupe, les chevaux se bousculent et s’enfuient. Je reste avec le lieutenant Thalmann, le sergent chef Le Hebel, le sergent Grimaldi, les chasseurs Thit Pa, Khong, et Kham sur place et nous abritant derrière les sacs, nous faisons le coup de feu. L’assaillant s’approche : il a été sans doute conduit par le chasseur Houi, qui se sera fait prendre au cours de sa mission et que les chefs des assaillants, l’ex caporal Niem et le sergent Houan connaissaient parfaitement comme étant parti avec nous de Luang-Prabang. On ne le voit pas, mais on l’entend. Je lance mes deux grenades et nous avons alors un moment de répit. L’assaillant a reculé, mais déclenche un tir de FM en direction du village. J’en profite pour rechercher nos camarades. Je ne trouve que le lieutenant Allard et le sous-lieutenant Maillard. Je les exhorte à revenir et je descends auprès du lieutenant Thalmann. A deux reprises l’assaillant tente d’aborder le plateau sur lequel nous sommes, je lance chaque fois des grenades et il recule. Il faut malgré tout envisager le repli. Il ne nous reste plus de grenade, chaque Sten n’a plus qu’un demi-chargeur et je n’ai plus que cinq cartouches dans mon chargeur de carabine. Je donne l’ordre de récupérer par priorité le poste, j’en prends une partie et vais la porter vers un emplacement situé à 800 mètres de là où nous avons prévu le rassemblement de tout le personnel en cas de coup dur. Je trouve là le LT Allard et le ss LT Maillard. J’envoie immédiatement celui-ci vers le groupe Tual pour l’avertir de ce qui nous arrive. Le lieutenant Chaumien qui est sans arme (la sienne étant été prise par le chasseur Thap Tien) arrive à leur tout. Un moment plus tard, le lieutenant Thalmann ramène avec Le Hebel et Grimaldi et les trois chasseurs, le restant du poste. Il ne manque que les accus qui étaient sur un cheval lequel s’est enfui dès le premier coup de feu. Par contre tout notre matériel, sac individuel, vivres et habillement est resté sur le plateau. Je puis décompter les assaillants à une soixantaine. Ainsi regroupés et vu le nombre très réduit de munitions restantes, je décide de faire replier le groupe en direction de celui de Tual. Il manque à l’appel les sergents chef Adamolle et Baudu, le sergent Regnier et le chasseur Thap, qui avaient disparu dès les premiers coups de feu. Au cours du repli nous rencontrons le sous-lieutenant Doebbels et le sergent Roussel venus à la liaison comme chaque jour. Je fais avec ces deux derniers une embuscade dix km plus loin, ayant aperçu un groupe d’hommes armés ses dirigeant vers notre chemin de repli par un itinéraire différent de celui que nous empruntions. Après une heure d’attente, rien n’arrive, nous continuons notre chemin et nous arrivons au groupe Tual à 13h00. Ce dernier vu le nombre réduit de ses munitions n’accepte pas la proposition que je lui fais de retourner à notre camp et de récupérer notre matériel. Effectivement, nous ne pourrions, après une attaque menées par nous, disposer de munitions suffisantes pour effectuer un repli dans la direction d’un des postes les plus proches à trois cents kilomètres environ. Il décide alors de lever le camp et de nous diriger par des pistes de montagne vers le Sud pour atteindre Ban Keun où nous savons qu’un groupement important existe. Je fais avec le sergent chef Le Hebel et le sergent Grimaldi l’arrière garde. Nous nous arrêtons dans la brousse après six heures de marche. Le sergent-chef Baudu et le sergent Regnier nous rejoignent. Ils étaient partis dès les premiers coups de feu entrainés par le sergent-chef Adamolle. Ils se cachèrent dans la brousse à quelques mètres de nous étant persuadaient que les coups de feu que nous tirions l’étaient par les assaillants. Le sergent chef Adamolle, lui, continua accompagné par un Méo et après s’être débarrassé de tout équipement militaire se cacha à deux kilomètres dans la brousse, notre décrochage eu lieu à 9h30, les assaillants continuèrent de tirer jusque 11h30 ; s’emparèrent alors seulement du butin et des chevaux trouvés au village et après avoir amené avec eux le chasseur Thap qui s’était caché dans le village, s’en retournèrent dans la direction par laquelle ils étaient venus. Les Méo qui avaient assistés à l’accrochage et qui savaient ou se trouvaient les français se dirigèrent alors vers l‘emplacement occupé par le sergent-chef Baudu et le sergent Regnier et leur donnant un guide les ramenèrent dans la direction du groupe. Le sergent chef Adamolle rejoignit le groupe vers 23h00. Il n’était vêtu que d’un sarong et fut rééquipé par ses camarades. Le 20 novembre. Départ de notre campement à 8h00 en direction du Sud. Extrêmement fatigués par la marche de la veille, je suis en avant-garde avec le sous-lieutenant Courseaux et le capitaine Tual reste en arrière-garde avec le sergent chef Le Hebel et le sergent Grimaldi et le sergent Roussel. Vers 10h00 étant dans une brousse impénétrable, j’entends vers l’arrière des coups de feu et j’apprends que le sergent Roussel est blessé à la cuisse, on lui met un pansement et il monte sur un cheval. Quelques chevaux s’enfuient et la marche continue. Une demi-heure plus tard en abordant un petit pâté de maison de nombreux coups de fusil sont tirés, l’arrière garde riposte, je continue la marche de manière à me dégager de cet endroit dangereux. Quelques minutes plus tard, le guide s’aperçois qu’il s’est trompé de piste, je donne l’ordre de faire demi-tour pour rejoindre la bonne piste. A ce moment, le sergent-chef Adamolle se plaint amèrement d’être obligé de revenir vers l’endroit où nous avions essuyé quelques coups de fusil ; il déclare ne pas faire demi tour et invite les chasseurs et Roussel à continuer dans la direction que nous suivons. J’amorce le mouvement et fait faire demi-tour aux chevaux et au personnel. Tout le monde me suit. Arrivés au carrefour, je laisse le lieutenant Chaumien et le sous-lieutenant Allard en surveillance pendant que je continue avec le reste de la colonne et je m’arrête quelques centaines de mètres plus loin. Il manque alors le sergent chef Adamolle, le sergent Roussel le chasseur Xieng An. L’arrière garde rejoint le sergent Chaumien et envoie Naid en direction du sergent-chef Adamolle et des autres. Naide revient bredouille n’a trouvé personne ; il est à supposer qu’ils ont continué dans la direction qu’ils suivaient, l’appel est alors fait et il manque en plus des trois déjà nommés le sergent chef Le Hebel, les chasseurs Chien et Li, ce dernier tireur au FM. Après une attente d’environ heure, personne n’ayant rejoint, nous décidons après une discussion assez orageuse et sur mon instance et celle du sous-lieutenant Couseaux de rejoindre les groupements français vers Ban Keun, alors que la majorité veut se diriger vers le Siam. Nous reprenons notre marche et atteignons la route du Sud de Muong Kassy. Nous passons la nuit dans la brousse et sommes envahis par les sangsues. 21 novembre. Départ à 6h00 vers le Sud, trois chevaux ont fui. Il ne nous en reste plus que deux, cette étape est assez dure et nous nous arrêtons vers 12h00 au col de Dang Ding ou nous décidons de nous reposer. Pendant cette étape, j’ai arrêté avec le chasseur Ling deux partisans armés qui se rendait à Muong Kassy : ils revenaient de Paklay sur le Mékong ou ils avaient été conduire des Coolies. Ils font étape avec nous. Dans la soirée deux cyclistes viennent de Muong Kassy et se rendent à Phatang. Nous remettons à l’un d’eux un mot pour remettre au Tasseng lui demandant de nous faire préparer à manger. Nous quittons Dang Ding à 17h30 et arrivons à Phatang à 22h00. Réception très favorable : nous y passons la nuit et laissons au Tasseng des médicaments et une somme d’argent pour les retardataires. Une prime lui est promise s’il réussi à faire rejoindre ou à abriter ces derniers. 22 novembre. Vers 4h30, le sergent-chef Le Hebel et le chasseur Thien nous rejoignent. Nous quittons Phatang à 6h00 en direction de Vang Vieng, muong réputé comme rallié au Lao-Issara. On nous signale en cours de route qu’un camion chargé de siamois fait l’aller-retour entre Vang-Vieng et Phon Haon. Arrivés en Vang Vieng à onze heures. Nous nous arrêtons à l’entrée de ce gros village, un indigène bien mis et porteur de l’insigne du Lao-Issara. La majorité des habitants dont le Chao Mouong ont pris la fuite à notre arrivée. Nous continuons notre route vers Namone en emmenant les deux partisans et le Lao-Issara. Arrivés vers seize heures à Namone : accueil assez favorable. Nous y passons la nuit au cours de laquelle le caporal Thit Pha de garde arrête un laotien armé d’un fusil qu’il déclare avoir trouvé. Le 23 Novembre. Réveil à quatre heures, nous lâchons tous les indigènes que nous avons ramassés et nous les renvoyons. Départ à quatre heures trente vers le Sud. Nous quittons la route et nous rejoignons vers l’est une rivière : la Nam Ta. Les deux chevaux qui nous restaient furent confiés au Pho Ban avec mission de les amener à Ban Keun. Nous prenons des pirogues et nous descendons toutes la journée. Nous passons la nuit dans la brousse au bord de la rivière. Le 24 Novembre. Départ à sept heures, toujours en pirogue. Nous atteignons la Nam Ngum à douze heures dix. Nous changeons de pirogue et nous atteignons le confluent de la Nam Lik à seize heures. On nous signale le passage de nos chevaux vers Tourakom. Les villages par lesquels nous passons semblent très froids à notre égard. Nous avons toutes les difficultés pour trouver des pirogues. Nous continuons toujours en pirogue. Passons à hauteur de Tourakom. Nous atteignons la berge en face de Pa Ka Niou quand nous sommes interpellés par des hommes armés qui se trouvent à Pa Ka Niou. Après quelques minutes de palabres, nous nous rendons à l’évidence, ce sont des nôtres : le sergent Pascal et le sergent Phoi du point d’appui de Ban Keun qui sont venus avec deux groupes en patrouille. Nous les rejoignons et arrivons à Ban Keun à vingt heures quinze. Joie de tous : On ne nous attendait pas et nous sommes nous-mêmes très heureux de retrouver des camarades. Le moral ici est très élevé. Le nôtre par contre laisse à désirer et certains d’entre nous insistent encore pour rejoindre Nong Kay et rentrer à Saïgon. Personnellement, je suis satisfait et je me félicité aidé du sous-lieutenant Couseaux d’avoir fait adopter mon point de vue : rejoindre un groupe français et non passer au Siam. Nous renforçons malgré tout par notre présence (huit officiers, sept sous-officiers, deux caporaux européens et huit chasseurs) les groupements de Tha Ngon et de Ban Keun. Suite et fin du compte-rendu de mission : S.L.F.E.O. Groupement Service Action de Vientiane - Rédigé à Xieng Khouang, le 28 Janvier 1946 Du 25 Novembre au 31 décembre 1945, je restai à Tha Ngon avec le groupement Service Action de Vientiane. Je pris le premier décembre 1945, le commandement de la deuxième compagnie de Chasseurs Laotiens formés quelques jours avant avec des jeunes engagés qui avaient refusé d’adhérer au mouvement rebelle déjà puissant à Vientiane.

