Patrick Defossez

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Patrick Defossez
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Patrick Defossez au piano

Naissance
Valenciennes, Drapeau de la France France
Lieux de résidence Reims, Sault
Activité principale Compositeur
Style Musique contemporaine, Jazz
Activités annexes Enseignant
Collaborations Ensemble intercontemporain
Formation Autres voix de piano
Maîtres Claude Ballif
Enseignement CRR Bayonne
Site internet 2dlyres.net

Patrick Defossez est un compositeur, pianiste et improvisateur belge de musique contemporaine, né le à Valenciennes (Nord). De nationalité belge, il s'est établi en France depuis de longues années et partage son temps entre la Belgique, Reims et les contreforts du Ventoux.

Il est par ailleurs responsable artistique de l'association 2d'Lyres et du collectif Autres Voix de piano.

Formation

Musicien de formation classique, Patrick Defossez fait ses premières armes à l'Académie de Musique puis au Conservatoire royal de Mons en Belgique, où il crée sa première œuvre orchestrale en 1977. Il part ensuite aux Etats-Unis travailler le jazz et l'improvisation. C'est au Berklee College à Boston qu'il parfait sa technique. Rentré en Europe, il travaille alors l'électroacoustique et les techniques mixtes, notamment à l'IRCAM. Auprès de Claude Ballif il termine ses études de composition par un prix décerné à l'unanimité.

L'œuvre

Patrick Defossez commence sa carrière musicale en 1985, en s'installant en France à un moment où le jazz belge est en période de crise. Pendant quelques années, il exerce ses talents de pianiste au service de la création contemporaine, écrite ou improvisée, participe à plusieurs formations de jazz (trios, quintettes) et dirige un ensemble plus orchestral, rattaché alors au courant de jazz fusion.

C'est à partir du milieu de 1994, après son passage dans la classe de Claude Ballif, qu'il entame une activité de composition au sens propre. Il développe alors toute une série de pièces destinées à être exécutées in situ, souvent le fruit de commandes et de rencontres, qui le verront intervenir dans la Cathédrale de Reims[1] (1997), sur les rives de la Meuse (Cascades immobiles avec le Septuor de Namureauphones, 2000), dans des configurations où il aime mélanger les genres et les expériences comme Rêves, ragas et raves (2001) créé à Nantes avec le Chœur Universitaire de la ville. Le bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture est l'occasion d'écrire pour la scène un opéra, Tous un (2003), sur un livret de Fabienne Pasquet.

Ces créations de grande ampleur se font en parallèle d'écritures de musique chambriste qui sont souvent des moments de collaboration avec des instrumentistes, comme Du haut… denum digitorium (2000) créé par le bassonniste Pascal Gallois et le percussionniste Samuel Favre. Ainsi naîtra aussi Re-partita /// post-ludio (2006), composé à la demande du violoniste Jacek Friedrich, paraphrase-remix du prélude de la Troisième Partita de Jean-Sébastien Bach. Il lance alors des propositions pour décloisonner les genres et de faire surgir des configurations encore inouies ou inusitées. C'est ainsi qu'il introduit trois improvisateurs dans un un ensemble à cordes pour Vernissage, dialogues et bavardages, ou a contrario l'électronique au sein de l'instrumentarium traditionnel basque pour Chemin d'ombres / Matsu Camin (2006).

En 2011, Patrick Defossez devient le responsable artistique du duo Autres Voix de piano, qu'il forme avec Anne-Gabriel Debaecker. La principale réalisation du duo est à ce jour Pourquoi tant de; … ?, une partition-canevas destinée à être reconfigurée en fonction de musiciens invités. L'œuvre a connu une première déclinaison avec le batteur Simon Goubert et a donné lieu à un disque qui a reçu un bon accueil critique[2]. Une deuxième session est en préparation avec le saxophoniste Daniel Erdmann et le tromboniste Benny Sluchin.

En 2012, Patrick Defossez et Anne-Gabriel Debaecker rendent hommage à la sculptrice Parvine Curie à la Collégiale Saint-Martin d'Angers au cours de trois soirées pendant lesquelles les sculptures et les séquences de l'œuvre musicale Sculpture de Muses sont mises en résonnance successivement avec la danse (Mathieu Ducouret), la poésie (Yves Jouan et Valérie Rouzeau) et la performance audio-visuelle (Sylvie de Meurville)[3].

C'est également l'année où Patrick Defossez revient à un travail sur la piano comme instrument soliste. Il compose Le livre de … Matin calme, une suite où il s'interroge sur le son et le temps, « suspendu, répété, renouvelé, arrêté, infini », une partition « tournée vers mille orées ».

Au confluent de cette réflexion pianistique et de l'entreprise, ancienne, de dialogue avec d'autres musiciens, il travaille à l'heure actuelle sur un projet intitulé Contemprovisations[4] avec le compositeur Alain Bonardi, qui vise à proposer une relecture d'œuvres de douze compositeurs vivants: Jacopo Baboni-Schilingi, Alain Bonardi, Régis Campo, Anne-Gabriel Debaecker, Bruno Ducol, Suzanne Giraud, Thierry Huillet, Philippe Manoury, Yan Maresz, Komiko Omura, LeiLei Tian et Kasper Toeplitz.

