William Gadoury

Aller à la navigation Aller à la recherche
William Gadoury
une illustration sous licence libre serait bienvenue

William Gadoury est un jeune Québécois passionné d'archéologie qui a formulé une hypothèse selon laquelle il existe une corrélation entre des constellations d'étoiles et l'emplacement de plus d'une centaine de cités mayas[1]. Son hypothèse a été publiée en tant que découverte scientifique majeure par Le Journal de Montréal, et la nouvelle a rapidement été reprise à l'international, si bien qu'une fausse image de la cité fut publiée par le quotidien britannique The Independent. Depuis, la majorité des experts qui se sont prononcés ont soulevé le manque de sérieux de cette hypothèse.

Lauréat en 2014 d'un prix de l'Expo-sciences Hydro-Québec[2], William Gadoury a présenté sa « découverte » à l'IGARSS (en) 2014, où il a été félicité pour sa découverte par divers scientifiques, dont un de l'Agence spatiale canadienne[3]. Cette institution lui a remis une médaille en novembre 2014 pour son travail de recherche[4],[5].

Naissance d'un projet

Présentation

Alors qu'il est un élève de l'Académie Antoine-Manseau, une école de niveau secondaire de la ville de Joliette, dans la région de Lanaudière au Québec, William Gadoury formule le projet qui... « consiste à établir un lien entre la localisation des cités majeures possédant de grandes pyramides sur le territoire maya et les constellations d'étoiles que les mayas pouvaient voir entre les latitudes 13°N et 22°N[6] ». À l'origine de son projet, le jeune William s'était interrogé quant à savoir pourquoi les cités mayas étaient construites loin des rivières, dans les montagnes et sur des terres selon lui peu propices à l'agriculture. Il devait, selon lui, forcément y avoir une raison. L'idée lui est alors venue de chercher du côté des étoiles en supposant qu'une correspondance existait peut-être entre les formes des constellations observées par les Mayas et celles observées si on reliait les villes mayas entre elles[3].

Méthodologie

Pour tenter de vérifier son hypothèse, William Gadoury va d'abord utiliser les ressources de l'Internet. En premier lieu, il va se servir de la liste des sites mayas trouvée dans Wikipédia. Deuxièmement, il va entrer dans Google Earth le nom de chacune des cités pour obtenir leur localisation. Puis, grâce aux données trouvées sur le site Maya GIS, il compare ce qu'il a obtenu précédemment et il ajoute d'autres cités absentes du répertoire trouvé sur Wikipédia[6].

Par la suite, il recherche les étoiles pouvant être observées du territoire de la civilisation maya. Pour ce faire, il se sert du site web Cosmovisions puis « il compare la forme et les angles des constellations avec la disposition géographique des cités mayas qu'il a déjà inscrites[6]. » Ainsi, en poursuivant ses recherches, il découvre, en janvier 2014, 22 regroupements de cités correspondant à autant de constellations.

Allant plus loin, il constate que cette correspondance s'applique aussi à d'autres civilisations. Il établit ainsi une correspondance entre la constellation d'Orion et un ensemble de cités sur le territoire aztèque, au Mexique, celle du Grand Chien est mise en correspondance avec les villes Incas au Pérou et les étoiles de la constellation d'Hercule, auraient été utilisées par certaines cités de la civilisation de la vallée de l'Indus dont Harappa[6]. Le projet repose donc sur le postulat que les Mayas connaissaient la mythologie grecque.

Son projet a été récompensé par une médaille d'or, dans la catégorie junior et meilleur projet, et toutes catégories confondues lors de la finale de l'Expo-sciences Hydro-Québec pour la région de Lanaudière pour l'année 2014[6].