Ce mois se passe, à Than Ngon à recevoir quelques parachutages d’armes, à instruire les chasseurs et à les aguerrir par quelques coups de mains effectués sur la route RL10 vers Don Nam et sur la RC13 vers Ylai ou le sept décembre nous nettoyons le village occupé par une trentaine de rebelle armés d’armes automatiques. Nous effectuons également les escortes vers la Nam Ngum pour amener nos blessés à Nong Khay (Siam) et ramener du ravitaillement. Durant ce mois, le poste de Ban Keun fut attaqué assez sérieusement le 10 décembre où les rebelles laissent une trentaine de morts sur le terrain alors que nous n’avons que deux tués et cinq blessés dont le sous-lieutenant Doebbles. Un de nos convois de pirogues remontant du Mékong par la Nam Ngum est attaqué le 16 : nous n’avons qu’un blessé mais nous perdons toutes les marchandises. A compter du premier Janvier 1946, le Groupement change de nom et devient le 5ème bataillon de chasseurs laotiens et passe de la S.L.F.E.O. aux Forces du Laos – Groupe II. Le personnel d’origine D.G.E.R. est alors administrativement détaché aux Forces du Laos. Ainsi, se termine pour moi la période passée à la D.G.E.R. Capitaine Larrieu, commandant le secteur du Traningh Un exemplaire expédié en février 1946 à Force Laos, à D.G.E.R. Saïgon, le 5 Mars 1947 au Groupement II à Ventiane et le 3 Juillet 1947 au Colonel Morlane, S.D.E.C.E., 9, rue Manoury, Paris 16.


