Joseph Sohet
Marie-Joseph Pierre Sohet Jo | |
Naissance | Médéa (Algérie française) |
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Décès | (à 80 ans) Nouméa (Nouvelle-Calédonie) |
Origine | ![]() |
Allégeance | Armée de terre |
Grade | Adjudant-chef |
Années de service | 1949 – 1971 |
Commandement | Harka est-algérois |
Conflits | Guerre d'Indochine, guerre d'Algérie, crise du canal de Suez |
Faits d'armes | |
Distinctions | Officier de la Légion d'honneur Croix de la Valeur militaire Médaille militaire |
Hommages | hommages militaires rendus à l'inhumation |
Autres fonctions | Ambassadeur honoraire, Conseiller militaire, écrivain, philosophe |
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Marie-Joseph Pierre (dit Jo) Sohet, né le 26 janvier 1930 Médéa (Algérie française) et mort le à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), est un sous-officier français appartenant d'abord au 45e régiment de transmissions puis au SDECE et au 11e bataillon parachutiste de choc, pour lequel il a commandé une harka dans l'Est algérois pendant la guerre d'Algérie.
À sa démobilisation en 1971, il est devenu conseiller de nombreuses personnalités politiques et militaires, finissant sa vie et sa carrière en Nouvelle-Calédonie comme attaché parlementaire et ambassadeur honoraire.
Biographie
Marie-Joseph Sohet est né à Médéa[réf. nécessaire], en Algérie, dans une famille militaire. Son père, Eugène Sohet, était le maître tailleur des officiers supérieurs et des officiers généraux de l'Armée française.
Après une longue période militaire qui le voit participer à différents conflits (Algérie, Indochine, Égypte), Joseph s'implique dans la vie associative et politique jusqu'à son décès, en 2010, devenant un membre influent de la communauté pied-noir et de la politique.
Période militaire
En 1949, alors que sa famille est cantonnée à Baden Baden au titre des Forces françaises en Allemagne (FFA), Joseph s'engage au sein du 45e régiment de transmissions, situé à Maison-Carrée où il fait ses classes, puis il est détaché à Rastatt.
Il part pour le conflit indochinois de 1950 à 1953, puis est versé au sein du 11e bataillon de choc. Lors de la guerre d'Indochine, à l'instar de tous les militaires français, ses affectations sont nombreuses : 27e division d'infanterie alpine, 1e BPC, GCMA, Partisans thaïs, etc. Ses supplétifs vietnamiens l'appellent « Ong Cop », « Monsieur Tigre. »
Il participe au conflit algérien en son entier, et finira chef de harka grâce à sa connaissance de la langue arabe.
En 1956, il est parachuté à Port-Saïd lors de l'opération de Suez.
Après la dissolution du 11e choc en 1963, il est reversé comme instructeur parachutiste au sein du 1e BPC.
Il est libéré des obligations militaires en 1971.
Période civile : l'aide aux Harkis
À partir de cette date, Joseph Sohet commence une carrière dans le commerce agricole dans la région de Narbonne, mais surtout dans la politique.
Grand amateur d'art et de patrimoine (il était lui-même violoncelliste), il suscite entre 1974 et 1977 auprès des pouvoirs publics la reprise de la Manufacture des Gobelins de Lodève par les femmes de Harkis du djebel Amour, expertes dans le domaine de la tapisserie.
À là même époque, il travaille avec la Mairie de Toulouse pour offrir des vacances aux enfants de Harkis du quartier du Mirail. Il est en effet un fervent défenseur - ou plutôt précurseur - de ce que l'on appellerait maintenant la mixité sociale. Il estime que l'idée du hameau de forestage empêche toute intégration des Harkis auprès de la population française et demande leur fermeture.
L'entrée dans la vie politique
À partir des années 1980 jusqu'en 2000, Joseph Sohet, qui parle couramment l'arabe, arrive à décliner cette langue en divers accents et connaît parfaitement le Coran, conseille des personnalités politiques et différents secrétaires d'État aux Rapatriés quant à l'islam et l'intégration des musulmans. Il est aussi sollicité pour donner des conférences auprès des écoles de Police et des cadres de la lutte anti-terroriste.
