Kaze no Ryu Bugei

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La Kaze no Ryu Bugei[1] est une école d'arts martiaux historiques du Japon féodal .

En japonais, Kaze signifie vent, ryu signifie école ou style, bu signifie guerre et gei signifie art. Kaze no Ryu Bugei signifie donc « l'école des arts de guerre du style du vent ».

L'originalité de cette école tient d'une part au peuple qui lui a donné naissance, les Shizens, un peuple aïnou originaire d'Hokkaido et d'autre part à la richesse du patrimoine transmis tant culturel (Sumi-e, Chanoyu, Ikebana...), spirituel (une religion chamanique appelée E-Bunto ou O- chikara en Japonais) que martial (Taijutsu et Kobujutsu).

Au sein de l'école Kaze no ryu, les techniques créées pour les champs de bataille ou les situations d'agression de l'époque féodale sont enseignées avec le souci permanent de les accompagner d'une contextualisation historique et anthropologique qui leur donne tout leur sens. Les aspects culturels et spirituels font l'objet d'un enseignement séparé et peuvent -être étudiés pour eux-mêmes, indépendamment de l'apprentissage martial.

Histoire

La question des origines

Les arts martiaux asiatiques font traditionnellement l'objet d'une transmission orale dans le plus grand secret au sein de chaque école. Les origines plus ou moins légendaires sont fréquentes et il est par conséquent difficile d'établir des certitudes historiques quant à leur apparition. La tradition orale de l'école[2] fait remonter le développement du kaze no Ryu Bugei à la période Kamakura (1185-1333).

Les Shizens

Ce style aurait été créé par le peuple Shizen qui aurait vécu dans les forêts de l'île d'Hokkaido, au Nord du Japon. À cette époque, l'art aurait été désigné par l'expression Uchiu Shizen, ce qui signifie : « le domaine de la nature et de l'espace ».

Le peuple Shizen n'a fait l'objet d'aucune étude historique ou ethnographique[3]. D'après les représentants de l'école Kaze no Ryu ils seraient apparentés aux aïnous, considérés comme les premiers occupants du Japon, et qui furent refoulés vers le Nord de l'archipel au cours du premier millénaire av. J.C. par des envahisseurs venus de Corée et d'Océanie[4].

En dehors de leur langue, le shizen go, Il n'existe plus de traces des Shizens. Ils se seraient progressivement mélangés avec les peuples du Yamato, les ancêtres des Japonais actuels. En effet, entre les XVIe et XIXe siècle, les Japonais menèrent des politiques d'assimilation forcée sur les aïnous[5], ce qui expliquerait la disparition de toute trace liée à ce peuple Shizen réparti sur seulement quatre villages[6]. À partir du XIVe siècle, la tradition shizen aurait été conservée au sein des familles et à travers des écoles secrètes.

À partir du XIIe siècle, le peuple Shizen aurait été rejoint par des hommes insatisfaits du régime féodal japonais, des ronin, des fermiers, des guérisseurs qui auraient trouvé refuge dans des villages cachés dans la forêt. En contact direct avec la nature, ces gens auraient développé leur propre langue, le Shizen-go, leur religion, le E-Bunto et une tradition guerrière mêlant les techniques spécifiquement shizens, aux arts martiaux japonais. Il y aurait eu quatre villages occupés par les shizens : Kawa, Yabu, Tayo et Yama.

Le lignage Ogawa

Le Kaze no Ryu Bugei enseigné aujourd'hui par l'International Bugei Society a été transmis par le lignage Ogawa, qui descendrait du village shizen de Kawa. Yorike Mizuguchi qui changea son nom pour devenir Manabo Ogawa aurait été à l'origine de l'arbre généalogique de la famille Ogawa[7]. Ce nom qu'il prit (Ogawa: «ruisseau») était un hommage aux eaux du ruisseau du village de Kawa. Yorike aurait été prêtre et croyait au message des dieux comme forme originale de son élévation. Il aurait été reconnu par ses pairs comme kokeisha, c'est-à-dire successeur du lignage traditionnel du village de Kawa.