Laos-Opération Ban-Keun du 22 et 23 Janvier 1946

Jean Larrieu, commandant en second du 4ème Groupe de Compagnies Nomades d'Algérie, assis sur l'avion SIPA S121 au retour de la la mission d'observation de Djelfa vers Taguine-Reibell en Algérie, le 27 Juillet 1956
Jean Larrieu, commandant adjoint du 4ème Groupe de Compagnies Nomades d'Algérie après un vol de reconnaissance sur Alouette en 1958. Il totalisera au 4ème GCNA près de 200 heures de vol de guerre.
Jean Larrieu, cdt. adj. du 4ème Groupe de Compagnies Nomades d'Algérie le soir de l'opération de Oukat Chergui en Algérie le 12 Août 1958 avec des prisonniers. Cité au corps d'Armée, il reçoit la Croix de la Valeur Militaire avec Etoile d'Argent
Jean Larrieu, décoré de la Croix de la Valeur Militaire avec Etoile de Vermeil, est cité au corps d'Armée pour ses actions au 4ème Groupe des Compagnie Nomades d'Algérie-18/04/1959

Forces Françaises au Laos - Groupe II - 1er Bataillon - 2ème Compagnie - Compte-rendu du Capitaine Larrieu, alias Lavisme sur cette opération ayant pour but le dégagement du Camp de Ban Keun. Je suis averti par le Capitaine Souquet, alias Kernevel (jedburgh ndlr), adjoint du Commandant Maze, qu'une opération est montée en vue de dégager Ban Keun assiégé depuis la veille par un millier de rebelles armées de trois ou quatre mortiers et d'une dizaine de F.M. Le 22 Janvier 1946 à 18 heures, le peloton Thalmann, le groupe d'accompagnement de la 2ème Compagnie et le Commando Conus sont avertis d'avoir à se préparer pour vingt heures. Effectifs participants à l'opération : 10 européens 54 laotiens de la 2eme Compagnie du 1er Bataillon Armement individuel : Sten et fusil. Armement collectif : 10 F.M. et 1 mortier de 50, non utilisé par suite de la perte en route du système de détente. Le Commandant Guenon, du Commando Conus, dirigera l’opération. Je lui suis adjoint pour m’occuper plus spécialement des laotiens. A 20 heures. Les derniers renseignements de Ban Keun nous parviennent : les assiégeants donnent l’assaut. A 20 heures 15. Départ du détachement conduit par deux chasseurs laotiens de la compagnie de Ban Keun. Articulation : 1° section laotienne, Aspirant Delvert, en avant-garde, le commandant Guenon et moi même, le commando Conus, mon groupe d’accompagnement, et deuxième section laotienne sous-lieutenant Geoffroy en arrière garde avec le lieutenant Thalmann. But de la manœuvre : marcher toute la nuit sur la route locale N°10, quitter cette route six kilomètres avant Ban Keun, se diriger vers le Nord, éviter les villages est se rabattre sur la route locale N°10 au Nord de Ban Keun. Déclencher notre attaque à partir de 8 :00. Le 23 après que les assiégeants aient commencé l’assaut du camp et exécuté un mouvement de débordement du camp par l’est pour essayer de récupérer les armes automatique, mortier qui auraient pu être décelées pendant notre attaque. Déroulement de l’opération : la marche s’effectue normalement et nous sommes en place à deux kilomètres au Nord de Ban Keun sans avoir été éventé à 8 heures 15 le 23. Les hommes du Commando sont particulièrement fatigués par cette marche de nuit de cinquante kilomètres. Repos de 8 heures 15 à 8 heures 30. Nous déclenchons notre attaque à 8 heures 45. Tout d’abord, la route est libre, personne n’est en vue ; après une progression de 400 mètres les éléments de tête, composé du Commando et du groupe Capdevielle, de la section Delvert, aperçoivent quelques hommes armés qui nous regardent, ne sachant qui nous sommes. Le caporal-chef Capdevielle lâche une rafale de F.M. et le groupe de tête bondit en avant en poussant des rugissements… Je reforme la section Delvert et mon groupe d’accompagnement, voulant éviter le désordre, et la progression continue. La section Geoffroy avec le lieutenant Thalmann restera en position défensive vers Pa Ka Niou. Après 800 mètres de progression, nous sommes reçus par des coups de fusils venant de la berge d’en face. Le dispositif suivant est alors pris : le commando avec le groupe Capdevielle et l’aspirant Delvert sous le commandement du Commandant Guenon progressent dans les maisons à l’Est de la route ; avec le groupe de Michelangeli de la section Delvert, je progresse vers le pont, prenant la route et le pont à mon compte. Je fais avancer la section Geoffroy jusqu’aux abords des premières maisons, toujours en défensive vers Pa Ka Niou. Dans la progression, nous récupérons au passage un dépôt important de munitions d’armes automatique, d’obus VB et de mortiers et des cartouches de toute sorte. Ce dépôt laissait envisager un siège de plusieurs jours. Les renseignements recueillis sur les prisonniers confirmèrent nos suppositions. Le siège devait durer quinze jours si cela était nécessaire. Des documents très importants sont également récupérés. Nous avons pris le PC du secteur nord et libéré du même coup quelques miliciens (5 ou 6) du Thao Muong de Ban Keun qui avaient été faits prisonniers et qui devaient être fusillés à dix heures ce même jour. La fusillade pétarade de tout coté, les VB tombent, je progresse toujours avec le groupe Michelangeli vers le pont. Nous sommes arrêtés à 100 mètres de ce dernier par un groupe de tireurs qui s’y abritent et ajustent leur tir. Le lieutenant Bridoux a été blessé assez gravement et est emmené par ses camarades vers la section Geoffroy. Le commando et le groupe Capdevielle avec l’aspirant Delvert et le Commandant Guenon progressent toujours vers l’Est et atteignent la coupure de la rivière qu’ils ne peuvent franchir : des armes automatiques, les rebelles sont en face leur tirant dessus et ils ne peuvent les repérer. Je suis toujours à 100 mètres du pont te j’engage F.M. et à la carabine un duel contre ces damnés tireurs. Vers 10 heures 15, le Commandant Guenon, me rejoint et m’annonce que la partie est trop dure, il a déjà plusieurs blessés parmi les hommes du Commando et les munitions ne sont plus très nombreuses. Il ordonne donc le repli vers la section Geoffroy. Le commando exécute en parti le mouvement et je fais se replier toute la section Delvert vers l’école où nous sommes presque tous réunis. Une contre attaque des assiégeants nous prend alors sur le flanc venant de l’Est en même temps que le long de la berge vers l’Ouest, des salopards se rapprochent. La situation devient critique. Le Commandant Guenon rappelle ses hommes. Quelques hommes du Commando rejoignent la section Geoffroy. Nous sommes tirés de trois côtés à la fois, Est, Sud