Le style

Patrick Defossez se définit lui-même comme un musicien « pluri-esthétique », attachant une grande importance tout à la fois à la composante savante de la musique (dite) contemporaine et aux influences venues des musiques improvisées, du jazz et de l'électro. La présence scénique ainsi que la topgraphie des lieux sont des éléments importants de son travail, et un certain nombre de ses compositions (à l'instar de Sculpture de Muses en 2012) sont conçues pour des environnements spécifiques. Son expérience de jazzman le conduit à développer une technique de « composition de l'improvisé », dans laquelle l'œuvre écrite est soumise aux déformations du temps réel du concert, laissant place à une spontanéité du geste instrumental. Celui-ci peut être influencé par des motivations sonores mais aussi par des considérations de mise en espace du jeu pianistique.

« Ayant étudié aux Beaux-Arts, j'ai vite remarqué que je peignais de la musique ou que je jouais de la sculpture »

— Patrick Defossez

Ce décloisonnement va au-delà même de la musique, pour aller vers une forme de synesthésie où textes, images, sons, espace sont des éléments à part entière de la situation musicale. Leçon qu'il reconnaît avoir appréciée chez Claude Ballif[5]. À plusieurs reprises, il a posé sa musique en regard d'œ visuelles, peintes (Fondation Carzou) ou animées (sonorisation de fim muet), et imaginé le concert comme un mouvement, un déséquilibre, une déambulation, un déplacement, tant physique, que temporel ou imaginaire.

À l'instar d'une musique qui transverse, les textes de Patrick Defossez eux-mêmes, ainsi que les titres de nombre de ses compositions, font souvent preuve d'une invention lexicale qui confine au baroque. Et permettent de comprendre ce travail de pétrissage des matériaux[6] d'où naissent de nouveaux gestes. Si l'univers de Raymond Queneau (Injectertion) et d'Allen Ginsberg (Libr'Air) semblent s'inscrire naturellement dans cette veine, des écrivains moins attendus, comme Henry de Montherlant (Inès de Castro), Louis Aragon (La messe noire d'Elsa) ou Jean Genet (Le funambule) ont également été mis en musique par Patrick Defossez.

Attachant beaucoup d'importance à la lutherie et au jeu instrumental, au point d'imaginer un « conservatoire numérique » des techniques instrumentales, il n'hésite à intégrer dans ses compositions des instruments rares et souvent inhabituels. On y trouve notamment : un hautbois baryton, un didjeridoo, des ondes Martenot, une flûte basse, un euphonium duplex, une harpe bleue électronique, des sculptures sonores comme les namureauphones, des instruments traditionnels basques, etc. (mais pas encore de raton-laveur).

Ces « meslanges » (souvent joyeux) autant stylistiques que timbriques donnent chez lui deux lignées d'œuvres dont l'une favoriserait l'hétéroclite et l'incongru (héritage d'un certain surréalisme belge ?) et l'autre un travail de recherche sur le jeu instrumental et l'essence du temps musical. Les deux ont en commun la primauté du geste musical, qui est l'élément autour duquel s'articule la syntaxe du discours musical.

Enseignement

Patrick Defossez est également professeur au Conservatoire de Bayonne.

Principales compositions

  • 1997 : Puisse la lumière et Déambulation méditative (voix, Armelle Orieux) pour l'inauguration des nouveaux éclairages de la cathédrale de Reims
  • 1998 : Clovis - Naissance de la France et Jeanne d'Arc au bûcher, commandes pour la cathédrale de Reims
  • 1999 : Vernissage, dialogues et bavardages pour 19 cordes solistes et improvisateurs
  • 2000 :
    • Cascades immobiles pour 24 musiciens et ensemble de sculptures sonores flottantes
    • Du Haut… Denum digitorium pour basson et timbales mélodiques
  • 2001 : Rêves, ragas et raves pour orchestre symphonique, big band de jazz et chœur
  • 2002 : Lignes et sculptures, pour ensemble instrumental et électronique
  • 2003 : Tous un, opéra pour voix et électronique (commande pour le bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture)
  • 2005 : Libr'Air, pour formtion de jazz hétéroclite
  • 2006 :
    • Soli d'ombres / Matsu - Camin, pour instruments traditionnels basques et électronique
    • Concerto pour train et piano, bande son pour le film de Garcia Moreno « El tren fantasma » (1927), pour piano, petit ensemble et électronique
    • Le présent oublié, pour quartett de jazz electrifié et spatialisé
    • Re-partita /// post-ludio, pour violon, piano et électronique
  • 2009 :
    • Matin calme pour piano
    • Adaptation de « Children's corner de Claude Debussy pour deux pianos
  • 2010 : Three tales of blues pour piano, violon alto et électronique
  • 2011 : 108 coups de cloches..., pour piano et électronique

Discographie sélective

  • Pourquoi tant de … ?, chez Leo Records (2011)
  • Sculpture de Muses, publié par la Collégiale Saint-Martin d'Angers (2012)

Notes et références

  1. Clovis, Jeanne d'Arc au bûcher, Déambulation méditative, Puisse la lumière, quatre volets pour accompagner les nouveaux éclairages de la cathédrale, avec la chanteuse Armelle Orieux
  2. Les étoiles 2011 de Culture Jazz, culturejazz.fr
  3. Compte-rendu de concert à Angers, collegiale-saint-martin.fr
  4. Site du projet Contemprovisations, alainbonardi.fr
  5. Interview par Agnès Jourdain, pianobleu.com
  6. peut-être à mettre en rapport avec celui du poète Jean-Pierre Verheggen

Liens externes


Écoute

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