L'implantation du bugei au Brésil

La famille Ogawa immigra au Brésil dans les années trente, ainsi que le firent des milliers de leurs compatriotes[8]. En effet, l'immigration japonaise au Brésil fut très importante pendant cette période. Dès 1930, avec deux cent mille personnes, le Brésil était le principal pays d'accueil d'immigrés japonais au monde. La famille Ogawa débarqua à Portos de Santos, en 1935, puis s'établit comme fermiers dans l'État du Paranà . À la fin des années trente, le représentant le plus élevé du lignage, se nommait Saburo Ogawa, père d'Hiroshi Ogawa, qui allait jouer un rôle de 1er plan dans l'enseignement du Bugei au Brésil. Cependant, dans un premier temps, la famille Ogawa se contenta d'enseigner le kenjutsu aux membres de la colonie.

Ogawa Ryu

La fin de la seconde guerre mondiale eut d'importantes répercussions au sein de la communauté japonaise du Brésil et impliqua personnellement Hiroshi Ogawa. En effet, le Japon dû capituler devant les États-Unis et l'idée même de la défaite dans un pays qui valorisait au plus haut point la tradition guerrière entraîna la création d'une secte nationaliste japonaise, la Shindo Renmei, qui entreprit de purifier la colonie en tuant tous les colons qui acceptaient l'idée de la défaite. Pour ces ultras nationalistes, la capitulation du Japon n' était que de la propagande américaine.

Avec l'apparition de cette secte de fanatiques, Hiroshi Ogawa créa et enseigna des techniques rapides de self-defense destinées aux immigrés japonais. Ogawa sensei était par ailleurs un expert en jujutsu. Outre la transmission des seiteigatas, en particulier ceux spécifiquement Shizens du Mugen mukeru, il développa de nombreuses techniques au sein de cet art pluriséculaire. Il donna ainsi son nom à un courant («Ha» en japonais) au sein de l'école appelée dès lors Kaze no Ryu Ogawa Ha ou plus simplement Ogawa Ryu[9]. Pourtant, peut-être à cause d'une forme de xénophobie à l'encontre des émigrés, les maîtres japonais du Bugei mirent plusieurs années avant de reconnaître Hiroshi Ogawa comme une des plus hautes autorités du Jujutsu[10].

Enseignement et conservation du Bugei

À partir de 1952, Hiroshi Ogawa accepta qu'un petit groupe se constitue afin d'étudier la tradition guerrière de sa famille. À partir de 1978, une fois reconnues hors du Brésil les compétences d'Ogawa Sensei, les japonais commencèrent à venir étudier auprès de lui et sa connaissance des traditions guerrières féodales impressionnèrent plusieurs autorités du Bugei. Hiroshi Ogawa se lança alors dans un vaste projet visant à créer une sorte d'université ayant pour objectif de conserver la culture japonaise traditionnelle. Il profita de sa réussite sociale pour organiser des cours et des séminaires avec des experts japonais de toutes les disciplines tant culturelles, spirituelles que martiales[10]. C'est pour cette raison que la Kaze no ryu Bugei comprend et enseigne aujourd'hui jusqu'à trente disciplines, plus quelques autres de manière simplifiée. C'est cette tradition pluriséculaire qui est aujourd'hui enseignée par Shidoshi Jordan Augusto formé aux disciplines du Bugei dans l'état de Goias au Brésil auprès de Kazuo Ogawa, le frère d'Hiroshi Ogawa et Kibashi Hirayama. Shidoshi Jordan Augusto reçut son grade de maître des mains d'Hiroshi Ogawa lui -même[11].

Présentation de l'école Kaze no Ryu Ogawa ha

Le système des grades

Les écoles traditionnelles d'arts martiaux japonais ont en commun un système de progression formé de trois niveaux[12], c'est aussi le cas de l'école Kaze no Ryu[13] :

-Le niveau shoden qui signifie tradition de départ : ce niveau comprend les grades de seito (élève), shidoin (instructeur), uchi-deshi (disciple interne) et se termine par l'examen de sensei (professeur).

-le niveau chuden qui signifie tradition interne : ce niveau est étudié à partir du grade de sensei et se termine par l'examen de Shidoshi (maître).

-le niveau okuden qui signifie tradition profonde : ce niveau est étudié à partir du grade de Shidoshi.

Avant d'aborder ces trois niveaux, l'élève est en observation pendant un an, il est kohai. Les écoles guerrières étant secrètes dans le passé, seule la tradition de départ était montrée au public. La tradition interne et la tradition secrète restaient réservées à des disciples sévèrement sélectionnés.

Les disciplines enseignées

Le terme bugei recouvre toutes les disciplines qui sont concernées de près ou de loin par l'art de la guerre, que ce soit d'un point vue technique, stratégique ou culturel.