et Ouest. L’aspirant Herselin, F.M. d’un groupe du Commando est mortellement blessé alors qu’il s’apprêtait à franchir la route, il recommande avant de mourir son F.M. Le première classe Clerc, son chargeur, le prend spontanément. J’aperçois à ce moment à trente mètres, couché de l’autre coté de la route, un salopard agitant un sabre. Je l’ajuste à la carabine et l’atteint à la tête ; j’en aperçois un autre à trois mètres en avant, je le tire et le manque. Le détenteur du sabre recommence à s’agiter ; ayant auparavant utilisé mes deux grenades, j’en demande une autre au chef Selbe et la lance, elle roule et s’arrête contre le corps de ce salopard puis explose en faisant son effet. Pendant ce temps, sur la face Est où les rebelles ont lancé l’assaut en hurlant, le maréchal des logis Renoir de mon groupe d’accompagnement, installe son F.M., tire et balance ses grenades. Les lieutenants Lecomte, Tardy et Garnot, du Commando contre-attaquent et arrivent au corps à corps. Le lieutenant Lecomte s’empare de l’arme d’un salopard et lui fracasse le crane avec, le lieutenant Tardy achève la fuite des autres en lançant une grenade. Je bondis vers le corps atteint par la grenade et je reconnais à quelques mètres de là, le corps du Commandant Guenon, un trou dans la poitrine, il est mort. Je récupère les papiers et le sabre du salopard, lui enlève la musette contenant des grenades et appartenant au Commandant Guenon, qu’il avait déjà autour du cou. J’appris plus tard qu’il était le chef du secteur nord et c’est à l’aide de son pistolet 7,65 qu’il avait tué le Commandant Guenon d’une balle en plein cœur. Je décide alors de prendre le commandement et apercevant le lieutenant Lecomte, je lui fais part de la mort du Commandant Guenon et de ma décision « qui n’est pas de nous replier, mais de contre-attaquer et passer le pont en force, coûte que coûte, tant pis pour la casse, le but n’est pas loin et nous devons l’atteindre ». « La section Delvert progressera en suivant la berge et le Commando me suivra ». Le moral un moment atteint se redresse et tous nous repartons vers l’avant. J’aperçois quatre salopards qui traversent la route et s’enfuient vers l’est et la rivière. Je lâche deux coups de carabines sur les deux derniers. Le capitaine Lecharbonnier blessé à la cuisse au début de l’action accompagné des lieutenants Lioret et Tral avaient progressé jusqu’à la rivière, s’étaient rabattus vers le pont, lorsqu’ils furent pris par la contre-attaque des rebelles qui les débordaient. Se voyant cernés, ils restèrent dans la brousse prés du pont, ne sachant plus ce qu’il se passait et n’ayant pas été atteints par l’ordre de repli du Commandant Guenon. Le lieutenant Tral s’occupant du blessé et le lieutenant Lioret les protégeant. Ayant perdu tout contact, ils étaient fermement décidés à défendre chèrement leur vie. Tout en continuant notre progression vers le pont, nous les récupérons et continuons. L’aspirant Delvert et moi-même traversons le pont au pas de course suivi du commando et de toute la section Delvert, pendant que les rebelles continuaient de tirer sur le pont nous rejoignons alors le groupe du sergent Mondolini du camp de Ban Kun qui s’abrite derrière la première maison du village, tirant sur les rebelles qui se replient vers l’Est. Je rassemble le personnel. La section Geoffroy restée en position défensive ainsi que quelques hommes du Commando restés avec les blessés n’ont pas rejoint. Je demande des volontaires pour repartir vers les camarades restés. Les hommes du Commando Conus et de la section sont fatigués, je les renvoie au camp très proche et ne garde avec moi que les volontaires, l’ASPT Delvert, le caporale Michelangeli avec un F.M., le lieutenant Lecomte et le première classe Clerc avec un F.M. Je place Michelangeli sur le pont en surveillance vers l’Est d’où quelques salopards nous harcèlent encore. Le capitaine Tual, le sergent chef Le Hebel et quelques chasseurs de Ban Keun nous accompagnent. Arrivés au haut de la côte à environ deux cents mètres au Nord du pont, nous apercevons vers l’Est, dans les maisons, quelques hommes que le capitaine Tual déclare être des chasseurs. Je me dirige vers eux et j’essuie à quatre mètres un coup de fusil qui me manque, je lâche mon coup de carabine et descend le salopard. Je me replie ensuite vers le F.M du commando que je fais tirer dans la direction de ces soi-disant chasseurs. De son coté, l’adjudant-chef Ricard qui nous avait suivi avec sa section, les a vus et les prend à parti ; ils s’enfuient vers l’Est et ce fut la dernière réaction des rebelles. Par la suite, il ne fut tiré que des coups de feu isolés. Nous rejoignons la section Geoffroy qui, avec le lieutenant Thalmann et les blessés du Commando qui s’étaient repliés, sont toujours en position vers Pa Ka Niou et ne sont d’aucune façon intervenus dans la bagarre. Rassemblement du personnel, nous rentrons au camp en emmenant nos morts et nos blessés et où nous sommes enfin tous réunis vers 12 heures 15.Le capitaine Tual, du camp de Ban Keun envoie des patrouilles dans toutes les directions pour harceler les fuyards et récupérer le matériel abandonné. Un grand nombre de munition, un F.M. Bren, une quinzaine de fusils, deux plaques de base de portier et quelques prisonniers sont ramenés au camp. L’opération a été chaude et nos pertes ont été sensibles, mais le résultat a été atteint : le camp de Ban Keun entièrement dégagé et les assiégeants mis en fuite dans toutes les directions en abandonnant un assez grand nombre d’armes. Le commandant Guenon et l’aspirant Herselin ont trouvé au cours de l’action un mort glorieuse et leurs deux corps reposent au pied du mat aux couleurs du camp de Ban Keun. Le Lieutenant Bridoux est sérieusement blessé à la cuisse et à la cheville droite. Le capitaine Lecharbonnier est blessé à la cuisse. Le Lieutenant Joyeuse très légèrement au ventre ainsi que le première classe Ruggieri très légèrement à l’épaule. Un avion se pose sur le terrain de Ban Keun le 25 Janvier 1946 et embarque le Lieutenant Bridoux ainsi que trois chasseurs laotiens blessés et quatre européens rapatriés sanitaire. Le détachement fait dans la journée du 26 une marche patrouille jusqu’à Pa Ka Niou et revient à Ban Keun en passant par les villages situés au Nord-est de ce centre : R.A.S..Rentrée de tout le détachement à Tha Ngon dans la journée du 27 Janvier 1946 en une seule étape. Le Capitaine Jean Larrieu, alias Lavisme.