Parallèlement à cela, de 1986 à 1992, il est président de l'association de pieds-noirs et rapatriés Le Cercle algérianiste, une des principales association de Français d'Afrique du Nord. Il participe au rapprochement avec les Acadiens et à l'ouverture d'une association à Alicante.
Au même moment, il est président du Conseil de prud'hommes de Narbonne.
De 1992 à 1997, à la suite de la révolte des Harkis de Narbonne, il crée, avec l'appui de la mairie de Narbonne et de la secrétaire d'État à l'Insertion et aux Quartiers en difficulté Françoise de Veyrinas, une structure d'aide aux devoirs pilote, nommée le Trait d'union, dont l'idée essaimera dans le reste du pays.
Implication politique en Nouvelle-Calédonie
À partir de 1997, Joseph Sohet s'installe à Nouméa où il est attaché parlementaire de Thierry Valet, élu député sur la liste Une Nouvelle-Calédonie pour tous à la chambre locale, et où il s'intéressera de très près à la communauté des Algériens de Nouvelle-Calédonie.
En 2000, il est nommé ambassadeur honoraire de Wallis-et-Futuna auprès de la Nouvelle-Calédonie et de Vanuatu.
La philosophie et l'œuvre intellectuelle
Inspiré par Jean Brune ou Jean Pomier, il est l'un des philosophes de la pensée dite de l'algérianisme, laquelle s'oppose au tiers-mondisme, au mythe du bon sauvage et au néo-colonialisme. Jugeant que les Pieds-Noirs et l'œuvre colonisatrice sont présentés sous un jour défavorable par les médias, il crée le concept de la contre-révolution médiatique, qui consiste à alimenter d'une façon incessante les médias de preuves ou de contre-arguments, « sans lâcher un pouce de terrain ou une minute d'antenne » et à exposer publiquement tous ces arguments par le biais d'expositions, colloques, manifestations, etc.. À chaque argument, émission, livre, article de journal ... jugé défavorable à la communauté pied-noire ou à l'histoire coloniale, Joseph Sohet incite à répondre immédiatement en usant des « droits de réponse » et en étayant chaque argumentation avec des preuves ou des témoignages irréfutables. Cela amène le Cercle algérianiste a accumuler une masse de documents historiques, actuellement entreposés au CDHA (Centre de documentation historique sur l'Algérie). Cette structure est consultée par des journalistes, des universitaires ou des historiens travaillant sur la période coloniale.
La maladie
Atteint de la maladie de Parkinson, Joseph Sohet s'implique dans la recherche sur cette maladie, notamment en ce qui concerne la parésie des muscles de la face et l'entretien du moral du malade. Il en sortira un livre co-écrit avec l'orthophoniste Claude Frémont dont les droits d'auteurs sont reversés à l'Association des Parkinsoniens de Nouvelle-Calédonie.
Il décède de la maladie de Parkinson en 2010, et est inhumé à Nouméa selon le rite catholique et avec les honneurs militaires. Sur sa tombe est inscrite cette épitaphe surprenante : Jo Sohet, apatride francophone.
Œuvres
Joseph Sohet est l'auteur de :
- Le Rossignol de Tib'harine, recueil de nouvelles sur l'Algérie (Éditions de l'Atlanthrope, 1985, ISBN 978-2-86442-012-5)
- Guetteur, qu'en est-il de la nuit, (édition Lacour, 1992, (ISBN 2-86971-628-4) édité erroné) (où l'on retrouve son surnom de Ong Cop).
- La Défense des fermes à l'Est d'Alger (édité par l'Algérianiste : http://nice.algerianiste.free.fr/pages/revue_algeria/revue93.htm)
- L'Histoire des Arabes en Nouvelle-Calédonie, (édité par la Société d'Études de la Nouvelle-Calédonie, http://archive.is/uJlJs)
- L'Algérianisme, (Éditions de l'Atlanthrope, ASIN B008O4C64C)
- Pot pourri parkinsonien, (2009, livre co-écrit avec l'orthophoniste Claude Frémont).
