Jours souterrains (pièce de théâtre)
Jours Souterrains est une pièce du dramaturge norvégien Arne Lygre, écrite en 2006 sous le titre original Dage Under. Elle est jouée pour la première fois au Teater Momentum à Odense au Danemark dans la mise en scène de Kamilla Mortensen en février 2009. Puis, elle est présentée en France[1] dans la mise en scène de Jacques Vincey en 2011-2012 et dans la traduction de Terje Sinding, puis en Allemagne dans la mise en scène de Stéphane Braunschweig [2].
Résumé
La pièce parle de séquestration, un homme arrache ses victimes au monde extérieur, c'est « propriétaire ». Il le fait pour les sauver, pour éviter que ces âmes soient perdues. C'est ainsi pour écrire leurs histoires mais également pour donner un sens à la sienne qu'il les tient prisonniers dans les souterrains de sa maison. Les prisonniers sont contraints d'abandonner l'identité qu'ils avaient jusqu'alors et doivent en reconstruire progressivement une nouvelle[3]. C'est une nouvelle naissance qui se produit en ce lieu. Femme, Fille et Peter, le nouvel arrivant, évoluent dans un espace clos et doivent tenter de se comprendre pour se reconstruire. Le processus commence par une période passée dans le bunker, lieu d'isolement total, puis le captif est autorisé par propriétaire à rejoindre les autres personnages.
« Jours souterrains parle d'une maison et de son propriétaire, un homme riche qui use de ses biens pour capturer des personnes qui, selon lui, ont besoin de son aide pour se remettre sur pied. Le régime auquel ils sont soumis est strict et rigoureux, mais limité dans le temps : un jour dans le futur, ses captifs pourront être relâchés. Dans la maison vivent une femme, qui y habite depuis plus d'un an, une fille, qui y est depuis quelques mois, et un garçon qui vient d'arriver. Le propriétaire fait ainsi le choix de méthodes extrêmes pour aider les autres : ceux qu'il capture devront en subir les conséquences.» Arne Lygre, février 2011
Personnages
- Propriétaire
- Femme
- Fille
- Peter
Mise en scène française : Par Jacques Vincey en 2011.
En 2011, Jacques Vincey décide de monter la pièce de cet auteur norvégien. Il s'intéresse à la langue dramaturgique nouvelle d'Arne Lygre qui, selon lui, ouvre de nouvelles perspectives[4]. Dans sa mise en scène, Jacques Vincey met en relief la question de la difficulté des relations intersubjectives et la dichotomie entre intérieur et extérieur, entre rêve et réalité.
La scénographie transmet une sensation d'enfermement par un dispositif mural circulaire comportant seulement une ouverture pour les spectateurs.L'évolution progressive de la quête identitaire des personnages est rendue par les jeux de lumières. En effet, la scène première s'ouvre dans une obscurité quasi-totale, puis la luminosité s'intensifie au fur et à mesure des paroles de propriétaire, jusqu'à obtenir une vision très claire des lieux et des personnages. Les murs représentent également cette conquête progressive de l'identité. En effet, au tout début de la pièce, ils sont simplement blancs, comme les personnages, dénués de repères antérieurs. Puis, des projections apparaissent au fur et à mesure. Ce grand cercle blanc devient alors de véritables murs de pierres par le biais d'une projection de lumière grise. C'est la projection la plus présente durant la pièce. Mais, à un moment, une lumière bleutée s'insinue sur les murs, lorsque propriétaire et femme évoquent la piscine et y nagent. Ainsi, la scénographie retranscrit en elle-même ce gain progressif d'éléments constitutifs de soi même pour les personnages. D'autre part, Vincey a effectué un travail chorégraphique avec ses acteurs, car il désire « faire exister des présences, des absences, des proximités, des distances, au-delà, en deçà des mots ». Le spectateur doit se faire sa propre représentation, il doit créer un espace mental, parcouru de vibrations sensorielles.
Distribution
- Propriétaire : Jean-Claude Jay
- Femme : Anne Sée
- Fille : Sabrina Kouroughli
- Peter : Frédéric Giroutru
Une écriture dramaturgique nouvelle
Arne Lygre intègre dans son écriture un concept nouveau qu'il nomme « les hyper-répliques »[5]. Ces phrases fonctionnant comme des sortes de didascalies sont prononcées par les personnages eux-mêmes d'une voix blanche. Ce sont les personnages qui construisent leur propre pièce et s'indiquent mutuellement leurs gestes, déplacements et attitudes.
Notes et références
- ↑ La pièce est représentée à Lille, Lyon, Aubusson, Vitry-sur-Seine et Aix-en-Provence de mars 2011 à janvier 2012
- ↑ Voir http://www.lesouffleur.net/1560/tage-unter/ pour plus de détails.
- ↑ L'identité est un thème central des pièces d'Arne Lygre. L'auteur s'interroge sur l'influence des rapports intersubjectifs dans la construction de l'identité de chaque être humain.
- ↑ Dans sa note d'intention pour Jours souterrains, Jacques Vincey déclare à propos de l'écriture de l'auteur : "Une forme reste à inventer pour restituer cette écriture qui déstabilise, trouble le déroulement linéaire du récit, fait deviner d'autres perceptions et appréhensions du tangible".
- ↑ Arne Lygre définit ses hyper-répliques dans la didascalie initiale de Jours souterrains. Ce principe d'écriture se retrouve dans toutes ses pièces.Lygre montre ainsi que tous les personnages savent qu'ils jouent un rôle
Articles connexes
Sources
- Jours Souterrains, Arne Lygre
- http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Jours-souterrains/
- http://www.theatre-video.net/video/Entretien-avec-Jacques-Vincey-a-propos-de-Jours-souterrains?autostart
- http://www.sirenes.fr/spectacle_jours_souterrains.html
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