André Duprat

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André Duprat, né en à Javerdat, dans le Limousin, est un poète français.

Biographie

André Duprat naît à Javerdat en Limousin en 1947. Après des études chaotiques, l’armée. 22 ans : aux griffes de l’asphalte, la vie privée de gestes. Malgré le verdict définitif de la tétraplégie, peu à peu, il ré-apprivoise la vie. L’aphorisme devient le maître de sa reconquête des signes, le dialogue avec les peintres lui permet de "métisser des vers et des liens". L’étang, son double, un creuset d’encre. Il vit et rêve de nouveau au pays de ses racines, à Saint-Junien où le Parc Bellevue accueille sur panneaux d’acier "corten" son texte Les ouailles rouges.

Prix au Mai Littéraire de Talcy.1996

Mandat des poètes signé par Pierre Béarn et ses amis 1997

En juin 2014, la SGDL lui attribue à l’unanimité la Bourse de création de Poésie Gina Chenouard pour Une Nostalgie nombreuse. Le prix lui a été remis le 6 novembre 2014 à l’occasion de la soirée des prix de la création littéraire contemporaine à l’hôtel de Massa. Discours de Sylvestre Clancier.

Participe au Printemps des Poètes à Oléron, Saint-Junien, Limoges, Paris ,Tours, au Marché de la poésie Paris, Rochefort...

Il est présent dans nombre de revues : A l’Index, A Littérature Action, Analogie, Décharge, Friches, Gros Textes, Jointure, L’estracelle, La Grappe, La sœur de l’ange, Levée d’encre, Lieux d’être, Phoenix, Poésimage, Pris de peur, Rémanences, Rétroviseur ...

Il entretient une proximité avec des peintres dont il préface les catalogues.

De grands écrivains tels Antoine Blondin, François Vignes, Jean Rousselot,Régine Detambel et autres préfacèrent et préfacent ses livres.


Bibliographie

Les livres :

  • L’assise et le recul Hors Serie Propos Vagabonds Entretiens André Duprat avec Colette Millet 2024 Ed.La Grappe
  • Les Rayons du blanc accompagnés de dix encres de Léo Verle Collection les plaquettes, 2023 Ed. A l’Index
  • Clin d’aile (suite) sur des éventails de Constance Fulda 2023 Quatrains de Stéphane Mallarmé, Aphorismes d’André Duprat, vers d’Etienne Orsini - Musée Stéphane Mallarmé Vulaines sur Seine
  • L’écho tiers, Feuillet d’album Aquarelle Léo Verle 2022 Le livre pauvre, Daniel Leuwers
  • La Nuit d’Étang (2018) Éditions Henry
  • Le banquet des absents (2017) Éditions Levée d'encre. Livre choral dirigé par François Vignes
  • Une nostalgie nombreuse (2017) Éditions Jacques-Brémond
  • L'onde lente (2014) Photographies de Laurence Toussaint et gaufrages originaux et encres de Patricia Sarne
  • La Main au ciel (2014) livre d'artiste de Jacques Lavergne accompagné des textes d'André Duprat et réalisé par le Moulin du Got (15 exemplaires)
  • Carnets de voyages NEW YORK et PARIS (2013) de Valérie Aboulker accompagnés des textes de Valérie Michel et d'André Duprat, Éditions Apeiron[1],[2]
  • Le Sophora terrassé (2012) illustrations de Sonia Achimsky. Éditions Jacques-Brémond
  • L'Étang unique (2012) Éditions Apeiron
  • Un Regain de traverse (2011) l'auteur écrit sur le travail de Jacques Bleny.
  • L'être auxiliaire (2010) avec six dessins de Ma Desheng, Éditions Gros Textes.
  • Les ouailles rouges (2010) Éditions ville de Saint-Junien
  • Le seigle et le pain blanc (2009) préface de Régine Detambel, Éditions Gros textes
  • Un pas de croix (2007) illustré par Elisabeth Lemaîgre-Voreaux, Éditions Jacques Brémond
  • Clin d'Aile (2006) sur des éventails de Constance Fulda, plaquette Éditions Musée de l'éventail
  • Une solide rêverie (2004) illustré par Sonia Achimsky, Éditions Transignum
  • Un Quart d'Ere sur le pouce (2004) illustré par Rodolpho Navarro, préface de François Vignes, Éditions Océanes
  • Les Copeaux d'Extase (2003) illustré par E. Lemaîgre-Voreaux, Éditions Jacques Brémond
  • Un lieu-dit de ce monde (2002) gravures de Florence Pelisson, Éditions Océanes
  • La Photo reprise (2001) illustrations de Florence Mouraux, Éditions Océanes
  • La sève versée (2001) encres de Co Millet, Éditions Jacques Brémond
  • L'indésir sombre (2001) illustré par Sonia Achimsky, Éditions Rafael de Surtis
  • La Part des âges (1999) sur 9 tableaux d'E. Lemaîgre-Voreaux, Éditions galerie Amourette
  • Onde nid d'onde (1998) illustration poétique de la Lutèce Briarde, 99 coffrets hors commerce
  • Les lignes du chemin (1998) illustrations de Sonia Achimsky, Éditions La Bartavelle
  • Le Tour de l'an "Almanach Aphoristique" (1998) Éditions La Bartavelle
  • Deux îles en une (1998) encres de Sonia Achimsky, Éditions Océanes
  • Les liens du temps (1997) préface de Jean Rousselot, Éditions Espace culturel de Melun
  • L'alpha, hors commerce (1995) Éditions Soleil Captif
  • Le lit des sentes (1991) Éditions La Bartavelle
  • L'étang choisi (1991) illustrations de Nadine Cosentino, Éditions Porte du Sud
  • Aphorismes & périls (1989) préface de François Vignes, Éditions La Table Rase
  • Comme un sol homme (1998) préface d'Antoine Blondin, Éditions Analogie
  • Un oubli en activité (1985) Éditions Saint-Germain-des-Prés
  • Vrac de l'âme (1983) Éditions Saint-Germain-des-Prés
  • La main apprivoisée (1981) Éditions Saint-Germain-des-Prés
  • Les eaux noyées (1981) Éditions Saint-Germain-des-Prés
  • L'empreinte des eaux (1980) Éditions Saint-Germain-des-Prés


