Pierre Porret
Pierre Porret, né à Creil le et mort le au Havre, est un officier ayant rejoint les Forces Navales Françaises Libres (FNFL) de Londres début 1941.
Biographie
Pierre Porret est né à Creil le 5 décembre 1909[1].
Capitaine au long cours, il fait partie de la 12ème promotion (1930) du navire-école Jacques Cartier. Après avoir navigué aux Chargeurs réunis de 1927 à 1935, il entre à la Compagnie générale transatlantique en 1936 et est premier lieutenant sur l’Alaska lors de la déclaration de guerre. Son bâtiment se perd en Manche le 15 novembre 1939, par suite d’abordage dans les conditions dangereuses de la navigation du temps de guerre[2]. Il embarque sur le Wyoming après la défaite de 40 et prend la résolution de rallier les rangs des Alliés. Il réussira le 8 mars 1941, lors d’une escale dans les Caraïbes [3].
Ralliant Londres le 10 mai, il est immédiatement envoyé dans une Patriotic School, où on l'interroge longuement pour juger le bien-fondé de ses motivations. L'examen se révélant favorable et étant donné qu’il était déjà breveté de la Marine marchande, on le met tout de suite à la disposition de la Marine française, sous les ordres de l'amiral Muselier.
Engagé le 22 mai, il poursuit sa formation à Greenock, en Écosse, base des bateaux destinés aux convois de l'Atlantique. Treize jours plus tard il est affecté à la 2e division de a 20e Flottille franco-britannique de Motor Launches. Le commandement de la ML 247 Saint Alain lui revient [4]. Du 15 Novembre 1941 au 15 Avril 1942, Pierre Porret rejoint en qualité d'officier en second La Melpomène, seul torpilleur de 600 tonnes avec Le Bouclier, qui accompagne ces convois de l'Atlantique, et opère des patrouilles en Manche et en Mer du Nord[5]. Compte tenu de la fragilité de ce type de bâtiment, son activité fut importante et méritoire, escortant et patrouillant en Manche et Mer du Nord, avec de nombreux engagements contre les avions ennemis [6].
Au printemps 1942, il est envoyé en Nouvelle-Calédonie au sein d'un groupe d'une dizaine d’officiers[7], comme officier en second sous les ordres de l'Amiral d'Argenlieu, pour assurer une présence française à Nouméa [8]. Cette mission dure du 15 avril 1942 au 27 avril 1944. A la fin de cette période, on lui propose de devenir administrateur de Wallis et Futuna. Il refuse, car il tient à rentrer en France, où la fin de la guerre se rapproche.
En avril 1944, Pierre Porret embarque à Nouméa comme officier en second de l'aviso Savorgnan de Brazza sous les ordres du capitaine de frégate Jacquet. L'aviso colonial comptait 200 hommes d'équipage[9]. Le trajet depuis Nouméa passait par Ceylan, Madagascar, et le bateau devait accoster à la Ciotat. A Ceylan, le commandant, malade, dut être débarqué sur les conseils du médecin du bord et Pierre Porret en assure alors le commandement, de Ceylan à Madagascar, soit pendant deux mois et demi [10]. A Madagascar, en novembre 1944, les attendait le commandant Galleret, qui a remplacé le commandant Jacquet[11].
En juillet 1945 le Savorgnan arrive à La Ciotat. Les parents de Pierre Porret étaient sans nouvelles de lui depuis plus de trois ans. Toutes leurs recherches dans les ministères et même sur les listes de disparus avaient été vaines. Enfin, en 1945, une de leurs amies avait pu savoir qu'il était en Nouvelle-Calédonie et sa sœur s'est précipitée à La Ciotat pour être là à son arrivée. Affecté ensuite à la mission navale à Vienne, il y reste sept mois sous les ordres de la coalition des quatre pays vainqueurs (Angleterre, France, Etats-Unis et Russie). Il est enfin démobilisé le 1er Mars 1946 [12].