Découverte possible d'une ville maya

Dans le cadre de sa démarche, l'archéologue en herbe a prédit l'existence d'une cité maya perdue dans une zone du Mexique inexplorée[7],[8], puis il a présenté des images satellites fournies par l'Agence spatiale canadienne sur lesquelles on peut distinguer, à l'endroit prévu, des formes géométriques carrées et rectangulaires. Selon le docteur en géographie Armand LaRocque, spécialiste en télédétection à l'Université du Nouveau-Brunswick[3] et impliqué dans le projet, leur origine n'est pas naturelle, ce qui tend selon lui à confirmer l'hypothèse d'une ancienne cité Maya. Ces travaux n'ont cependant pas été publiés dans une revue scientifique, n'ont pas été évalués par des spécialistes de l'archéologie du Mexique, et rien n'a encore été planifié pour effectuer une vérification sur le terrain[8]. Une image de Google Earth a néanmoins été publiée par le quotidien The Independent le 10 mai 2016. Depuis, cette image fut reconnue comme étant erronée[pas clair][9]'[10]'[11] (elle représente un milpa) et comme ne faisant partie de la « découverte » de William Gadoury. Une autre image, authentifiée, fut toutefois publiée avec la révélation de cette erreur journalistique.

Critiques

Bien que les deux scientifiques qui ont encadré le projet de William Gadoury « affirment qu'il s'agit d'une recherche scientifique rigoureuse et que seule une visite sur le terrain peut confirmer ou infirmer son hypothèse »[12], plusieurs archéologues mayanistes et mésoaméricanistes de renommée internationale ont démenti la validité de cette hypothèse dans les jours qui ont suivi, critiquant le manque de rigueur logique et scientifique de la démarche.

  • L'Institut national d'anthropologie et d'histoire du Mexique a indiqué que l'hypothèse a été rejetée par ses archéologues[13].
  • Pour Marie-Charlotte Arnauld, directrice de recherche émérite au CNRS et archéologue de la Mésoamérique : « cette histoire de planification de l'ensemble des cités en fonction des constellations est une aberration : les constellations sont des constructions culturelles (il s'agit juste de relier des points), les nôtres nous viennent des Grecs ! […] Inutile de perdre son temps à essayer de situer son nouveau site, car de toute façon, son hypothèse de départ est fausse : elle oublie 3000 ans d'histoire, en supposant que les cités étaient toutes fondées et occupées en même temps[14]. »
  • L'archéologue Dominique Michelet est surpris de la découverte. Il affirme que « une pyramide et trente structures ce n'est pas un grand site » et que « les informations fournies par la presse généraliste à propos de ce que ce garçon aurait fait, sont nulles et non avenues[15]. »
  • Le mésoaméricaniste Ivan Šprajc, de l'Institut d'Archéologie du Centre Scientifique de Recherche de l'Académie Slovène des Sciences et des Arts (ZRC SAZU), a précisé qu'il était impossible de vérifier quelque correspondance que ce soit entre la localisation des cités mayas et les constellations mayas parce que très peu de ces constellations ont été identifiées et qu'on ne connaît même pas avec exactitude les étoiles qui composaient celles qui ont été identifiées[16].
  • Le mayaniste David Stuart, célèbre pour avoir fait des découvertes décisives sur le déchiffrement de l'écriture maya à un très jeune âge, a qualifié cette hypothèse de junk science, et précisé que le carré (interprété par le quotidien britannique The Independent comme une pyramide[9]'[10]'[11]) n'était en fait qu'un champ, une milpa[16]. « Retrouver des formes dans les constellations, c'est un peu le test de Rorschach. (…) Il y a des sites mayas partout, et des étoiles partout également[17]. »
  • Thomas Garrison, mayaniste de l'Université de Californie du Sud spécialisé en télédétection, confirme les propos de David Stuart[16], malgré le fait que les images ne viennent pas de Radarsat-2 (Armand LaRocque a affirmé que les images de la pyramide venaient du satellite Radarsat-2).
  • Éric Taladoire, professeur d'archéologie précolombienne, spécialiste des civilisations maya et superviseur de l'édition française des trois codex maya utilisés par William Gadoury, renchérit en déclarant : « non seulement je souscris totalement aux propos de Marie-Charlotte Arnauld, mais j'en rajoute. Autant j'envisageais une manipulation de cet adolescent par des journalistes désireux de se faire de la pub à bon marché, autant la consultation de la longue notice de Wikipedia sur ce découvreur m'incite à penser à une manipulation préparée avec soin[14]. »
    Et de préciser dans un article du Figaro[18]: « Cette histoire commence à nous fatiguer ! Tout est faux. Tout. La presse a foncé sans vérifier quoi que ce soit […] Quand on a signalé que la carte était fausse, elle a disparu et été remplacée par une autre carte, le site maya s'était soudainement déplacé de 200 ou 300 kilomètres… On passe du Bélize au Mexique, » s'étonne ironiquement l'expert. «  Quand un prétendu archéologue ne connait ni la chronologie, ni les frontières, ni le pays, on peut émettre un doute. William Gadoury compare des cités qui ont 600 ans d'écart ! […] Les gens qui ont publié cette découverte n'ont pas regardé de carte ! Avec les données satellites qui circulent pour décrire le lieu de cette « cité inconnue », sur Google Earth, on peut voir une petite maison et un hamac, et ce qu'on pourrait décrire comme une pyramide serait en fait une plantation de cannabis ! ».