Les préfaces:

Aphorismes & périls

Aphorismes & périls

« La compassion est la fierté des faibles » écrivait récemment une grosse légume de l’académie qui, en dépit de son nom, aurait plutôt tendance à faire dans le navet. Ceci prouve s’il en était besoin, que l’aphorisme n’est pas à la portée de tous : il faut dire court, supprimer les intermédiaires et, comme on le voit ici, il en reste bien souvent pas grand chose. Duprat, lui, n’entrera jamais à l’académie, l’azur ne pénètre pas dans les catacombes. Si vous l’apercevez un de ces jours, du côté du quai Conti, c’est tout simplement qu’il a rendez-vous avec Antoine Blondin dans un petit rade de quartier, un ancien café-charbon, où le sauvignon vous donne des ailes. Des ailes ? Contrairement aux apparences Duprat n’en manque pas. Il faut le voir dans son fauteuil roulant dévaler les rues de Melun ! Si la vitesse était réglementée sur ce genre d’appareils il y a longtemps qu’il serait assigné à résidence. Faut dire que depuis son accident, il aurait plutôt tendance à jeter ses limites aux sorties. En ces temps où la bonne forme et la belle santé n’ont d’égales que les pensées flasques de ceux qui les affichent c’est plutôt rassurant d’avoir un handicap, cela met de la distance. Et pour la distance Duprat en connaît un rayon, lui que sa différence précède jusque dans les yeux de celui qui ne le regarde pas. On le tient à l’écart, qu’importe : la réalité tombée du métier à médiatiser fait tapisserie. Pour le reste Duprat a trouvé le moyen de locomotion qui n’est plus d’époque : il pratique la pérégrination à dos d’âmes ; seul, sans le secours d’une religion dont il n’attend rien : on annonce dieu au départ les crosses gagnent à l’arrivée. Même si s’il ne cède pas à cette anomalie contemporaine qui consiste à s’agiter, à gagner du temps pour ne rien faire, Duprat écrit vite, dense, serré. L’aphorisme lui va comme un gant. Je le soupçonne cependant de s’ennuyer à faire l’écrivain. Il aime trop la vie. Comme Desnos, Duprat écrit pour donner rendez-vous. Celui auquel il nous convie est une invitation à prendre nos distances avec nous -mêmes, pour mieux nous connaître. A vos risques et périls, lecteurs, ses aphorismes, sont à l’image de son moyen de locomotion : comme le fauteuil roulant ils déplacent les sens de gravité