Jean Larrieu-commandant au 13RDP à Blida en Algérie, après le saut, pépin replié le 5 décembre 1960. Il arrive au régiment le 26 novembre 1960
Jean Larrieu, chef de corps provisoire du 13ème Régiment de Dragons Parachutistes, défile en tête à Philippeville en Algérie-29101961
Jean Larrieu-commandant en second du 13RDP en opération en Algérie le 30 Mai 1961-Il porte son USM1 à crosse repliable qu'il détient depuis qu'il était jedburgh en 1944
Jean Larrieu, commandant en second du 13 RDP, à la ferme Andreux au Petit Cavallo en Algérie, à l'arrivée de l'héliportage du 1er escadron par la 2 DIH le 10 février 1961
Jean Larrieu, commandant en second du 13 Régiment de Dragons Parachutistes, sur une automitrailleuse Ferret pendant une liaison radio avec le Cdt Bourgeois de la BA de Sedrata en Algérie le 25 Mai 1962
Jean Larrieu, commandant en second du 13ème régiment de Dragons Parachutistes le ramène d'Algérie en métropole. Il le fait défiler de la gare au quartier Fayolle à Castres en tenue camouflée et en chantant, le 26 Août 1962.
Citation obtenu par le Jedburgh Jean Larrieu lors de son passage au 13 RDP comme commandant en second.

