Théorie relative de la monnaie

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La Théorie relative de la monnaie (TRM) repose sur la reconnaissance de quatre libertés économiques, que sont :

  • la liberté du choix du système monétaire (la monnaie ne s'impose pas) ;
  • la liberté d'utilisation des ressources (économiques et monétaires) ;
  • la liberté d'estimation et de production de toute valeur (un principe de relativité économique) ;
  • la liberté d'échanger dans la monnaie (afficher, comptabiliser dans l'unité monétaire choisie).

La TRM aboutit au résultat qu'une monnaie libre est une monnaie fondée sur un dividende universel qui ne dépend que de la masse monétaire à l'instant considéré, du nombre d'individus membres de la monnaie et de leur espérance de vie moyenne.

Les premiers développement de la TRM (numérotés 1.0, 2.0, puis 2.718) développée par l'ingénieur Stéphane Laborde, sont préfacés par l'économiste Yoland Bresson.

Définition du concept de monnaie libre

La TRM développe le concept de monnaie libre en établissant qu'aucun individu membre du système monétaire ne doit être privilégié devant la création monétaire. Le fondement étant que l'individu n'existe pas dans l'instant « t » mais selon une durée qui est celle de son espérance de vie « ev ». Ce principe évacue le problème d'individus qui intégreraient et repartiraient aussitôt d'un système monétaire, n'ayant pas de rôle économique manifeste.

De ce fait, la TRM est une théorie différentielle, qui établit entre t et t+dt une variation dm(t) de la monnaie M(t) symétriquement répartie entre les membres du système monétaire. L'intégrale de cette différentielle sur le centre de symétrie temporel, 1/2 ev, permettant d'établir la symétrie temporelle entre les membres distants dans le temps.

Principe de relativité de toute valeur

La liberté d'estimation et de production de toute valeur, implique la notion de principe de relativité. De ce fait, aucun point de vue individuel sur des valeurs, étant parfaitement relatif, n'est légitime pour définir une monnaie libre. Aussi ce principe non seulement évacue toute notion de valeur spécifique (et en particulier matérielles) comme étalon monétaire, mais évacue aussi tout principe monétaire non-symétrique entre les individus.

De ce fait, la TRM conclut de l'analyse de ce principe que la monnaie ne peut être qu'un crédit mutuel établi entre les individus. Comme les individus sont inscrits dans le temps « t » pendant une durée de vie « ev », et se remplacent ainsi de génération en génération (de l'instant t à l'instant t+dt), les bases d'une approche différentielle de la création monétaire symétrique dans l'espace-temps sont posées.

Principe de symétrie spatio-temporel entre individus

La TRM raisonne à partir d'individus(t) définis dans l'espace et le temps à espérance de vie limitée « ev », tout d'abord dans le cadre standard d'une communauté immuable comprenant un nombre déterminé de N membres.

Les individus membres d'un système monétaire ne sont pas forcément des contemporains. Ainsi une monnaie n'est pas libre si les utilisateurs futurs n'ont pas les mêmes libertés relativement à la ressource, et dans le cas d'une monnaie libre, cela signifie que la création monétaire relative doit être la même pour tout temps.

La TRM appelle « espace » l'ensemble des individus constituant la communauté monétaires à un instant « t » donné, et « temps » la succession de cette communautés(t) dans le temps, prenant l'espérance de vie (« ev ») moyenne des membres comme paramètre fondamental lié aux individus.

À une date donnée, une monnaie libre ne peut donc se créer que dans la même proportion de monnaie pour tous les utilisateurs du système monétaire, ce qui constitue la symétrie spatiale, et implique qu'à l'instant « t » chacun des N membres du système monétaire est émetteur de la même part différentielle dM/N de monnaie.

La symétrie temporelle implique ensuite que pour tout « t » la part relative de création monétaire dM/M ne doit pas dépendre du temps, donc dM/M = c.

Enfin, au bout d'une 1/2 vie de participation au système monétaire, la somme de la monnaie créée pour un individu doit converger vers la moyenne actualisée de la monnaie par citoyen. Ce qui constitue le point de convergence de la symétrie temporelle. Cela implique une deuxième équation M(t)/M(t+ev/2) = 1/(ev/2), manifestant que les individus de 1/2 espérance de vie voient l'ancienne monnaie M(t) ne plus peser dans l'économie relativement à la monnaie actualisée M(t+ev/2) que le même rapport de temps 1/(ev:2).

Résultat fondamental

Il s'ensuit de la symétrie spatio-temporelle qu'il n'est pas de monnaie libre qui ne soit fondée sur un dividende universel (DU) attribué à ses (N) utilisateurs humains, et qui, pour un nombre N stable, doit être en rapport de la Masse monétaire (M) sous la forme DU = c*M/N et dont la croissance « c » à moyen-long terme dépend de l'espérance de vie moyenne de ses utilisateurs, avec c = ln(ev:2)/(ev:2) (9% par an pour une espérance de vie moyenne ev = 80 ans).

Généralisation

Plus généralement la TRM établit que tout individu(t) présent pendant une demi durée de vie au sein d'un système monétaire libre, est base d'une émission monétaire différentielle et cumulée, qui doit converger pour cette durée vers la moyenne par individu M/N, quelle que soit la date à laquelle l'individu intègre le système monétaire. Ce principe général permettant d'établir d'autres résultats que le seul cas « N stable », pour toute fonction N(t).

On démontre ensuite que pour assurer la symétrie spatio-temporelle dans le cas d'un N(t) en croissance, M/N a tendance à décroître, et le DU, pour assurer la symétrie temporelle, a une croissance relative supérieure à « c » qui tend à le rendre stable quantitativement d'autant plus que N(t) croît fortement. Pour un N(t) en décroissance l'application du taux idéal « c » suffit à assurer la convergence.

