Louise de Luxembourg
Louise de Luxembourg (1567 - 1647), dite aussi Louise de Brienne, fille de Jean de Luxembourg, comte de Brienne d'une part et de Guillemette de La Marck, elle même fille de Robert IV de La Marck, duc de Bouillon et Maréchal de France, et de Françoise de Brézé comtesse de Maulévrier, d'autre part.
Elle épouse en premières noces Georges d'Amboise d'Aubijoux dont elle devient la veuve sans postérité. En secondes noces, elle épouse en 1599 Bernard V de Béon du Massés, cadet de la maison de Béon, au terme une grande carrière militaire qui le conduit aux plus hautes charges de la couronne (Lieutenant général pour le roi de plusieurs gouvernements de provinces, conseiller du roi en ses conseils d'Etat et privé) et dont elle eut deux enfants : Charles de Luxembourg-Béon et Louise de Béon, comtesse de Brienne à la mort de son oncle Charles de Luxembourg comte de Brienne ; cette dernière épouse en 1623 Henri-Auguste de Loménie.
A la mort sans héritier de son frère Charles de Luxembourg, son fils qui porte le même prénom, sur la base d'accords préalablement passés ajoute à son propre nom celui de sa mère. Trois prestigieux titres sont à transmettre : le duché de Piney, les comtés de Ligny et de Brienne. Au final, seul ce dernier passe aux Béon et sert à doter la fille de Louise qui le transmet ainsi aux Loménie.
Débute alors un interminable procès qui ne s'achèvera qu'un siècle plus tard en faveur des Montmorency au motif de la prescription. Ceux-ci basent leurs prétentions à la substitution de Luxembourg sur le fait qu'ils descendent d'une branche cadette de la maison, éteinte une génération plus tard. Ici s'affrontent deux conceptions du droit de succession dans la noblesse, les Montmorency évoquant des considérations fortement inspirées par la loi salique qui régit la succession de la couronne de France. D'un côté le droit de la femme noble unique héritière et pouvant transmettre... de le faire ; de l'autre la priorité aux collatéraux mâles avant la filiation féminine directe. Mais l'argument de poids est en réalité ici la faveur et le prestige dont bénéficie la Maison de Montmorency et qui finissent par lui donner l'avantage au détriment de sa petite rivale.
On assiste au final à une curieuse intrusion, voire manifestation, de l'absolutisme dans le droit successoral : à la fois par le rôle de modèle que tient ici la Maison royale mais aussi et surtout par la façon dont le pouvoir royal instrumentalise cette affaire pour gêner les vues d'une Maison influente dans le royaume en permettant que s'éternise l'affaire par des soutiens réguliers à la cause adverse - les Béon obtenant à plusieurs reprises, au milieu et à la fin du XVIIe siècle des Arrêts du Parlement qui leur sont favorables. Il s'agit bel et bien d'un moyen de pression contre les Montmorency dont le roi peut faire un utile usage.
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