La guerre d'Algérie

Adjoint au commandant du 4ème Groupe de Compagnies Nomades d'Agérie, le commandant Larrieu joue un rôle prépondérant dans la mise sur pied de cette formation, qui, seule, a pu tenir le secteur pendant près d'un an. Spécialisé dans les questions de 2ème bureau, ayant longtemps servi en Afrique du Nord, connaissant parfaitement la mentalité et la langue arabe, il se donne à fond à sa mission d'officier de renseignements de son groupe et d'officier de renseignements du secteur. Travailleur acharné, sillonnant le bled pour multiplier les contacts, il totalise plus de 200 heures de vol de guerre. Il connait à fond son secteur et, infatigable, monte, prépare et anime de nombreuses opérations payantes. Les opérations de Taguine de Mai 1956, de Paul Cazelles de novembre 1956 ou, il prend personnellement une part prépondérante au succès vientd'être couronnée par l'anéantissement totale d'une compagnie ex-csa : 24 tués, 49 prisonniers, 66 armes de guerre récupérées.

Le 13e Régiment de Dragons Parachutistes - 26/11/1960 - 01/08/1964 En parallèle à la naissance de la 7ème compagnie en 1960, l’État-Major décide fin 1960 que le 13 RDP sera le régiment de recherche aéroporté dont la France à besoin. Au vu des missions futures du Régiment, parachutage en profondeur, transmissions longue distances, codages et extractions, il y envoie, fin 1960, le commandant Jean Larrieu qui maîtrisait parfaitement ces spécialités au vu, de ses expériences Jedburghs, Force 136, Stay-Behind etc. L’État-major destinait Jean Larrieu à en devenir le chef de corps lors de sa transformation en régiment de recherche aéroporté inter-armes. Il y arrive d'abord en tant que chef des services techniques puis est nommé commandant en second du 13 RDP le premier Juillet 1961 jusqu'en septembre 1962. Plusieurs fois au cours de son séjour au sein du Treize, il en prend le commandement. Il organise le rapatriement du Régiment en métropole par bateau le 25 Août 1962 puis par train jusqu'à Castres. Il le ramène de la gare au quartier Fayolle en traversant la ville à la tête du régiment qui est à sa demande en tenue camouflée et en chantant. Puis le premier septembre 1962, il est nommé à la direction de la division d'instruction et commence à diffuser son savoir-faire de spécialiste pour les missions futures du régiment. Les conséquences des événements d'Avril 1961 en ont décidé autrement, Jean Larrieu doit quitter le Régiment le premier Août 1964. Jean Larrieu a été un des précurseurs, l'initiateur et le trait d'union entre le 13 RDP et toutes les techniques que le Régiment fut appelé à développer dans ses missions futures de renseignement.


Affectations successives[31]

Le 4e Régiment de Chasseurs d'Afrique à Tunis - 16/10/1931 - 01/04/1944

Le B.C.R.A. Direction technique des Services Spéciaux Alger - 20/12/1943 - 22/04/1945 - Opération Jedburgh

Le B.C.R.A. Direction technique des Services Spéciaux Londres - 22/04/1944 - 23/04/1945 - Opération Jedburgh

La D.G.E.R. Extrême-Orient Force 136 - Laos - 24/03/1945 - 01/04/1946

Les Forces du Laos - 01/04/1946 - 24/11/1947

Le 5e Régiment de Dragons - 26/04/1948 - 05/08/1952

Le Service d'Entrainement Préparatoire des Réserves de Strasbourg - 05/08/1952 - 22/02/1956 Il recrute et encadre les réservistes de la DGER qu'il forme, entre autres au parachutisme... C'est l'époque des réseaux Stay-Behind qui préparaient la résistance secrète en cas d'invasion soviétique.