Notes et références

  1. Un génie à 13 ans? - Communauté - L'Action
  2. Fiche lauréat (2014) - William Gadoury, Expo-sciences Bell
  3. Revenir plus haut en : 3,0 3,1 et 3,2 Michel Harnois, Un ado découvre une cité maya, 7 mai 2016
  4. Un ado a trouvé une cité maya grâce aux constellations, 8 mai 2016.
  5. À 15 ans, il découvre une cité maya perdue, 8 mai 2016.
  6. Revenir plus haut en : 6,0 6,1 6,2 6,3 et 6,4 « Né du ciel : un projet fascinant », Académie Antoine-Manseau
  7. Un adolescent de 15 ans découvre une cité maya, 8 mai 2016.
  8. Revenir plus haut en : 8,0 et 8,1 Un Québécois de 15 ans découvre une cité maya, 7 mai 2016
  9. Revenir plus haut en : 9,0 et 9,1 Is it a lost Mayan city found by a brilliant teenager - or just an old cornfield?, 2016-05-11
  10. Revenir plus haut en : 10,0 et 10,1 Les scientifiques qui ont lu l'étude sur la cité maya y croient
  11. Revenir plus haut en : 11,0 et 11,1 Le Québécois qui pense avoir découvert une cité maya a-t-il berné la presse mondiale ? Pas sûr ! - SciencePost, 2016-05-12
  12. Les scientifiques qui ont lu l'étude sur la cité maya y croient
  13. http://verne.elpais.com/verne/2016/05/10/mexico/1462838532_810585.html
  14. Revenir plus haut en : 14,0 et 14,1 Anne-Sophie Jacques, « La trop belle histoire de la cité maya découverte par un ado québécois - Canular mondial, ou Einstein du XXIe siècle ? », arretsurimages.net, 10 mai 2016.
  15. Sophie Rahal, « La pseudo-découverte d'une nouvelle cité maya : chronique d'une boulette annoncée ? », Télérama,‎ (lire en ligne).
  16. Revenir plus haut en : 16,0 16,1 et 16,2 (en) George Dvorsky, Teen Discovers Lost Maya City Using Ancient Star Maps, Gizmodo, 10 mai 2016.
  17. Violaine Morin, « L'histoire « aberrante » d'un jeune Québécois qui assure avoir découvert une cité maya », Big Browser, un blog de la rédaction (Le Monde),‎ (lire en ligne).
  18. Amaury Peyrach', « Un expert dément la découverte d'une cité maya par un jeune québécois », Le Figaro,‎ (lire en ligne).

Liens externes

Articles connexes

Article publié sur Wikimonde Plus

  • icône décorative Portail de l’archéologie
  • icône décorative Portail de l’Amérique précolombienne
  • icône décorative Portail du Québec