François Vignes


Comme un sol homme

Comme un sol homme

L’apparition d’un nouveau poète m’émerveille, elle prolonge la création du monde, ajoute une province à notre patrie intime. Le voile que soulève aujourd’hui monsieur André Duprat sur des paysages, des visages ou des corps surpris, nous révèle qu’il y avait là des secrets encore méconnus et nous en suggère des clefs de sa façon. Un domaine nous est livré où nous avançons en terre et en chaire étrangère. J’évoque , une fois de plus, la ‘naissance’ bien qu’André Duprat ne soit pas né d’hier, puisqu’il a quarante ans et publie son sixième recueil .Il étonne l’œil des populations laborieuses devant son visage apparemment burine par le farniente. Peut-être ne savent elles pas déchiffrer sur le front aristocratique de Duprat l’auréole mélancolique des chefs d’œuvre toujours interrompus. Au delà des techniques singulières , les opérations de l’art semblent s’aligner sur celles de la mémoire : fixer, conserver, reproduire. Tout bien considéré, il n’est rien qui nous soit familier dans ce qui a retenu le regard d’André Duprat. Mais précisément, ici l’important est moins dans la chose regardée que le regard lui même. L’œuvre fait plus encore que flatter la sensibilité, elle éveille la vocation de l’explorateur. Elle se veut un moyen d’investigation d’un univers où les objets et les êtres se trouvent piégés dans leur éternité fugitive. Elle fait vibrer ce qui s’offre figé et capture ce qui bouge. Les propos de l’auteur sont, avant tout, le dépôts des spontanéités. Il reste que l’expression de Monsieur André Duprat rend un diapason tout à fait particulier, l’écho d’une fraîcheur instinctive greffée sur une fidélité à un terroir. Elle traduit un Homme.

Antoine Blondin

https://souvenirsanalogiques.blogspot.com/2016/03/revue-analogie-n-15-comme-un-sol-homme.html

Les liens du temps

Les liens du temps

Entre l’aphorisme tenu pour un genre en soi et le poème bref, exigeant jusqu’à l’ascèse et volontiers sentencieux, la distance est fort mince. A preuve, l’œuvre d’André Duprat ou, parfois, l’on passe de l’un à l’autre, dans les deux sens, sans quasiment s’en apercevoir, d’autant moins que la disposition typographique -brèves lignes inégales, réduites çà et là à un seul mot- reste la même.

Je pense particulièrement ici à la succession de distiques et de tercets qui, dans Aphorismes & périls (1989), inaugure une série intitulée Lampe à douter. D’une part, parce qu’André Duprat, soudain moins ‘aphoriste’ que d’ordinaire, mais tout aussi concentré verbalement, y traite comme par avance le thème de L’Etang Choisi (1991), recueil de poèmes à proprement parler. D’autre part, parce que le doute produit par cette lampe sera l’un des sentiments majeurs entretenus par l’auteur dans Le Lit des Sentes (1991) recueil exclusivement aphoristique celui-là.

Une autre preuve de la continuité de son inspiration nous est fournie par André Duprat qui, dans L’Etang Choisi, nous dit: « je reprends de l’étang » et, dans Le Lit des Sentes : Afin d’apaiser l’appétit de vos encouragements / vous reprendrez bien un peu de mes limites

Personnellement, je reprendrai toujours volontiers ‘du’ Duprat. Comme je reprends du Char, du La Rochefoucault ou du Chamfort…

Pour m’arrêter un peu sur ce dernier, fit-il ou non œuvre de poète en disant : « il faut que le cœur se brise ou se bronze » ? Je pense que oui, les glissements phonétiques qui se produisent d’eux-mêmes ou que l’on provoque faisant assurément partie de la panoplie poétique. André Duprat est expert en la matière. S’il a relevé l’obstacle de l’infirmité en montant une écurie de mots, il a si bien apprivoisé ceux-ci qu’ils jouent entre eux au moindre signe. Ainsi a-t-il ‘pignon sur ruse’ et ‘clé à moëlle’ et la ‘langue’, outre parler, se prête-t-elle à certain plaisir. Le Max Jacob des manèges qui déménagent n’est pas loin, ni sa foi dans les vertus métaphysiques du calembour. Témoin cet aphorisme-poème :

Ils n’étaient pas là / Yahvé Allah les autres / malgré mes si

le ‘messie’ étant arrivé pour d’aucuns et non pour tous (ici ‘laïque, là catho’) et le signe de l’homme qui « doute » mais veut bien supposer l’existence d’un dieu, étant assurément digne de considération.

Maints autres textes de cette valeur seraient à citer.