Les Compagnies Nomades[32] [33]- 15/03/1956 - 01/09/1958

Le 3e Régiment de Spahis Algériens - 20/09/1958 - 01/11/1960 Le 13e Régiment de Dragons Parachutistes - 01/11/1960 - 01/08/1964


Le 11e Régiment d'Artillerie Blindée - 01/08/1964 - 01/08/1967

Le Groupe d'Exploitation des Transmissions no 800 - 01/08/1967 - 18/01/1969

La dernière affectation de Jean Larrieu sera au 800 GET (groupement d'exploitation des transmissions) à Saint-Denis, groupement spécialisé dans les transmissions secrètes très longues distances entre le ministère des Armées, la Présidence de la République et les forces nucléaires françaises.

Décorations

Chevalier de la Légion d'Honneur : Officier de la Légion d'honneur : Croix de guerre 1939-1945 : cité à l'ordre de l'Armée : Larrieu, dit Lavisme, Jean - Jedburghs. « Officier d'active volontaire pour des missions spéciales, membre d'une équipe alliée parachutée le 14 août 1944 derrière les lignes ennemies, dans le Rhône. A constamment fait preuve d'un courage et d'un sang-froid inégalables. S'est notamment trouvé le 15 août 1944 à Sainte-Foy l'Argentière, seul face à un train ennemi immobilisé en plein jour. Est demeuré calme et maître de lui, et, sans attirer l'attention de l'ennemi, envisagea la situation et tira ses plans en conséquence. Rentré à son PC., il commanda personnellement une attaque qui causa l'anéantissement de ce train et la mort de plusieurs centaines d'Allemands. Ces citations comportent l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme. Fait à Paris, le 20 août 1945, signé De Gaulle »[2].

Cité à l'ordre de l'Armée : Larrieu Jean alias Lavisme - des Forces Françaises de l'Intérieur : « Parachuté d'Angleterre dans le centre de la France avant le débarquement pour organiser et armer les maquis. A, notamment, le 18 août 1944, fait preuve d'une initiative et d'un sang-froid remarquable en participant avec trois hommes au sabotage de la gare de Chazelles occupée par l'ennemi. Les 19, 20, 21, avec des unités spécialisées qu'il avait entraînées et des SAS a attaqué et anéanti avec un courage au-dessus de tout éloge, les troupes ennemies du Camp de Chazelles qui comptait 300 hommes, libérant ainsi l'axe Saint-Étienne-Lyon menacé par la position de ces troupes. Ces citations comportent l'attribution de la Croix de Guerre 1939-1945 avec Palme. Fait à Paris, le 14 janvier 1948, signé Schuman » Croix de la Valeur Militaire avec Etoile de Vermeil-18/04/1959, A.F.N., 3 citations Médaille Commémorative de la Guerre 39-45 Agrafe "Afrique, Libération et Grande-Bretagne" Mentioned in Despatch Médaille commémorative Indochine Médaille commémorative des Opérations de Sécurité en AFN Médaille Coloniale - Agrafe Tunisie-Indochine Mention au Bulletin Officiel -BOPD no 53 de 1955 pour services rendus

Bibliographie

  • Anne-Aurore Inquimbert, Les équipes Jedburgh, juin 1944-décembre 1944 : le rôle des services spéciaux alliés dans le contrôle de la résistance intérieure française, Panazol, Lavauzelle, coll. « Renseignement, histoire & géopolitique., Etudes », , 172 p. (ISBN 978-2-702-51307-1) (OCLC 173641117) .
  • Will Irwin (trad. Antoine Bourguilleau), Les Jedburghs : l'histoire secrète des Forces spéciales alliées en France en 1944 [« The Jedburghs »], Paris, Perrin, , 434 p. (ISBN 978-2-262-02629-5) (OCLC 986605513) 
  • David Portier, Les parachutistes SAS de la France libre : 1re et 2e compagnies d'infanterie de l'air, Egypte-Crète-Libye-Tunisie, 1940-1943, 3rd-4th French SAS battalion, France-Belgique-Hollande, 1944-1945, Paris, Nimrod, , 544 p. (ISBN 978-2-915-24331-4) .
  • Jean Morillon, Un Breton en Indochine : Mission Oiseau mouche, Le Coudray-Macouard, Cheminements, coll. « Gens d'ici », , 191 p. (ISBN 978-2-844-78106-2) [lire en ligne] .
  • Colonel Jean Le Morillon, Un breton en Indochine. Mission "Oiseau mouche", Cheminements, collection Gens d’Ici, 2000, (ISBN 2-84478-106-3). Les mémoires d'un officier du BCRA, de la Force 136 puis de la DGSE, parachuté au Laos le .
  • David Smiley, Au cœur de l'action clandestine des commandos au MI6, Sceaux, L'Esprit du livre éd, coll. « Histoire proche », , 688 p. (ISBN 978-2-915-96027-3) (OCLC 123510547) .
  • François Lescel, Objectif Lyon, Sainte-Catherine, DG communication, coll. « Histoire proche », , 688 p. (ISBN 978-2-951-04936-9) (OCLC 123510547) .
  • Pascal Le Pautremat, Jean-Louis Perquin et Eric Micheletti, Les agents secrets de la France libre : le Bureau central de renseignements et d'action, 1940-1944, Paris, Histoire & Collections, coll. « Résistance », , 144 p. (ISBN 978-2-352-50269-2) (OCLC 856871964), p. 117 .
  • Le 13, Mérignac, RD-Amicale, , 67 p. (ISSN 2551-3494), p. 20-21 
  • Philippe Millour et Gaston Erlom, Le Service Action d'Extrême-Orient, 1944-1945, Paris, Histoire & Collections, , 212 p. (ISBN 979-1-038-01288-2) .