Dans le cas général d'un N(t) dérivable (ou pseudo-continu en analyse discrète), on démontre que pour une dérivée de N(t) comprise entre des bornes déterminées, le DU est lui-même encadré par deux bornes déterminées.

Solutions pratiques

Il s'ensuit de cette généralisation, qu'une fonction récursive particulière UD(t) très simple définie comme suit est une très bonne solution du cas général pour un large encadrement de la dérivée de N(t), et s'avère extrêmement robuste pour assurer la convergence temporelle dans une très grande variété de cas :

Solution pratique (1)

  • UD(0)
  • UD(t+1) = MAX [UD(t) ; c*M(t)/N(t+1)]

Une autre solution compatible, et encore plus simple, est possible qui ne se base que sur l'individu et le temps :

Solution pratique (2)

  • UD(0)
  • UD(t+1) = UD(t)*(1+c)

Cette deuxième solution a comme avantage d'éviter d'avoir à gérer N(t) mais comme défaut de pouvoir placer à terme des individus dans une position de forte asymétrie monétaire en cas de forte hausse ou baisse de la participation du nombre de membres N(t).

En prenant pour modèle un taux de croissance fixe α (positif ou négatif) pour N(t) : N(t+1) = N(t)*(1+α), et donc un calcul de α = [N(t+1)-N(t)]/N(t) on obtient encore une autre expression de solution applicative pour calculer le Dividende Universel :

Solution pratique (3)[1]

  • UD(0)
  • UD(t+1) = UD(t)*[1+c/(1+α)]

Où l'on retrouve encore le cas central pour N stable (2) pour α = 0, la convergence vers UD(t+1) = UD(t) pour α >> 0 et la convergence vers UD(t+1) = c*M(t)/N(t+1) pour α << 0, ce qui rejoint la définition de la solution pratique (1).

De façon générale il y a bien d'autres solutions qui ont leurs avantages et leurs inconvénients puisque N(t) est inconnu. Les solutions précédentes sont toutefois parmi les plus simples possibles. On remarque qu'elles sont parfaitement équivalentes pour un N(t) stable en phase d'inertie, leur différence consiste en leur type de réactivité en cas de hausse ou de baisse de N(t).

Réfutation de l'inflation

Dans le cas d'une communauté monétaire constituée, comprenant un nombre d'individus N stable, et en unité relative (en nombre de Dividendes Universels), la masse monétaire par individu est immuable : M/N = 1/c DU. Dans tous les autres cas (N instable) elle est limitée par cette même valeur 1/c DU.

Donc bien que l'on crée toujours des unités monétaires quantitatives, assurant aux individus la même part relative de la création de monnaie durant leur demi-vie au sein du système monétaire, en unités relatives, il n'apparaît aucune création monétaire. Le changement d'unité, de quantitative (unités monétaires) à relative (valeur du Dividende Universel), fait s'évanouir toute notion de création monétaire.

La TRM réfute alors toute notion d'inflation, qui ne peut exister au sein d'une monnaie libre, expliquant que l'inflation est un phénomène apparent, qui consiste dans les monnaies non-libres à créer arbitrairement de la monnaie au bénéfice d'une partie de la population, ce qui fait subir les conséquences du phénomène à ceux qui ne participent pas de cette création monétaire.

La TRM démontre ainsi par ce raisonnement réalisé à partir d'un changement de référentiel, que l'inflation (ou la déflation) perçue comme une nuisance est en réalité une conséquence d'une création monétaire asymétrique dans les monnaies non-libres[2].

Analyses de la TRM

Dans un article publié en 2012[3], le journaliste et cofondateur du mouvement français pour un revenu de base, Stanislas Jourdan, réalise une synthèse qui établit la position de la TRM vis-à-vis d'autres théories monétaires : néochartalisme, autrichienne, et monétarisme de marché.

Dans un interview publié en 2011[4], Yoland Bresson déclare au sujet de la TRM : "Par son analyse sur la création monétaire et par ses critères mathématiques, Stéphane Laborde arrive quasiment aux mêmes conclusions que moi. Ce qu'il dit est incontestable : selon lui, la vraie égalité serait que la monnaie soit distribuée – comme au Monopoly – à chacun, alors que le système de création monétaire qui nous dirige aujourd'hui est un système de création par la dette. "

Dans un débat[5] et un article de son blog publié en 2014[6], Etienne Chouard présente les perspectives d'émancipation politique offertes par le chartalisme et par la théorie relative de la monnaie.

Implémentations

Le projet de système monétaire libre OpenUDC est ouvertement inspiré de la TRM.

Depuis janvier 2014, uCoin, un projet libre inspiré d'OpenUDC et de la TRM a vu le jour, utilisant nodeJS.

Depuis le 8 mars 2017, la monnaie libre G1 a été créée avec le logiciel libre Duniter.

Notes et références

  1. [1] Démonstration du cas pratique général de la TRM
  2. [2] Owni Bitcoin de la révolution monétaire au ponzi 2.0
  3. [3] La TRM théorie monétaire hétérodoxe
  4. [4] Yoland Bresson: “le revenu d'existence sera au centre du débat en 2012″
  5. [5] Plan détaillé minuté de "Révolution monétaire" : perspectives d'émancipation politique offertes par le chartalisme et par la théorie relative de la monnaie (TRM)
  6. [6] les perspectives d'émancipation politique offertes par le chartalisme et par la théorie relative de la monnaie (TRM)

Annexes

Bibliographie

  • TRM 2.718 Stéphane Laborde 2012 ISBN 978-1-291-16602-6
  • TRM 2.0 Stéphane Laborde 2011 ISBN 978-1-4477-5268-4

Articles connexes

Liens externes

Article publié sur Wikimonde Plus

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