Les disciplines physiques

Le terme koryū bujutsu désigne les arts de guerre des écoles anciennes.

Ces disciplines sont transmises à travers des seiteigatas qui constituent le lègue intangible du passé. Sei signifie correct en japonais et gata ou kata, signifie le moule, la forme. Chaque seiteigata, composé de cinq à dix séquences de combat exécutées à deux, enseigne des principes et des techniques dont les secrets sont dévoilés au fur et à mesure de la progression.

Pour chaque discipline, les seiteigatas sont classés généralement par groupe de cinq : ippon me, nihon me, sanbon me, yohon me, gohon me.

On peut diviser les koryū bujutsu en deux catégories:les disciplines du taijutsu et les disciplines du kobujutsu[14]

Le taijutsu

Le taijutsu signifie les arts du corps. Il recouvre l'ensemble des disciplines de combat à mains nues.

Ces disciplines sont :le Kumiuchi, le Jūjutsu, l'Aïkijūjutsu, le Kenpō, le Koppōjutsu, haragei, Suiren

Le kobujutsu

Le kobujutsu signifie le vieil art de la guerre et désigne le travail des armes.

Les disciplines du kobujutsu sont : Kenjutsu, Iaijutsu, Battojutsu, Yarijutsu, Naginatajutsu, Jojutsu, Bojutsu, Tanbojutsu, Tantojutsu, Kusarijutsu, Kyujutsu, Tessenjutsu, Shurikenjutsu, Kankyojutsu, Bajutsu, Heiho, Hojōjutsu, Jittejutsu, Kakuto no bujutsu, Sutekkijutsu.

Les disciplines culturelles

Les disciplines étudiées sont : Taiso, reigi to Saho, Shodo, Sumi-e, Ijutsu, Kussajutsu, Doshu no jutsu, Chano yu, Bonsaï, Ikebana, Origami.

Références

  1. « Bujutsu a arte e o spirito da guerra»Augusto Jordan Galende Julianna, ouvrage en Portugais, édité au Brésil.On y trouve l'histoire du Japon, les principaux aspects culturels, l'historique du bugei et de l'école Kaze no Ryu ainsi qu'une présentation de tous les bujutsu.En Français, on peut lire des articles approfondis sur cette école d'arts martiaux restée longtemps confidentielle, dans la revue «Budo International » n°186 de mars 2012 et n°266 de novembre2013 ainsi que dans la revue «Karaté-bushido«n°394, mars 2012.
  2. « Bujutsu a arte e o spirito da guerra » Augusto Jordan & Galende Julianna.
  3. « Budo International Martial Arts Magazine » :De nombreux articles exposent les origines Shizen de l'école telles qu'elles ont été transmises par le lignage Ogawa dans la revue «Budo International» notamment dans les numéros de mars 2014 et juin 2014.
  4. Dictionnaire encyclopédique d'histoire le « Mourre », Bordas
  5. Nouvelle histoire du Japon, France, Perrin, , 627 p., p. p 463 
  6. « Budo International Martial Arts Magazine » Voir l'article de Budo international de juin 2014.
  7. L'arbre généalogique de la famille Ogawa mais qui ne remonte pas jusqu'à Yorike Mizuguchi [1]
  8. Center for Japanese -Brazilian Studies http://www.cenb.org.br/cenb/index.php
  9. Des explications plus détaillées sur le site de la société brésilienne de bugei [2]
  10. 10,0 et 10,1 « Budo International Martial Arts Magazine » Voir l'article de Budo international de novembre 2013.
  11. Sur le bugei dans l'état de Goias
  12. Un excellent exposé du système traditionnel des grades dans Chroniques martiales par Henry Plée 10°dan, BUDO éditions 2002
  13. [3]
  14. Ces divisions sont exposées dans la revue «Karaté-bushido«n°394, mars 2012.

Voir aussi

Bibliographie

  • «Bujutsu a arte e o spirito da guerra» Augusto Jordan & Galende Julianna, ouvrage en Portugais, 2005.
  • «Chroniques martiales» par Henry Plée 10°dan de Karaté, BUDO éditions 2002
  • «L'art ultime et sublime des points vitaux» par Henry Plée 10°dan de Karaté, BUDO éditions 1998
  • Documentaire en anglais sur l'école [4]

Liens externes

  • Site officiel Kaze no Ryu Europe [5]

Article publié sur Wikimonde Plus

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