Luigi Cascioli

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Luigi Cascioli
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Luigi Cascioli (1934–2010)
Naissance
Drapeau de l'Italie Bagnoregio, province de Viterbe
Décès (à 76 ans)
Drapeau de l'Italie Roccalvecce (it), province de Viterbe
Auteur
Langue d’écriture italien
Mouvement polémiste
Genres

Compléments

Luigi Cascioli, né en Italie le 16 février 1934 à Bagnoregio (province de Viterbe) et décédé le 15 mars 2010[1] ,[2] à Roccalvecce (it) (province de Viterbe), est un militant athée et écrivain italien, publié à compte d'auteur.

Biographie

Luigi Cascioli est un écrivain et un militant anticlérical italien.

Ingénieur agricole, séminariste dans sa jeunesse, il est également enseignant, officier de l'armée italienne, travailleur dans le secteur de l'industrie du bâtiment à l'étranger et enfin érudit autodidacte de l'histoire du Christianisme.

Il est essentiellement connu aussi pour ses revers polémiques avec l'Église catholique romaine.

Thèses

Luigi Cascioli se consacre à une recherche essentiellement vouée à la supposée existence historique de Jésus sur laquelle se fondent les origines du christianisme ; il expose ses vues dans le livre intitulé « La fable du Christ » — sous-titre : « Démonstration irréfutable de la non existence de Jésus Christ » — publié à compte d'auteur. Selon les thèses qu'il y expose, le Jésus connu n'aurait jamais existé et son personnage ne serait qu'une construction fictive élaborée au cours de la seconde moitié du IIe siècle, à partir d'un mélange d'éléments fantastiques (miracles, apparitions, tremblements de terre…), de falsifications répétées et de substitutions de mots et de significations des textes anciens. Le personnage de Jésus, en particulier, serait calqué sur celui de Jean de Gamala[note 1], un personnage purement littéraire selon certains qui, pour Luigi Cascioli, serait l'un des membres du groupe hébreu extrémiste et anti romain des zélotes, proche des esséniens. Jean aurait été un des fils de Juda le Galiléen, prétendant au trône d'Israël, descendant donc de la dynastie des asmonéens (Maccabées), représentants de la tribu de Juda et présumés descendants du Roi David.

Dans son livre, Luigi Cascioli, conteste en outre le fondement historique de l'Ancien Testament. Il y stipule que l'Ancien Testament ne contiendrait rien d'autre qu'une collection de témoignages d'origines disparates (sumériennes, suméro-babyloniennes, babyloniennes, égyptiennes, perses et hindous), détournés de différentes religions pré-juives, rédigés à partir du VI siècle a. C.

Par exemple, la rédaction plus ancienne du texte, selon Luigi Cascioli, ne comprenait pas l'épisode d'Abraham (inséré ultérieurement), et le récit de la Tour de Babel aurait été suivi immédiatement des épisodes de Moïse et la fuite des Hébreux d'Egypte.

L'objectif poursuivi par les auteurs aurait été d'unir le peuple hébreu (jusqu'alors à polythéiste) à travers la vénération d'un dieu unique, de façon à éliminer les rivalités intestines et tenter de créer une nation compacte.

Quelques points fondamentaux de la thèse de Cascioli

Selon lui les faits présentés comme vrais par les Écritures seraient en réalité des faux.

Origine des légendes bibliques

Beaucoup parmi les plus célèbres mythes bibliques seraient des récupérations de légendes issues des principales religions de l'époque. Ainsi, la figure de Jésus dans la religion chrétienne serait comparable à celle de Mitra, logos dans la religion avestique et dans le Mithraïsme. Le jardin d'Éden serait inspiré d'un vieux conte sumérien. Le personnage de Noé serait calqué sur celui de Ziusudra dans une fable suméro-babylonienne; celui de Moïse sur Sargon (2528 av JC), héros d'une légende suméro-babylonienne, etc.

Le terme « Nazaréen », par lequel Jésus est qualifié dans quelques passages des Évangiles, serait une tentative frauduleuse des évangélistes cherchant à associer le Christ à la ville de Nazareth, alors que le sens originel serait celui de « Natziréen », c'est-à-dire « Nazir », membre initié de la communauté essénienne préparant une révolte juive contre l'Empire Romain. Jésus n'aurait pas été un nom propre à l'époque évangélique.

Jean de Gamala et les rebelles zélotes

Dans La Fable du Christ, Cascioli avance que la figure de Jésus aurait été construite sur la personne d'un certain Jean de Gamala, fils de Judas le Galiléen, de la caste des Asmonéens.

Luigi Cascioli soutient le dédoublement de ce Jean de Gamala historique en deux personnages distincts : celui de Jésus et celui de Jean Baptiste. Pour ce faire, il se base sur quelques épisodes identiques dans les deux narrations apocryphes de la vie des deux personnages. Luigi Cascioli affirme que Jean de Gamala aurait été fils de Judas le Galiléen[note 2] et qu'il aurait eu quelques frères appelés Jacques, Simon[note 3] (dit « Le zélote »), Judas Thaddée, Menahem et Eléazar, c'est-à-dire Lazare de Béthanie, qu'il identifie avec le disciple que Jésus aimait ; la paternité de ce Judas restant cependant incertaine, il pourrait toutefois — toujours selon Luigi Cascioli — être fils de Giairo, frère de Judas et donc cousin de ses fils.