Notes et références

  1. « Jean Larrieu, le mystérieux officier français venu de Londres pour libérer Lyon », Le Progrès,‎ (lire en ligne).
  2. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Etat_des_services-dernier-GET-1969.pdf
  3. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Jean_Larrieu-Croix_de_la_Valeur_Militaire-citation-12051962-13e_RDP_Larrieu081.jpg
  4. Le 13 - magazine de l'Amicale du 13 Régiment de Dragons Parachutistes,  .
  5. Base Leonore, dossier de Jean Larrieu.
  6. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Etat_des_services-dernier-GET-1969.pdf
  7. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Jean_Larrieu-notes_au_4RCA-_1940-41-42-43.pdf
  8. Liste des équipes Jedburgh
  9. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Jean_Larrieu,_capitaine_Jedburgh,_carte_identit%C3%A9_BCRAL-1944-verso.JPG
  10. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Traduction_en_fran%C3%A7ais_du_rapport_JUDE_1_de_l%27OSS-Etats-Unis.pdf
  11. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Larrieu_Jean-jedburgh-Lib%C3%A9ration_Lyon-rapport_missions_JUDE-DGER-28011947-1.pdf
  12. https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_%C3%A9quipes_Jedburgh
  13. http://www.plan-sussex-1944.net/francais/pdf/infiltrations_en_france.pdf
  14. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Jean_Larrieu-Lavisme-homologation_grade_FFI-25061947.pdf
  15. Cette citation à l'ordre de l'Armée du Jedburgh Jean Larrieu par De Gaulle comporte la mention qu'elle ne sera pas publiée au Journal Officiel afin que son appartenance aux Jedburghs ne soit pas révélée car ils ont quasiment tous constitué l'ossature des services secrets alliés après la guerre et il ne fallait pas qu'ils soient identifiés par les ennemis potentiels - suivant document attaché [1]
  16. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Jean_Larrieu-activit%C3%A9s_FFI-adjoint_au_Cdt._Mary-1_et_2.pdf.
  17. David Portier, Les parachutistes SAS de la France libre : 1re et 2e compagnies d'infanterie de l'air, Egypte-Crète-Libye-Tunisie, 1940-1943, 3rd-4th French SAS battalion, France-Belgique-Hollande, 1944-1945, page 362.
  18. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Jean_Larrieu-Lavisme-homologation_grade_FFI-25061947.pdf
  19. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Jean_Larrieu-activit%C3%A9s_FFI-adjoint_au_Cdt._Mary.jpg
  20. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Larrieu_Jean_pseudo_Lavisme-nomination_grade_capitaine_par_Mary-25081944.jpg
  21. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Traduction_en_fran%C3%A7ais_du_rapport_du_SOE_de_la_mission_Jude_I_et_2-101944.pdf
  22. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Jean_Larrieu_(Jedburgh_Lavisme),_SF_visible,_d%C3%A9cor%C3%A9_place_Bellecour_%C3%A0_Lyon_par_Descours_et_Mary-Basset-05091944-DR-L.jpg
  23. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Premier_rapport_manuscrit_mission_Jude_1_r%C3%A9dig%C3%A9_par_Jean_Larrieu-22101944.pdf
  24. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Retranscription_premier_rapport_manuscrit_Jude_1_%C3%A9crit_par_Larrieu-22101944.pdf
  25. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rapport_du_SOE_de_la_mission_Jude_I_et_2-101944.pdf
  26. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Traduction_en_fran%C3%A7ais_du_rapport_du_SOE_de_la_mission_Jude_I_et_2-101944.pdf
  27. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rapport_de_l%27OSS_de_la_mission_Jude_I_et_2-101944.pdf
  28. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Traduction_en_fran%C3%A7ais_du_rapport_JUDE_1_de_l%27OSS-Etats-Unis.pdf
  29. Archives américaines-National Archives Microfilm Publications, roll 8, target 6, Vol.4, Book VI , Special Operations Branch : Jedburghs ( pages unnumbered )
  30. Le service action d'Extrême-Orient 1944-1945 - Premiers parachutistes en Indochine, Histoire et Collections,  .
  31. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Etat_des_services-dernier-GET-1969.pdf
  32. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Cdt_Jean_Larrieu-4GCNA-ordre_du_jour-17091958.pdf
  33. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Cdt_Jean_Larrieu-4GCNA-citation_au_corps_d%27Arm%C3%A9e-11041956.pdf

Liens externes

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