Mode (musique tonale)
Dans la musique tonale, un mode se définit par « l'étendue précise de l'intervalle séparant chaque degré d'une tonalité donnée, de sa tonique ». Autrement dit, le mode concerne la répartition des intervalles conjoints depuis la tonique.
Le mot « mode » ayant d'autres sens en musique, notamment dans la musique médiévale, certains musicologues préfèrent ne pas utiliser ce terme dans le système tonal et préconisent l'emploi des expressions « tonalité majeure » et « tonalité mineure », ou encore, « gamme majeure » et « gamme mineure ». Les appellations « mode majeur » et « mode mineur » sont cependant couramment utilisées.
Selon que l'on prend pour tonique l'un ou l'autre des sept degrés de l'échelle diatonique naturelle (les seules touches blanches du piano), on obtient sept répartitions possibles des tons et des demi-tons, soit sept modes différents :
Mode Classique | Mode grec | 1-2 | 2-3 | 3-4 | 4-5 | 5-6 | 6-7 | 7-8 | Majeur/mineur | Notes particulières |
Mode de do | Ionien | Ton | Ton | 1/2 | Ton | Ton | Ton | 1/2 | Majeur | |
Mode de ré | Dorien | Ton | 1/2 | Ton | Ton | Ton | 1/2 | Ton | mineur | 6M |
Mode de mi | Phrygien | 1/2 | Ton | Ton | Ton | 1/2 | Ton | Ton | mineur | 2m |
Mode de fa | Lydien | Ton | Ton | Ton | 1/2 | Ton | Ton | 1/2 | Majeur | 4+ |
Mode de sol | Mixolydien | Ton | Ton | 1/2 | Ton | Ton | 1/2 | Ton | Majeur | 7m |
Mode de la | Éolien | Ton | 1/2 | Ton | Ton | 1/2 | Ton | Ton | mineur | |
Mode de si | Locrien | 1/2 | Ton | Ton | 1/2 | Ton | Ton | Ton | mineur | 2m 5- |
Histoire
Dès la Renaissance, ces sept modes, dits modes anciens utilisés dans la musique modale, cesseront progressivement d'être employés au profit des deux modes associés au système tonal, le mode majeur et le mode mineur. Les modes anciens seront cependant remis à l'honneur par certains compositeurs à partir de la fin du XIXe siècle.
Depuis le XIIIe siècle, les interprètes prennent l'habitude de corriger la hauteur de certaines notes par un dièse ou un bémol — non noté le plus souvent —, ceci, afin d'adoucir un intervalle mélodique ou harmonique, ou, plus tard, de transformer une sous-tonique en sensible. Cette tradition, appelée Musica ficta, a fini par entraîner au XVIe siècle une uniformisation des modes anciens — les échelles musicales utilisées pendant le Moyen Âge. Dès cette époque, en effet, tous les modes finissent plus ou moins par se ressembler, et désormais, le qualificatif de la tierce située entre les Ier et IIIe degrés suffit à indiquer l'un des deux seuls modes possibles : s'il s'agit d'une tierce majeure, le mode est dit majeur, s'il s'agit au contraire d'une tierce mineure, le mode est dit mineur.
Mode majeur
Le mode majeur est dérivé de l'ancien mode de do dont il est l'exacte réplique. Le mode majeur est le mode standard du système tonal. Il possède des sonorités gaies et lumineuses, et s'oppose en cela au mode mineur, plus sombre, et plus intériorisé.
Mode mineur
Le mode mineur est dérivé de l'ancien mode de la dont il est l'exacte réplique — si l'on fait abstraction des degrés mobiles. La gamme de la mineur est donc l'archétype de ce mode.
Il existe plusieurs formes de gammes mineures :
- La gamme de la mineur harmonique : la note sensible (7e degré) est alors élevée d'un demi-ton, ce qui fera de sol un sol#.
- La gamme de la mineur mélodique ascendant : la note sensible (7e degré) et la sus-dominante (6e degré) sont alors élevées d'un demi-ton chacune, ce qui fera de sol un sol#, et de fa un fa#. Toutes ces gammes sont "artificielles", surtout celle-ci pour qu'au chant il soit plus facile de chanter la gamme de La mineur.
- La gamme de la mineur mélodique descendant : la note sensible restera alors telle quelle, sans être augmentée d'un demi-ton.
Articles connexes
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