Je terminerai sur celui-ci :

L’infirme qui tient sur ses vestiges des propos appuyés se relèvera.

Relevé, André Duprat l’est déjà, me semble-t-il , par la force vive et l’extrême dignité du langage qu’il nous tient.

Jean ROUSSELOT Poète,romancier,critique.

https://www.leshommessansepaules.com/auteur-Jean_ROUSSELOT-148-1-1-0-1.html


Le seigle et le pain blanc

Le seigle et le pain blanc

André Duprat est un poète du corps. Plus précisément, de la chair, en tant qu’elle est ce qui en lui s’éprouve, se souffre, se subit, se supporte soi-même et jouit parfois aussi de soi-même. Et même si le corps du poète dit « une main pendue à un bras mort » et «  l’absence de pas «, son moi poétique pense de tout son corps, sa feuille fait corps avec sa chair. Tant il est vrai que le corps n’est pas sauvage, nu, franc, premier, primitif : c’est une fiction matérielle qu’a bâtie une langue.

Duprat est poète, c’est-à-dire qu’il dépasse sa finitude en créant. Travailler la poésie semble réellement pour lui nouvelle création de lui-même, par lui même, auto-engendrement, refondation de soi. Décision de se mesurer à soi-même dans son explication avec la vie. Sursaut éthique : traduire ‘la douleur en souffrance / Sans maudire ni dire mot’. Travail de soi sur soi, contre le désespoir . Françoise Dolto disait : « Si on survit, c’est qu’il y a de quoi ! » C’est dans le passé composé parfait de la poésie que Duprat trouve ce ‘de quoi’.

Pour Van Gogh, le sujet du verbe créer était bien aussi l’expérience du désespoir. En 1883, Vincent écrit à Théo : « J’ai, moi aussi, des moments de grande mélancolie, mais, je le répète [il faut] continuer même quand on sent que ce n’est pas possible[...]Il n’est pas question de lâcher ou de perdre courage. C’est le moment, au contraire, de saisir au cœur la calamité, d’adopter énergiquement le même principe qui vise à vouloir planter en direction montante, dans un meilleur terrain. » Alors Duprat écrit depuis ce meilleur terrain, c’est-à dire depuis sa chair. Mais ce corps de chair n’est ni le corps matériel ni le corps organique. Non plus le corps qui court et bouge : on sait que, contre les angles rugueux du monde, Duprat a abandonné cette défroque. Il dit le corps en tant qu’il souffre de son absence, le long de sa route de soi rouge feu. Il dit la chair créatrice. Federico Garcia Lorca disait que le « duende blesse et c’est dans la guérison de cette blessure, qui ne se referme jamais, que se trouve ce qu’il y a d’insolite, d’inventé dans l’œuvre d’un homme». Il dit aussi : « le duende aime le bord de la blessure. »

Duprat traduit le fond des choses, l’envers de la face, du visage, la chair dont tout sort,au plus profond même du mystère, la chair en tant qu’elle informe, ou que sa forme, par soi-même, est quelque chose qui provoque l’angoisse. Aphorisme & périls. Vision d’angoisse, dernière révélation du tu es ceci __Tu es ceci qui est le plus loin de toi, ceci qui est le plus informe. Duprat a pris conscience qu’il écrit depuis cette peau blessée qui a rappris le monde à sa place. La narration fait pli, l’histoire a la passion des blousants. Et chaque matin, le poète continue sa mise à plat entre deux feuilles. Le seigle et le pain blanc fait autoréparation infinie. Autorésurrection infinie dans la ‘clarté chronique’ d’une réverbération. Chaque matin, s’engendrer. ‘Traduire l’euphorie’. Devenir invieillissante, inusable, inaltérable. A chaque jour, sa suture heureuse...

Régine Detambel.


les Anthologies :

Mini Antho supplément revueTraces 1989, MF Lavaur Mille poètes, mille poèmes : brefs MF Lavaur, 1997. Ed. L’arbre à Paroles Anthologie Longs-couriers Centre d’animation de Cognac, 2006 Ed. Expression Culturelle Editeur Du pays et de l’exil Abécédaire de la littérature du Limousin, Laurent Bourdelas post face Pierre Bergounioux, 2008 Ed. Les Ardents Le banquet des absents, 2017 Ed. Levée d’Encre



Notes et références

https://bfm.limoges.fr/publications/la-main-au-ciel


Liens externes

https://data.bnf.fr/ark:/12148/cb119012281

Article publié sur Wikimonde Plus

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