Pierre Porret avait toujours l'idée de s'occuper du Pilotage du Havre, poste faisant l'objet d'un concours qu'il avait passé sans succès juste avant la guerre. Il prend une situation provisoire au Havre comme capitaine d'armement à la Compagnie Les Abeilles. Cette société armant des remorqueurs et des bateaux de sauvetage, appartenait alors à la famille Legrand.
Il se marie à Denise le 19 décembre 1946 en l'église de Saint Etienne du Mont. Ils effectuent leur voyage de noces en Angleterre, à Salcombe dans le Devon, où le couple dépense l'argent que Pierre y avait laissé pendant la guerre et qu'il lui était interdit de transférer en France. A son retour, aucune date de concours n'ayant encore été fixée (le port du Havre avait été pratiquement détruit), il fut envoyé à Rochefort par "Les Abeilles" pour faire du relevage d'épaves dans la Charente. Lorsqu'il fut de nouveau question du concours de Pilotage, il revient s'installer au Havre le 14 Juillet 1947.
Fin août 1947, Pierre Porret est reçu au concours de pilotage, second sur cinq. Il avait alors seulement deux ans de plus que la limite d'âge. Il est Pilote major du Havre entre 1947 et 1975. De 1965 à 1974, il occupe également les fonctions de juge au tribunal de commerce, fonctions qu'il continua d'exercer après avoir pris sa retraite en 1975[13].
Pierre Porret meurt au Havre le 24 octobre 1997[14].
Distinctions
- Officier des Forces Navales Françaises Libres.
- Officier de la Légion d’Honneur, décoré au péril de sa vie [15].
- Croix de Guerre 1939-1945.
- Croix du Combattant Volontaire.
- Chevalier du Mérite Militaire.
- Médaillé de la France Libre.
- Officier du Mérite Maritime.
Références
- ↑ Jacques Roumeguere, « Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943 »,
- ↑ Commandant JF Dupont-Danican, « Hommage au Commandant Pierre Porret », Association des Français Libres,
- ↑ Service Historique de la Défense - Cote TTY 840 "Wyoming", dossier "désertions"
- ↑ Service Historique de la Défense - Cote TTY 775
- ↑ Service Historique de la Défense - Cote TTY 537
- ↑ Historique des forces navales françaises libres, Paris, Service historique de la Marine, (ISBN 2110911476), p. 542
- ↑ L'aventurier de Dieu, Editions Anthropos, , 222 p. (ISBN 978-2715711259), p. 74
- ↑ Jean-Michel Demetz, « 1942 : Quand Nouméa servait de base arrière à l’US Navy dans la guerre du Pacifique », sur Valeurs Actuelles, (consulté le )
- ↑ 60 mois à bord de l'aviso F.N.F.L. "Savorgnan de Brazza" : 1940-1945
- ↑ L'odyssée Air Terre Mer 1940-1945 des 500 Français libres du Havre, Le Havre, AMAC, , 369 p. (ISBN 979-10-699-0057-8), p. 1, 47; 105, 161, 166, 168, 288
- ↑ La rédaction de Jeune Marine, « Pierre PORRET 1909-1997 », Jeune Marine - N° 138,
- ↑ « PORRET Pierre FNFL (1909-1997) FNFL Marine de Guerre Motor Launch 247 Saint-Alain, torpilleur Melpomène, Marine Nouméa, aviso Savorgnan de Brazza », sur Compagnons de la Libération du Havre (consulté le )
- ↑ Papiers de famille - Un "long fleuve tranquille", Lanrodec, Scripta, , 371 p., p. pages 192 à 201
- ↑ « Disparition de Pierre Porret, président fondateur de l'ACORAM », Le Havre Presse, , p. 6
- ↑ G. Debeury, « Légion d'Honneur », Marine : organe de liaison de l'Association centrale des officiers de réserve de l'Armée de mer, , p. 77
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