Quelques autres parents se seraient unis à eux : Simon dit Bariona (c'est-à-dire Simon le maquisard ), dit même Kefas (la « roche », c'est-à-dire : Pierre), un autre Jacques (pour Luigi Cascioli : fils du même Juda) et son frère ou cousin Jean, identifié avec Jean de Giscala[note 4], fils de Zebedee, et enfin Judas dit le Sicaire (Judas Iscariote), entre autres.

Ces noms rappellent les principaux apôtres[note 5].

Ce supposé Jean de Gamala aurait formé, avec eux, une bande armée en révolte contre l'occupation romaine, mais aurait été capturé dans le jardin des Gethsémani et crucifié; Jean aurait épousé Marie de Béthanie, sa parente, qu'il identifie avec Marie Madeleine.

Les apôtres auraient été en réalité des guérilleros, des acolytes du mouvement zélote et surnommés la bande des Boanerghes[note 6].

Les origines de l'Église du IIe siècle

Après la guerre judaïque de l'an 70, une fois les zélotes guerriers défaits, les esséniens pacifiques auraient accentué le messianisme et seraient connus dans le monde hellénistique comme chrétiens, traduction du mot juif messianistes. L'Église serait seulement née durant le IIe siècle et elle aurait employé, pour combattre l'idée du Messie spirituel des gnostiques hellénisants, le personnage de Jean de Gamala, intégrant même des éléments non hébraïques venus de cultes païens (cultes de Mitra et de Dionysos exprimés par l'Eucharistie, le partage du pain et du vin, la prière du Notre Père, etc.).

À l'époque de Néron, les messianistes, ou chrétiens, présents jusque dans la communauté juive de Rome, encore en guerre ouverte en Judée, étaient violement opposés au pouvoir romain et pour ceci abhorrés (il fut donc facile de leur faire endosser des fautes qu'ils n'avaient pas commises comme l'incendie de Rome de l'an 64).

Incohérences dans les saintes écritures

Luigi Cascioli souligne des divergences entre divers textes du nouveau testament. Par exemple, les évangiles de Mathieu et Luc donneraient des versions différentes de la natalité. Saint Paul de Tarse ne parlerait pas de croix mais de pal, etc.

La croix latine

Le supplice de la crucifixion était réservé chez les romains aux prisonniers politiques. La croix était couramment un tronc de bois reposant horizontalement sur 2 troncs de bois verticaux plantés en terre. Le tout ayant l'allure de cage de football. L'image de la croix latine parvenue jusqu'à nous comme représentation du supplice de la crucifixion serait, d'après Cascioli, l'œuvre des artistes chrétiens du Ve siècle.

La quasi inexistence de références à Jésus Christ dans les textes de l'époque

Luigi Cascioli ne reconnaît qu'un auteur contemporain de Jésus comme parlant de lui, Joseph Flavius, et encore brièvement. Il pense que ces références au Christ sont des ajouts ultérieurs.

Luigi Cascioli, dans un livre La mort de Christ, sous titré Chrétiens et Christicoles, examine et rejette une par une les références au Christ et aux Chrétiens dans les quelques siècles suivants.

Polémiques

Le problème est que l'existence de Jean de Gamala ne repose sur aucun document[note 7] : il n'existe pas la moindre source antique qui fasse état d'un personnage de ce nom. Cette hypothèse ne repose donc que sur les affirmations de Luigi Cascioli qui soutient que ce personnage serait cité dans un manuscrit originel de Joseph Flavius et dans le proto évangile de Jacques.

Il semble que Luigi Cascioli lui même ait pris en compte cette objection puisque dans La mort du Christ ultérieur à La fable du Christ, il remanie sa thèse sans plus citer Jean de Gamala. Il continue toutefois à identifier les apôtres des évangiles avec une bande d'intégristes indépendantistes hébreux décrit par Flavius[7] et par Philon[note 8] sur la base d'éléments inducteurs se trouvant dans les évangiles même et de ressemblances avec quelques passages des Antiquités Judaïques de Flavius.

Ce livre a été complètement ignoré du monde savant et critiqué non seulement par les chrétiens, mais aussi par les auteurs rationalistes et athées, en raison de ses bruyantes campagnes médiatiques contre l'Église qu'il prétendait ridiculiser en démontrant l'absurdité de ses dogmes. Sur le site « Hérétiques, Incroyants, Rationalistes[8] », pourtant favorable à Luigi Cascioli, on avoue que celui-ci n'a recueilli que « peu d'engagement de la part des associations athées et laïques : sur les 130 responsables d'associations auxquels Luigi Cascioli a envoyé un message et une demande de soutien, seulement trois ont daigné lui répondre », sans qu'on précise d'ailleurs quelle a été la réponse.