Nombreux articles parus dans :
- L'Algérianiste, revue trimestrielle du Cercle Algérianiste
- Société d'études historiques de la Nouvelle-Calédonie
Bibliographie
L'œuvre de Joseph Sohet a été étudiée dans :
Action militaire en Algérie :
- Le Général Paul Ely ou la Politique de défense, par le général Maurice Faivre, éd. de l'Institut de stratégie comparée
Philosophie et littérature algérianiste :
- La Littérature maghrébine de langue française, par l'université d'Aix-en-Provence : http://aan.mmsh.univ-aix.fr/Pdf/AAN-1991-30_49.pdf
- Tapis d'Algérie en Lodévois - héritage d'un art populaire, Bernard Durieu, éd. Dommens, Pézenas, 1997, (ISBN 978-2-9104-5738-9).
Prix et hommages
- Lauréat du premier concours de la nouvelle au Salon international des Arts et Lettres des Français d'Outre-Mer (1984)[1].
- Dans le cinéma, le réalisateur Frédéric Schoendoerffer lui emprunte le surnom de « Ong Cop » pour son film Diên Biên Phu.
- Lors de son inhumation à Nouméa, les honneurs militaires lui ont été rendus, en présence de Philippe Gomès, du préfet, du Haut-commissaire territorial et du chef de la région militaire [Qui ?].
Distinctions militaires
Pour l'anecdote, Joseph Sohet est le sous-officier le plus décoré de France : 9 médailles à titre militaire, 16 citations au titre de l'Armée.
Il a reçu la médaille militaire en 1961 alors qu'il n'était que sergent-chef, et encore en activité.
Distinctions civiles
Médaille d'or de la Jeunesse et des Sports, décerné par Alain Juppé en 1995 pour son œuvre d'aide aux Harkis.
Joseph est décédé alors que les Palmes académiques étaient en cours d'attribution.
Rubans
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Intitulés des décorations françaises
- Officier de la Légion d'honneur par décret du 28 avril 2002[2]
- Médaille militaire
- Croix de la Valeur militaire
- Croix de guerre des TOE
- Croix du combattant
- Médaille commémorative de la campagne d'Indochine avec 2 citations
- Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Afrique du Nord avec 5 citations
- Médaille commémorative d'Orient (1926) et médaille commémorative des Opérations du Moyen-Orient (1957) avec agrafe « Suez »
- Médaille coloniale avec agrafe « Indochine »
- Médaille de la Jeunesse et des Sports
Notes et références
- ↑ http://www.chire.fr/A-152024-guetteur-qu-en-est-il-de-la-nuit-indochine.aspx
- ↑ Chevalier de la Légion d'honneur par décret du 4 mars 1973 adjudant-chef, transmissions. Journal officiel de la République française n°99 du 27 avril 2002 page 7570 texte n° 3
- L'Indochine : http://laguerreenindochine.forumactif.org/t2256-informations-sur-le-gcma
- Un texte : le village de Champlain en Algérie : http://www.cerclealgerianiste.fr/index.php/archives/encyclopedie-algerianiste/territoire/villes-et-villages-d-algerie/algerois/87-un-des-derniers-villages-de-colonisation-champlain-en-algerie
- Ahmed Kabersili et Jo Sohet : http://sosoutremer.org/index.php/actualites/in-memoriam-ahmed-kaberseli-1931-2014
- Pieds-Noirs en Nouvelle Calédonie : http://www.editions-harmattan.fr/catalogue/couv/aplat/9782336003566.pdf
- L'Est algérois : http://algerie.eklablog.fr/l-affaire-amirat-allaoua-a93343655
- Littérature maghrébine, université d'Aix en Provence : http://aan.mmsh.univ-aix.fr/Pdf/AAN-1991-30_49.pdf
- La manufacture des Gobelins de Lodève et les Harkis : Bernard Durieu, Tapis d'Algérie en Lodévois - héritage d'un art populaire, éd. Dommens, Pézenas, 1997, (ISBN 978-2-9104-5738-9).
- Le Général Paul Ely : http://www.economica.fr/livre-le-general-paul-ely-et-la-politique-de-defense-1956-1961-faivre-maurice-general,fr,4,9782717837292.cfm
- Le CDHA : http://www.cdha.fr/
Liens externes
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