Ignoré des érudits, son livre a pu connaître quelque succès de scandale auprès d'un certain public grâce à un procès intenté contre l'Église catholique, en la personne de don Enrico Righi, curé-recteur du diocèse de Bagnoregio (VT), pour abus de la crédulité populaire (art. 661 C.P.) et substitution de personne (art. 494 C.P.). Après dépôt de la plainte auprès du tribunal de Viterbe le 13 septembre 2002, l'affaire s'est terminée le 27 janvier 2008 par un non-lieu, le tribunal de Viterbe mettait fin à l'aventure judiciaire en Italie. L'affaire fut classée, mais Luigi Cascioli saisit alors, en mars 2008, la Cour européenne des droits de l'homme[9], laquelle accepta d'examiner le cas.

Autres initiatives de Cascioli

En 2002, prétendant que l'Église catholique aurait fait fermer certains sites Internet athées, Luigi Cascioli publia sur son site, en manière de protestation, une Lettre ouverte au Vatican[10] dans laquelle il menaçait d'opérer, avec l'aide d'un prêtre défroqué, un acte semblable à ce que l'on appelle la transsubstantiation :

« Au premier écho que nous recevrons d'une répression quelle qu'elle soit, voire de simples boycotts, que vous aurez faits contre des sites Internet qui vous sont contraires, cet ancien prêtre commencera la transformation du vin en sang de Jésus-Christ, dans des bonbonnes et dans des barriques [...] ; nous le ferons à une échelle industrielle et le vin, transformé en sang du Christ, votre héros qui, en réalité, n'a jamais existé, sera mis dans le commerce à deux francs[note 9] le litre. »

— Luigi Cascioli, Lettre ouverte au Vatican

Éditions

Les ouvrages de Luigi Cascioli sont publiés à compte d'auteur et en vente chez l'auteur via son site personnel[11].

Notes et références

(it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Luigi Cascioli » (voir la liste des auteurs).

Notes

  1. Jean de Gamala, dit même Yhochanan ben Yehuda en araméen.
  2. Judas le Galiléen : personnage historique cité par Joseph Flavius, fondateur du mouvement zélote rebelle, tué pendant sa révolte anti romaine.
  3. Jacques et Simon seraient de toute façon les deux noms des fils de Judas, tués dans la guerre de 46
  4. Jean de Giscala : à ne pas confondre avec Jean de Patmos, dit : « Le presbytre », auteur de la partie « pacifique » de l'Apocalypse de Jean.
  5. Dans les évangiles, on parle explicitement des frères de Jésus, mais beaucoup de spécialistes soulignent que, dans la tradition juive, le terme « frères » peut même indiquer génériquement des consanguins[3],[4].
  6. Boanerghes : « Les fils du tonnerre », nom attribué couramment à l'apôtre Jean et à Jacques le frére[5]. De même, l'appellation Judas Iscariote dériverait de « sicaire », et Simon le zélote (dit même le cananéen) dénoterait l'appartenance à la secte des zélotes[6].
  7. Il est curieux de constater que le nom de Jean de Gamala apparaît pour la première fois... au XIXe siècle dans For The Temple (1888), un roman de l'écrivain anglais George Alfred Henty. Dans la préface de l'ouvrage, l'auteur avertit lui-même qu'il s'agit d'un personnage purement imaginaire.
  8. Les zélotes, répartis en équipes, saccageaient les maisons de hommes qu'ils tuaient ensuite et livraient aux flammes les villages, ainsi toute la Judée fut pleine de leur atroce action. Tiré du traité : « Que tout homme honnête est libre ».
  9. Le terme « franc » peut sembler étrange en Italie ; mais on lit bien : sarà messo in commercio a due franchi al litro.

Références

  1. Décès de Luigi Cascioli, 29 avril 2010, « Luigi Cascioli est décédé le 15 mars 2010, comme l'ont annoncé son épouse Ada et sa fille Elena. »
  2. (it) Luigi Tosti, Hommage funèbre du magistrato Luigi Tosti, « Doloroso annuncio: il 15 marzo 2010 è venuto a mancare Luigi. Ne danno notizia la moglie Ada e la figlia Elena. »
  3. (it) Josef Blinzler, I fratelli e le sorelle di Gesù, Paideia, 1974, ISBN 88-394-0297-7
  4. (it)Vittorio Messori, Ipotesi su Maria, Ares, 2005, ISBN 88-8155-338-4
  5. Mc 3-17
  6. Joseph Flavius, Guerre Judaïque, II – 12
  7. des Antiquités Judaïques
  8. Richard Owen, Italie : des juges assignent un prêtre en justice pour qu'il prouve l'existence de Jésus-Christ !, Times Online, 10 janvier 2006
    Luigi Cascioli intente un procès civil à l'encontre de l'Église catholique romaine, visant ainsi à promouvoir sa thèse selon laquelle l'un des trois fondements de Trinité relèverait prétendument d'un mythe.
  9. Le débat sur Jésus devant la Cour européenne des droits de l'homme, 15 Avril 2006
    Luigi Cascioli, militant athée et auteur du livre « La fable du Christ » a finalement porté son procès devant la Cour européenne des droits de l'homme.
  10. (it)Luigi Cascioli, Lettre ouverte au Vatican
  11. Site de Luigi Cascioli.

Liens externes

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